Entrepreneuriat: la «bullshit», l'audace et l'improvisation

Publié le 28/04/2016 à 15:48

Entrepreneuriat: la «bullshit», l'audace et l'improvisation

Publié le 28/04/2016 à 15:48

Par Diane Bérard

«L'improvisation c'est la rigueur», dit le directeur du développement de la Ligue Nationale d'Improvisation aux entrepreneurs

«You’ve got to fake it before you make it!» Barbara Corcoran, reine américaine de l’immobilier et dragonne à l’émission «Shark Tank»

J’ai interviewé Barbara il y a deux ans. Elle m’a raconté comment elle a flambé le premier chèque de son premier client sur un manteau de fourrure. Et ce, malgré le fait qu’elle traînait le diable par la queue comme nouvelle entrepreneure.

Moi - «Cette coquetterie était-elle nécessaire?»

Elle - «Ce n’était pas de la coquetterie! C’était une décision d’affaires. Il fallait me faire respecter, projeter une image de succès pour que les clients me fassent confiance et me confient des mandats.»

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Cette conversation avec Barbara m’est revenue à l’esprit hier, lors d’un panel de la «Grande rencontre des entrepreneurs de Montréal», organisée par la Jeune chambre de commerce de Montréal. Ce panel portait sur l’improvisation. Quel rôle joue l’improvisation en affaires? Et où se situe la frontière entre «bulshitter» et «faire preuve d’audace»?

Gros bureau et manteau de fourrure, même combat

Alexandre Taillefer, un des panélistes, y est allé d’une anecdote «barbaresque». Alors qu’il est aux commandes d’Intellia (devenue plus tard Nurun), il loue un énorme bureau. Un bureau du Vieux-Montréal bien au-dessus de ses moyens. Pour impressionner les clients. Ce local, c’était son manteau de fourrure. Le jeune entrepreneur apprend que Bombardier amorce une tournée de fournisseurs potentiels. Alexandre demande à ses amis d’apporter des chaises et des bureaux et qu’ils fassent de la figuration pour gonfler la taille d’Intellia, le temps de la visite de Bombardier. Ça fonctionne, Bombardier est impressionnée. Les contrats suivent.

Barbara Corcoran et Alexandre Taillefer ont-ils «bulshitté» ou ont-ils fait preuve «d’audace»?

Les deux. Ils ont improvisé pour réussir. Mais l’improvisation ce n’est pas du gros n’importe quoi, comme l’a si justement souligné l’autre panéliste, Laurent Dubois.

Laurent est directeur du développement corporatif pour la Ligue Nationale d’Improvisation (LNI). «L’improvisation c’est de la rigueur. Une bonne improvisation est superpréparée», résume-t-il. Un bon improvisateur voit des occasions là où d’autres voient des contraintes. Pour identfier ces occasions, il faut écouter, être disponible et se montrer flexible.

L'art de l'improvisation réussie

Le manteau de fourrure de Barbara et le gros bureau d’Alexandre auraient été de la «bullshit» s’ils avaient improvisé selon l’idée traditionnelle que l’on se fait de l’improvisation, soit du gros n’importe quoi, des gestes spontanés. Il me semble que ces entrepreneurs ont plutôt fait preuve d’audace, car l’un et l’autre semblent plutôt avoir improvisé selon la philosophie de la LNI: dans un cadre, avec des règles et une patinoire délimitée. Barbara avait mené de nombreuses études de marché. Elle connaissait le secteur de l’immobilier à l’envers et à l’endroit. Elle avait fait ses classes. Le manteau de fourrure c’était la touche finale, pas le début. Quant à Alexandre Taillefer, il connaissait la destination qu’il voulait atteindre. Le gros bureau n’était qu’un chemin pour s’y rendre.

Je vous laisse sur ce conseil de Laurent Dubois de la LNI

«Une improvisation réussie n’est pas un monologue. C’est l’art de savoir placer la bonne phrase au bon moment en travaillant avec ce que l’autre nous donne. Il faut lâcher prise et écouter.»

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