Le Dieselgate de Fiat Chrysler, c'est plus qu'un enjeu éthique

Publié le 13/01/2017 à 15:15

Le Dieselgate de Fiat Chrysler, c'est plus qu'un enjeu éthique

Publié le 13/01/2017 à 15:15

Par Diane Bérard

Nouveau «Dieselgate» : Fiat Chryler aurait, tout comme son concurrent Volkswagen, faussé le contrôle des émissions de gaz polluants dans plus de 100 000 véhicules diesel aux États-Unis. Ceci ne sera pas un blogue sur l’éthique. Je profite de ce dieselgate pour vous parler de perte de productivité et de réduction de la mobilité de la main-d’oeuvre. Deux effets pervers de la concentration. Fiat Chrysler et Volks opèrent dans des industries où il y a peu de gros joueurs. Le dieselgate est une illustration parfaite de ce qui arrive lorsqu'un petit nombre d’entreprises fait la loi.

«Lorsqu’un secteur vit de la concentration, on observe une uniformisation des pratiques entre les entreprises, commente l’économiste Ianik Marcil. C’est normal. Plus vous avancez, plus vous raffinez vos techniques et vos stratégies. Il n’y a pas 50 manières plus efficaces de faire les choses. » Et lorsqu’aucune stratégie légale ne fonctionne… il reste la tricherie!

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Lorsqu’un secteur compte peu d’organisations, celles-ci uniformisent aussi leurs pratiques de ressources humaines (RH) et de rémunération, explique cette étude du Council of Economic Advisors (CEA) de la Maison-Blanche. Ce document constate que, dans de nombreuses industries, le marché du travail est devenu un monopsone. Un monopsone est un univers où il y très peu d’acheteurs pour un produit. Ici, le «produit» dont il est question c’est la main-d’œuvre. Plusieurs secteurs comptent de moins en moins d’employeurs constate le CEA. Ceux-ci offrent des conditions relativement semblables à leurs employés, en plus de leur faire signer d’importantes clauses de non-concurrence en cas de départ. «Dans ces secteurs, les employés sont coincés. S’ils quittent leur emploi, ils ne trouveront pas de meilleures conditions chez le concurrent, poursuit Ianik Marcil. Pire, ils ne trouveront pas d’emploi puisque l’entente de non-concurrence, signée à l’embauche, empêche de travailler dans le secteur pendant plusieurs mois.»

Aux États-Unis, on voit paraître des clauses de non-concurrence dans des secteurs autrefois à l’abri, comme les écoles à chartes. Le CEA soulève que même lorsqu’elles sont illégales, ces clauses ont un effet dissuasif sur la mobilité des employés. De plus, ces clauses qui attachent les employés à leur employeur ne sont pas compensées par une rémunération plus élevée.

Quand Volks et Fiat Chrysler copient la même stratégie…

C’est mauvais pour les employés

Les monopsones perpétuent la structure socio-économique en place. Les employés des secteurs où il y a concentration ont peu de chance d’améliorer leur situation, à moins de changer d’industrie, car tous les joueurs adoptent les mêmes pratiques de RH. Ceci n’a rien pour réduire les inégalités. Car, comme le soulève le rapport CEA, dans un univers de mobilité réduite, la main-d’œuvre la moins mobile est celle au bas de l’échelle.

De plus, les entreprises «monopsoniques» n’ont aucune incitation à innover en RH. «Regardez le secteur fragmenté du jeu vidéo, qui compte de nombreux petits joueurs. Ceux-ci offrent souvent des avantages particuliers, certains farfelus j’en conviens, pour attirer de nouvelles recrues», constate Ianik Marcil.

C’est mauvais pour l’économie

Si les employés ne sont pas mobiles, il n’y a pas de transfert de connaissances. Pas de sang neuf pour diffuser de nouvelles idées.

Les entreprises se sclérosent. «Les industries concentrées deviennent des industries paresseuses, avance Ianik Marcil. Les pratiques se cristallisent. On ne se remet pas en question. On ne se réinvente pas. C’est ainsi qu’on en arrive à tricher pour augmenter les marges bénéficiaires. Parce que rien ne nous distingue de nos concurrents.» Le Dieselgate soulève un enjeu éthique, mais aussi un enjeu économique et social.

 

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