Il faut trouver des consommateurs. On a essayé les boomers, les parents, les femmes, les ados. C'est maintenant au tour des gais. Ce n'est pas nouveau. J'ai écrit un article sur le sujet pour Commerce dans les années 90. La manne, et le mythe, de tous ces gais super-riches, super-éduqués et super-dépensiers fait saliver détaillants, restaurateurs, voyagistes, planificateurs financiers, alouette!
Je n'ai rien contre le fait que l'économie tourne, au contraire. Nous vivons dans un système capitaliste et il faut nourrir la bête. Mais j'en ai toujours eu contre la ghettorisation. Les femmes veulent ceci. Les ados veulent cela. Les boomers préfèrent ceci.
Côté pile, comme consommateur vous recevez des services conçus sur mesure pour vous. Ce qui peut être un plus. Je pense aux étages pour femmes dans certains hôtels ou aux taxis pour femmes en Inde par exemple, l'un comme l'autre permettent une sorte de sentiment de sécurité.
Côté face, par contre, on assiste à un nivellement grossier et artificiel. C'est ainsi que l'on perpétue les préjugés envers certains groupes: tous les boomers sont riches, toutes les femmes de carrière entrent tard chez elles et n'ont pas le temps de cuisiner, tous les ados s'expriment comme des hommes de Cro-Magnon, etc.
ll nous faut des riches, ce seront les gais.
Ce matin, Les Affaires nous apprend la création d'un fonds de couverture gai qui se spécialisera dans les produits de consommation dont les gais sont friands.
Le Huffington Post ,pour sa part, nous informe qu'en mai prochain des studios de Bollywood (l'équivalent indien de Hollywood) sortira pour la première fois une production où deux hommes s'embrassent. Il faut savoir qu'il se produit plus de films à Bollywood qu'à Hollywood. Des films reconnnus pour leur côté conservateur et bon enfant. Voilà donc une vraie première qui risque fort d'attirer l'attention et l'intérêt sur la communauté gaie.
Et, pour en rajouter, l'intention d'Obama de permettre aux militaires gais de sortir du placard donne lieu à des débats animés - lire les points de vue opposés de The Economist (pour) et The Weekly Standard (contre). Et qui dit débats dit mode.
On peut donc prédire que les gais seront " à la mode". Quand à en faire les nouveaux espoirs de la consommation ... il faudrait se rappeler toutes les âneries que l'on a véhiculées à propos des boomers qui devaient prendre leur retraite à 55 ans et dépenser comme des matelots saouls!