Ce que Bombardier aurait appris au Sommet de la confiance dans les organisations

Publié le 11/05/2017 à 06:44

Ce que Bombardier aurait appris au Sommet de la confiance dans les organisations

Publié le 11/05/2017 à 06:44

Par Diane Bérard

Sheila Fraser, ex vérificatrice générale du Canada et administratrice indépendante de Bombardier

Les 9 et 10 mai, Montréal a accueilli le 3e Sommet international de la confiance dans les organisations. J’ai assisté à la première journée. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Bombarbier.

Au moment où j'écris ces lignes, on apprend que l'entreprise a choisi de suivre à moitié les recommandations de deux de ses actionnaires institutionnels, la Caisse de dépôt et de placement du Québec et Teachers. Elle met fin au mandat de Pierre Beaudoin comme président exécutif du CA. Toutefois, il demeure président non exécutif du conseil.

La Caisse, tout comme Teachers, a exprimé sa non confiance en la capacité de Pierre Beaudoin à remplir adéquatement son rôle. En laissant Pierre Beaudoin à la direction du conseil, la famille Beaudoin est dans son droit. Mais, comme le disait si justement la professeure Isabelle Dostaler, de la John-Molson School of Business, en entrevue à RDI, il y a ce qui est légal et ce qui est légitime. La confiance repose sur la légitimité.

Le Sommet international de la confiance nous a présenté de nombreux conférenciers nationaux et internationaux. Voici quelques idées que j'ai retenues afin de ramener un peu plus de légitimité dans les organisations. Et un peu plus de confiance entre les parties prenantes.

La confiance, c'est...

Je retiens la jolie définition d’Hervé Sérieyx: «la confiance est une relation à l’autre qui m’amène à penser que je le connais assez pour affronter avec lui un risque, une incertitude avec de bonnes chances d’en sortir gagnant.»

Les trois dimensions de la confiance, selon le consultant Dennis Reina

-La confiance en la personne: je te connais, je sais ce à quoi je peux m’attendre de toi.

-La confiance en la parole: je sais que tu tiendras parole, que si tu t’engages à quelque chose, tu le feras.

-La confiance dans les compétences: je sais que tu es capable de réaliser ce à quoi tu t’es engagé.

Les 4 événements qui rendent la confiance essentielle aux entreprises, selon ce gourou français Hervé Sérieyx

1-La métamorphose du marché: la mondialisation, et la volatilité qu’elle entraîne, obligent les entreprises à être souples pour réagir vite. Or, il faut que les femmes et les hommes qui composent ces organisations aient confiance entre eux, et en leur dirigeant, pour changer vite.

2-La révolution numérique fait disparaître des emplois massivement: il faut avoir confiance en son employeur, en sa vision, pour accepter de se former, de changer.

3-La surcharge d’information et les faits fabriqués abiment la confiance en l’information. Les gens au sein des organisations doivent pouvoir se dire que l’information qu’ils échangent entre eux est digne de confiance. Sinon, tout le monde tombe dans l’hyper-contrôle. À court terme, ça ralentit l’entreprise. À moyen terme, ça la tue.

4-L’organisation pyramidale fonctionne de moins en moins. On assiste à un affaiblissement du lien hiérarchique aussi bien que du lien statutaire. En l’absence de ces liens, la confiance prend toute son importance, car les rapports entre les individus sont plus fluides, moins encadrés.

Qu’est-ce qui brise la confiance? Selon la consultante australienne Vanessa Hall

La confiance repose sur les attentes, les besoins et les promesses. Les gens ont des attentes envers vous et envers votre organisation. Ils ont des besoins qu’ils souhaitent vous voir combler.

Et ils se fient aux promesses que vous leur faites. C’est donc ce que l’on fait des attentes que l’on suscite et des promesses que l’ont fait qui détermine la confiance que l’on se méritera, ou pas. Lorsque la confiance est rompue, il faut remonter le fil pour déterminer où nous avons failli sur le plan de la gestion des attentes, de la compréhension des besoins ou de la multiplication des promesses. Quel message notre organisation a-t-elle propagé aux diverses parties prenantes?

Que se passe-t-il lorsque la confiance est rompue? Selon l'entrepreneure et ex-dragonne, Danièle Henkel

D'abord s'installe la méfiance. Puis, certains individus passent à l'étape suivante, soit la défiance. Puisqu'on ne peut plus avoir confiance les uns envers les autres. Puisqu'on ne peut plus se fier aux politiciens ni aux médias. Puisqu'on ne peut plus se fier au système pour assurer notre sécurité et notre développement, alors on ne peut compter que sur soi-même. Et, dans ce règne du chacun pour soi, les règles n'ont plus s'importance. Alors, on défie le système. On refuse de se soumettre. On suit ses propres règles sans se soucier du bien commun.

-Comment rétablir la confiance? Selon Louis Letellier, directeur des contrats publics et des entreprises de services monétaires, Autorité des marchés financiers

Depuis quatre ans, une entreprise qui veut obtenir un contrat public doit détenir une autorisation de l’AMF. Le but: redonner confiance à la population au processus d’octroi de contrats. L’AMF travaille, entre autres, avec la CCQ et l’UPAC pour effectuer les vérifications qui mèneront à une recommandation favorable ou défavorable.

L’entreprise peut se défendre. Il arrive que l’AMF change d’idée. «Pour nous, c’est une loi de réhabilitation, pas une loi punitive, insiste Louis Letellier. Par exemple, si on découvre un enjeu ponctuel et non systémique au sein d’une entreprise, on peut lui demander de faire le correctif et, éventuellement, lui accorder notre feu vert.»

Imaginons deux entreprises qui ont commis le même acte répréhensible. La première n’a rien fait. Elle tient ça mort. L’autre met à pied l’individu fautif et prend des mesures afin d’éviter que cela se reproduise. Et elle écrit un document où elle présente toute son histoire. Devinez qui l’AMF va recommander?

«Nous avons la responsabilité d’appliquer la loi. Mais l’AMF n’a pas droit de vie ou de mort sur les entreprises, ce sont les entreprises qui ont ce droit sur elles-mêmes.» Il poursuit: «si j’étais entrepreneur en construction, je m’arrangerais pour que l’AMF n’ait pas droit de vie ou de mort sur moi. Je prendrais mon avenir en main.» Depuis quatre ans, l’AMF a donné son feu vert à 3500 entreprises. Elle est intervenue sur 300 dossiers, 70 entreprises se sont désistées et 14 ont été refusées.

Ce n'est la Caisse ni aucun autre investisseur institutionnel qui a droit de vie ou de mort sur la composition du CA de Bombardier. C'est Bombardier elle-même. C'est la confiance qu'elle suscite, ou pas, chez eux qui lui donne la marge de manoeuvre requise pour opérer.

En terminant, je rappelle la définition d'Hevré Sérieyx de la confiance: «la confiance est une relation à l’autre qui m’amène à penser que je le connais assez pour affronter avec lui un risque, une incertitude avec de bonnes chances d’en sortir gagnant.»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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