À San Francisco se développe un «marché noir» des places de stationnement. Les automobilistes ont commencé à sous-louer la leur. Et ce, grâce à une application nommée «MonkeyParking». Cette application permet de refiler à un tiers une place de stationnement dont on n’a plus besoin. On affiche l’emplacement et on attend dans son véhicule que l’acheteur arrive. Évidemment, ces places sont revendues à des prix prohibitifs.
Une autre application, ParkModo, prévoit payer des gens 13$/heure pour bloquer une place de stationnement jusqu’à ce que quelqu’un la loue.
MonkeyParking repousse d’un cran le concept d’économie collaborative. Louer la place de stationnement associée à son domicile lorsqu’on ne l’utilise pas, c’est rentabiliser l’investissement qu’on a fait en achetant sa résidence. C’est connu, une maison assortie d’un stationnement coûte plus cher. Louer celle-ci lorsqu’elle est inutilisée équivaut à louer sa tondeuse ou sa déneigeuse lorsqu’on ne s’en sert pas. Cela relève du gros bon sens.
Mais, sous-louer sa place de stationnement public c’est autre chose. Cela s’apparente plutôt à un geste de désobéissance civile. Une façon de protester contre un déficit de places de stationnement, par exemple.
« À San Francisco les automobilistes sous-louent leur place de stationnement public. Économie collaborative ou désobéissance civile? »
Pareille désobéissance est possible parce qu’il existe des sites et des applications facilitantes. Certains citoyens y avaient peut-être déjà songé, mais passer à l’acte s’avérait trop compliqué.
Et sous-louer son appartement via airbnb, est-ce du gros bon sens ou de la désobéissance civile?
La loi ne permet pas de sous-louer son appartement pour une période inférieure à 30 jours. Or, la majorité des appartements offerts sur des sites comme airbnb proposent des locations aussi courtes qu’une nuitée. Ces sites contreviennent donc à la loi.
Gros bon sens ou désobéissance civile?
Entre le gros bon sens – réduire la consommation inutile en partageant des biens – et la désobéissance civile, le spectre est large. Sous-louer un appartement plutôt que louer une chambre d’hôtel permet souvent une expérience de voyage plus authentique. C’est aussi une façon de dire aux hôteliers que leur offre ne répond pas à nos besoins. Mais, cela peut troubler la quiétude des voisins, et parfois, mettre en péril leur sécurité. Sans compter le casse-tête des assurances en cas de bris.
Et les taxes dont la ville est privée.
On peut sourire en songeant à la créativité des citoyens de San Francisco et des développeurs d’applications. Elle ne connaît visiblement pas de limite. D’autres dénonceront plutôt leur culot. Mais de telles expériences ne disparaîtront pas. L’occasion fait le larron. Et des occasions, il y en aura de plus en plus grâce aux percées technologiques, surtout du côté du mobile.
Cette histoire de sous-location de places de stationnement met en évidence l'urgence que le monde des startup, les citoyens et les autorités réglementaires s’assoient à la même table. Les uns pour parler de leurs besoins. Les autres de leurs mandats et responsabilités. Une ville ne peut pas être laissée aux mains des développeurs d’applications ni des caprices des citoyens. Mais les entreprises et les citoyens ne peuvent être tenus en arrière par des lois vétustes qui ne tiennent pas compte des nouvelles réalités technologiques, commerciales et sociétales. Ou par les réflexes protectionnistes des entreprises qui refusent l'évolution et la concurrence.
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