BLOGUE. Depuis la mi-mars, le vent de la “révolution de la pomme de terre” souffle sur plusieurs cités grecques. Cette révolution, initiée par les fermiers de la ville de Katerini, consiste à court-circuiter les intermédiaires, pour vendre directement aux consommateurs. Exit les agents! Bye bye les épiceries!

Les Grecs achètent désormais leurs pommes de terre dans des stationnements. C’est là que producteurs et clients se donnent rendez-vous pour procéder aux transactions. Pour les consommateurs grecs, à qui l’on demande de se serrer de plus en plus la ceinture, cette façon de faire des affaires est une bénédiction. Quant aux producteurs, ils encaissent deux fois plus pour chaque kilo de pomme de terre que s’ils avaient vendu leurs tubercules à l’épicerie.

Les producteurs encaissent plus et, malgré tout, les consommateurs paient leurs pommes de terre moins cher que s’ils les avaient achetées à l’épicerie.

La formule plait et s’étend. Il semble qu’on vende aussi des olives et des oignons sans intermédiaire. Et l’on songe à appliquer cette technique de vente à l’huile, la farine et, peut-être, l’agneau pascal!

Au Québec aussi, on peut acheter des produits agricoles sans intermédiaire. Cela se fait depuis plusieurs années dans les marchés publics. Mais, il est aussi possible de s’abonner à des “paniers paysans”. Équiterre parle de “fermier de famille”. Il s’agit d’acheter directement ses fruits, ses légumes et même sa viande, d’un producteur local. Vous concluez une entente en début de saison, ce qui permet à l’agriculteur de planifier ses revenus et ses dépenses. Votre panier vous est livré une fois par semaine, ou aux deux semaines. Ou vous allez le cueillir dans un stationnement.

C’est en quelque sorte un retour à la situation qui existait avant l’implantation des chaînes d’approvisionnement. Avant que l’on développe un système avec des agents et des achats regroupés. Système issu d’un désir d’efficacité. Plutôt que d’aller chercher vos clients un à un, vous vendez à un intermédiaire qui les trouvent pour vous. Évidemment, cet intermédiaire tire un profit de l’opération. Tout comme le détaillant qui vendra vos produits. C’est ainsi que les prix grimpent, grimpent, grimpent…