Égalité des genres: la pire année depuis 2008

Publié le 27/10/2016 à 13:35

Égalité des genres: la pire année depuis 2008

Publié le 27/10/2016 à 13:35

Par Diane Bérard

2016 s’avère la pire année pour la parité entre les hommes et les femmes depuis 2008. Le fossé -mesuré en termes économiques, politiques, éducatif et de santé- entre les genres se situe à 59%. C’est l’une des principales conclusions de la 11e édition du «Global Gender Gap», publié par le Forum économique mondial.

«On constate un ralentissement marqué des efforts consentis pour réduire le fossé entre les hommes et les femmes à l’échelle mondiale. Particulièrement au cours de trois dernières années», commente Saadia Zahidi, chef du comité sur l’éducation, le genre et le travail au Forum économique mondial. Ce ralentissement ne connaît aucune distinction de richesse. Il se fait sentir aussi bien dans les pays avancés que dans les pays émergents.

Les trois facteurs qui expliquent le ralentissement

1- le ralentissement économique qui perdure depuis la crise financière de 2008;

2- la seconde vague de la 4e révolution industrielle, car celle-ci touche particulièrement les femmes. La première vague a mené à la destruction massive d’emplois de cols bleus, majoritairement occupés par des hommes. La seconde vague, elle, affecte les emplois de cols blancs. Cette fois, les femmes sont touchées.

En fait, les femmes subissent présentement un double impact négatif sur le marché de l’emploi. D’une part, les emplois où elles sont les plus présentes sont en déclin. De l’autre, les nouveaux emplois créés le sont dans des secteurs où les femmes sont peu présentes et pour lesquels elles ne sont pas formées. Il s’agit de la fameuse trilogie STEM (science, technology and math). Il est question, par exemple, de postes d’analystes de données ou d’analystes scientifiques;

3- le travail non rémunéré tire les femmes vers le bas. Les femmes sont encore responsables de la plus grande proportion du soin des enfants et du soin des aînés. Or, ces tâches s’alourdissent au fil des ans. La population vieillit et nous vivons de plus en plus longtemps. Et il est démontré que le soin des enfants requiert davantage de temps qu’il y a vingt ans.

Il sera extrêmement difficile de réduire le fossé économique entre les hommes et les femmes sans une distribution plus équitable du travail non rémunéré. Ce qui perpétue le gaspillage du talent et de la créativité des femmes.

Comment réduire le fossé économique entre les hommes et les femmes?

La répartition du travail non rémunéré doit cesser d’être une affaire privée qui se négocie un foyer à la fois. «Les pays qui affichent le fossé le moins grand entre les hommes et les femmes sont aussi ceux qui ont fait du travail non rémunéré un enjeu de société au même titre que le travail rémunéré», note Saadia Zahadi. Certains pays sont intervenus à travers leur gouvernement. C’est le cas des pays nordiques. D’autres ont opté pour des solutions de marchés. Ils ont laissé jouer la concurrence pour que s’implante un secteur efficace de soins aux personnes.«Le secteur des soins aux personnes est une source de création d’emplois. Il faut l’organiser», poursuit Saadia Zahadi.

Le piège des secteurs de soins aux personnes

Les femmes sont particulièrement bien placées pour occuper les emplois liés aux soins des personnes, reconnaît Saadia Zahadi. Elles y sont d’ailleurs très présentes. Toutefois, la plupart de ces emplois sont encore mal payés. Plusieurs femmes remplaceraient donc les emplois de cols blancs bien rémunérés perdus par des emplois de soin aux personnes mal payés. «Il faut réglementer ce secteur émergent pour éviter qu’il contribue à élargir le fossé économique entre les hommes et les femmes», prévient Saadia Zahadi.

Le Canada glisse

Le Canada occupe le 35e rang sur les 114 pays évalués. Ce n’est pas mal du tout. Sauf que lors de la première édition, en 2006, le Canada occupait le 14e rang sur 144. «Le Canada progresse – il a comblé 73% du fossé existant entre les genres. Mais il glisse dans le classement parce que d’autres pays progressent plus vite que lui», note Saadia Zahaidi.

Ce qui grince

Nous occupons le rang 35 dans le classement général. Mais nous sommes 44e lorsqu’il est question de l’écart salarial. Là où un Canadien gagne 54 441$CAD, une Canadienne gagne 35 869$CAD.

Et nous sommes 43e en matière de leadership féminin, alors que 36% des Canadiennes et 64% des Canadiens occupent des postes de gestion.

Évidemment, l’un et l’autre sont liés. Ajouter à cela qu’il est difficile d’aspirer à un poste de gestion, et de le conserver, quand vous devez diviser votre temps, et votre cerveau, entre le travail, l’école et le CHSLD.

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