Leslie Quinton, ex-vp com chez SNC, a 3 conseils pour le nouveau pdg de Toshiba
Toshiba, l’une des dix plus grandes sociétés japonaises, manipule ses résultats financiers depuis au moins six ans. La tête du pdg, des deux ex-pdg (devenus membres du CA) et de trois autres cadres supérieurs… elles ont toutes roulé. Le président du conseil assume désormais le rôle de pdg.
Cette histoire mérite qu’on s’y arrête. Résistons à la tentation de dire, « Bah! Un autre scandale financier, et après? »
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« Le pdg influence la conduite de tous par ses comportements, et non par ses paroles. Car il y a parfois contradiction entre les deux. »
Parmi les voix qui ont commenté sur l’affaire Toshiba, l’une a particulièrement attiré mon attention : celle de Leslie Quinton, ex-vice-présidente communications mondiales chez SNC-Lavalin. Leslie est demeurée en poste au plus fort de la tempête qui s’est abattue chez SNC-Lavalin. Elle a servi de rempart contre les journalistes et elle a défendu son employeur bec et ongles. Puis, elle est partie. Tout le monde atteint sa limite. Je sais que Leslie prépare un livre, chez un éditeur américain, destiné à ceux et celles qui se retrouveront dans ses souliers. Je le lirai avec intérêt.
En attendant ce livre, Leslie a publié un billet sur LinkedIn pour commenter l’affaire Toshiba. Ce billet n’est pas une vague opinion de "gérant d’estrade". C’est la mise en garde de quelqu’un qui sait très bien de quoi elle parle.
Quand les gestes de la direction contredisent son discours
Leslie Quinton est limpide : tout part de la direction. C’est le pdg qui influence, en bien ou en mal, le comportement de tous. Ses comportements, et non ses paroles (car il y a parfois contradiction entre les deux), dictent les gestes et les décisions quotidiennes des employés. L’ex-vp communications mondiales de SNC-Lavalin raconte que chez un « ancien employeur » la direction affirmait que « les employés passaient avant tout ». Pourtant, ajoute-t-elle, lorsque venait l’heure de se départir de certaines activités, une décision qui avait des répercussions sur le personnel, il était évident que le bien-être des employés n’était pas la priorité. Chaque entreprise peut choisir des priorités, ajoute Leslie Quinton. Mais que la direction soit honnête et ne proclame pas des priorités qu’elle n’a pas.
Le rapport du vérificateur indépendant affirme que c’est la culture Toshiba qui a mené aux manipulations comptables. Chez Toshiba, on ne conteste pas les ordres d’un supérieur. Même lorsque les cibles demandées sont irréalistes. Il ne reste qu’une avenue: donner au patron ce qu’il désire, peu importe la façon d’y parvenir. Ce qui explique des années de manipulations comptables, pour préserver la paix et les apparences. La direction demandait. La direction recevait.
3 conseils de Leslie Quinton au nouveau pdg de Toshiba
Leslie Quinton ne lance pas la serviette. Elle croit possible de tourner même un gros bateau comme Toshiba. Mais à certaines conditions…
1-Accepter les impacts négatifs sur le rendement, à court terme et pendant toute la durée le virage;
2- Ne pas se contenter de remplacer quelques cadres supérieurs. Aucun scandale n’est dû uniquement à cinq ou six personnes.Il s’est généralement installé un système soutenu par une culture;
3- La direction et le conseil doivent accepter que la voie juste (« the right way ») ne sera ni facile (« the easy way ») ni rapide. Et s’y tenir.
Que choisira Toshiba, la voie juste ou la voie rapide? Et quelle voie l’ancien employeur de Leslie Quinton a- t-il choisi ? Pour ses employés, souhaitons que ce soit la voie juste et qu’il persévère.
