Entrepreneurs sociaux, pour changer le monde recrutez un humoriste

Publié le 17/04/2015 à 14:30

Entrepreneurs sociaux, pour changer le monde recrutez un humoriste

Publié le 17/04/2015 à 14:30

Par Diane Bérard

Jack Sim, "Monsieur toilette", fondateur du World Toilet Organization

BLOGUE. Qu’est-ce qui fait vendre? Un bébé. Une blonde plantureuse. L’humour. Faites-les rire et ils craqueront.C’est ce que la productrice américaine Caty Borum Chattoo nous a appris aujourd’hui au Skoll World Forum on Social Entrepreneurship. Le rire nous incite à acheter des autos. Mais il peut aussi nous pousser à « acheter » une cause. Les entrepreneurs sociaux devraient recruter des humoristes.


« L'humour nous fait acheter des autos. La Fondation Gates montre qu'il peut aussi nous faire "acheter' une cause. »

C’est ce que le projet Stand Up Planet a démontré. Ce documentaire de deux heures suit l’humoriste indo-américain Hasan Minhaj en Inde et en Afrique du sud à la découverte des meilleurs humoristes. Dans leurs spectacles, ces humoristes abordent sans détour, et de façon déroutante pour un Occidental, les problèmes sociaux ainsi que la réalité quotidienne de leur peuple.On s’attarde particulièrement aux problèmes d’hygiène en Inde et au VIH en Afrique du Sud.

Stand Up Planet est une commande de la Fondation Gates. Cette fondation finance en partie les films de la maison de production de Caty Borum Chattoo. Alors que celle-ci venait de réaliser une série de documentaires faisant la mise au pied sur les objectifs du millénaire - huit objectifs de réduction de la pauvreté fixés par les Nations-Unies – la Fondation Gates a posé à Caty la question qui tue :

« Et si nos documentaires ne touchaient que les convertis? Il faut élargir le cercle, trouver une façon d’inclure ceux qui résistent. Ceux qui ne se sentent pas concernés par les grands enjeux de l’humanité. »

Expliquer les joies du camping aux Pakistanais

Évidemment, quand un bailleur de fonds fait une demande, on écoute. Caty et son équipe ont donc cherché une autre voie et, en s’inspirant de ce que font les entreprises à but lucratif, ils ont tenté l’humour. Et ça marche, affirme-t-elle. Les deux tiers des « résistants » qui ont visionné le documentaire ont affirmé que celui-ci avait soulevé leur empathie. Has« Lorsque vous citez des chiffres et des faits, vous parlez au cerveau, vous évacuez l’empathie chez celui qui vous écoute, explique Caty. Lorsque vous racontez une histoire, qu’elle est vraie et qu’elle est drôle, vous suscitez l’empathie. Et l’empathie mène à l’action. »

Laissez-moi vous donner deux exemples de blagues de Hasan Minhaj

« Comment voulez-vous que je raconte à mes cousins du Pakistan que nous allons camper pour le plaisir. Que notre divertissement consiste à coucher dans une tente sans eau et sans électricité… »

« C’est tout de même merveilleux. Les États-Unis est probablement un des seuls pays au monde où la nourriture tue. Essayez d’expliquer à un Indien que votre père est mort d’une maladie causée par la suralimentation… »

Monsieur toilette

Sur le même panel que Catu Borum Chatoo se trouvait Jack Sim, « Monsieur toilette ». Jack Sim est né à Singapour. Il a fait fortune dans le secteur de la construction. Rentier à 40 ans il s’est donné comme mission de vendre des toilettes aux plus démunis. Et il réussit plutôt bien, en misant sur l’humour.

« J’ai tout un défi. Je dois convaincre de gens qui sont parfaitement heureux de déféquer dans la nature an jasant avec leur voisin de pratiquer cette activité dans une pièce fermée qui dégage des odeurs. »

Mais il persiste car…

« La toilette est au centre de nos vies. Avouez que vous sommes tous plus heureux après y être allé. »

L’entreprise de Jack Sim de nomme World Toilet Organization (WTO). Le même acronyme que l’Organisation mondiale du commerce (WTO). « Je me suis dit qu’ils n’oseraient jamais me poursuivre. Et s’ils le faisaient, ce serait excellent pour ma notoriété ! »

Le Québec n’a pas vraiment de problème de toilette. Mais… compte tenu de notre énorme ratio humoristes\citoyens, je me dis que ça vaut peut-être la peine d’explorer l’idée d’en associer quelques uns à des entreprises sociales. Je suis convaincue que la première sociale québécoise qui s’associera à un humoriste gagnera de la visibilité. Qui osera essayer?

 

 

 

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