Le réflexe protectionniste nous appauvrit, mais...

Publié le 27/09/2016 à 18:10, mis à jour le 28/09/2016 à 06:42

Le réflexe protectionniste nous appauvrit, mais...

Publié le 27/09/2016 à 18:10, mis à jour le 28/09/2016 à 06:42

Le protectionnisme est présentement la menace la plus sérieuse à la compétitivité des États. Il affecte la productivité et, par conséquent, la croissance à long terme ainsi que les revenus futurs. C’est l’un des trois constats de la 10e édition du «Global Competitiveness Report», publié depuis 2007 par le Forum économique mondial. Le FMI abonde dans le même sens.

Il incite les États à se pencher sérieusement sur le sort des chômeurs économiques. Pourquoi? Leur frustration alimente le mouvement protectionniste. Le FMI insiste: pour désamorcer le réflexe protectionniste, il faut former ces chômeurs, leur donner rapidement de nouvelles perspectives de carrière. Rappelons que madame Clinton aussi bien que monsieur Trump sont tous deux opposés au Partenariat Trans-Pacifique signé par le président Obama.

Je me suis entretenue avec Daniel Gomez, qui dirige la recherche sur la compétitivité au Forum économique mondial. Le «Global Competitiveness Report» évalue chaque année les facteurs et les institutions qui influencent la productivité des États. Il a établi trois grandes catégories :

1- les besoins de base;

2- les accélérateurs d’efficacité (éducation supérieure, arrimage offre et demande d’emplois, taille du marché, etc.) ;

3-l’innovation et la sophistication en affaires (qualité des gestionnaires, internationalisation des firmes, réglementation de la propriété intellectuelle, qualité de la recherche scientifique, etc.).

Outre l’impact négatif du recul du commerce international(-3% par année depuis 2012), ce rapport présente deux autres constats principaux.

Il reste trop de goulots d’étranglement

Les États doivent mettre leur maison en ordre. Les politiques fiscales et monétaires implantées depuis la crise financière de 2007 et la récession de 2009 ont donné de bons résultats à court terme. Mais cela ne suffit pas à relancer la compétitivité de façon durable. Des mesures micro-économiques s’imposent. Les goulots d’étranglement sont encore trop nombreux.

«C’est toute la différence entre stimuler la demande (politiques macro-économiques) et stimuler l’offre (politiques micro-économiques). Il faut, entre autres, permettre à de nouveaux secteurs d’émerger pour générer de nouvelles sources de croissance», souligne l’économiste Daniel Gomez.

La technologie et l’innovation sont devenues incontournables

Ici on peut établir un lien avec le commerce entre les États. «Il existe une forte corrélation entre d’un côté le niveau de sophistication technologique et managériale et l’innovation et, de l’autre, le revenu d’un pays, note Daniel Gomez. Or, on constate que les développements technologiques et l’innovation sont accélérés dans les États où les capitaux et les biens étrangers ainsi que les gens circulent plus facilement.»

Reste l’enjeu majeur de la distribution des revenus et de l’inclusion, rappelle Daniel Gomez. L’ouverture du commerce augmente de façon générale les revenus d’un État. Mais tous les citoyens ne profitent pas également de cette manne. Si les États ne revoient pas leurs mécanismes de redistribution, ils affronteront une opposition populaire croissante au commerce international.

Qu’en est-il de la compétitivité canadienne?

Le Canada occupe le 15e rang du classement. Il a glissé de deux positions.

Ce qui a fait perdre des points au Canada:

-Le favoritisme exercé par les institutions gouvernementales et leurs fonctionnaires ;

-Une taxation trop élevée qui freine l’investissement.

-Un ralentissement de l’innovation. «Il faut se soucier de ce ralentisssement, car le Canada est un pays à revenu élevé dont la compétitivité repose de façon importante sur l’innovation», souligne Daniel Gomez.

-Un glissement du niveau de sophistication managériale.

Et la compétitivité américaine?

Les États-Unis conservent 3e rang de ce classement pour la 3e année consécutive. Toutefois, une analyse plus fine révèle un fait préoccupant: ce pays glisse du côté de l’éducation primaire et des soins de santé. «Les États-Unis doivent investir dans les besoins humains fondamentaux», conclut Daniel Gomez

Les 10 économies les plus compétitives

1- Suisse

2- Singapour

3- Etats-Unis

4- Pays-Bas

5- Allemagne

6- Suède

7- Royaume-Uni

8- Japon

9- Hong Kong

10-Finlande

 Les 10 économies dont la compétitivité a le plus progressé depuis l’an dernier

Inde, rang 39 (a gagné 16 rangs)

Albanie, rang 80 (a gagné 13 rangs)

Jamaïque, rang 75 (a gagné 11 rangs)

Bhoutan, rang 97 (a gagné 8 rangs)

Malte, rang 40 (a gagné 8 rangs)

Panama, rang 42 (a gagné 8 rangs)

Botswana, rang 64 (a gagné 7 rangs)

Georgie, rang 59 (a gagné 7 rangs)

République Dominicaine, rang 92 (a gagné 6 rangs)

Mexique, rang 51 (a gagné 6 rangs)

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