Conférence de Montréal: rendez-vous manqué avec le président d'Alibaba

Publié le 13/06/2018 à 12:02

Conférence de Montréal: rendez-vous manqué avec le président d'Alibaba

Publié le 13/06/2018 à 12:02

Par Diane Bérard

Cette semaine, Montréal accueille la Conférence de Montréal.

J’ai lu le programme avec attention et j’ai choisi d’assister à la discussion avec Michael Evans, le président d’Alibaba. Elle a eu lieu hier, à 14h30.

Alibaba est une des sociétés les plus fascinantes au monde. Fondée par le célébrissime Jack Ma – celui qui affirme sur toutes les tribunes que l’université n’a jamais voulu de lui, Alibaba est la plus grande place de marché en ligne au monde. J’ai eu l’occasion d’entendre Jack Ma lors du Forum des Nouveaux Champions, le Davos d’été, en Chine.

Dans le programme de la Conférence de Montréal, la rencontre avec Michael Evans était présentée comme un «fireside talk», un format de discussion plus intime que la conférence ou le panel, où une personnalité se confie à un interviewer.

En prévision de cette rencontre, j’ai lu de nombreux articles sur Alibaba et sur Michael Evans. J’y ai appris, entre autres, qu’Alibaba entame une phase intensive de déploiement international. Jack Ma souhaite que la moitié de ses revenus proviennent de l’extérieur de la Chine. Cette internationalisation se ferait de deux façons : en ajoutant des marques étrangères à la place de marché et en visant les Chinois qui se trouvent à l’extérieur de la Chine et le marché asiatique en général.

J’y ai aussi appris l’importance stratégique de la chaîne de supermarchés Hema, qui compte pour l’instant quelques dizaines de magasins, mais aussi un service d’achat en ligne qui offre la livraison gratuite en 30 minutes. Avec Hema, Alibaba aspire à «réveiller» le commerce de l’alimentation en Chine.

J’ai aussi lu sur Alipay, le service de paiement en ligne lancé en 2004 par Alibaba pour compenser la faible présence des cartes de crédit chez la population chinoise. Alipay fait partie de la division financière d’Alibaba, Ant Financial. Alipay compte 870 M d’utilisateurs et vise 2 G. Alipay est présent en Europe depuis deux ans. Ses principaux utilisateurs, ils sont 500 000, sont des touristes chinois de passage sur le Vieux Continent. Alipay s’apprête à lever 14G$ US.

J’ai aussi appris que Jack Ma et Joe Tsai, cofondateur d’Alibaba, ont investi 20M$ dans la société américaine Rent the Runway. Fondée il y a neuf ans, celle-ci propose la location de vêtements. En deux ans, elle est passée d’une société utilisée quelques jours par année, pour son service de vêtements de gala, à une société utilisée 150 jours par an. En plus de louer son propre inventaire, Rent the Runaway propose son service logistique de location à d’autres marques de vêtements.

Comme vous pouvez le constater, Michael Evans ne manque pas d’histoires à raconter à un parterre de gens d’affaires.

Et pourtant… Les 15 maigres minutes qu’a duré la discussion ne nous ont rien appris. Ou si peu. Le président d’Alibaba a certes mentionné Alipay. Mais ceux qui se sont déplacés pour l’écouter ont surtout eu droit à du réchauffé et à des lieux communs. Et surtout, un énième discours sur le miracle chinois. Sur la puissance de cette économie, sur son succès à tirer des millions de citoyens de la pauvreté, sur sa constance, etc. Sur le fait que la Chine ne copie pas, elle innove. J’ose croire que le public de la Conférence de Montréal sait que la Chine monte en gamme. C’est un public averti.

Rien sur la stratégie de croissance d’Alibaba. Rien sur ses projets ni sur la formidable machine qu’elle a développé pour connaître ses clients. Il est évident que Michael Evans est un grand gestionnaire qui a beaucoup à partager. Et je suis convaincue qu’il aurait pu le faire sans compromettre les secrets industriels d’Alibaba.

J’ignore si c’était le choix de Michael Evans de tenir des propos aussi convenus ou si c’est la décision des organisateurs de la conférence, mais cela ne sert personne. Lorsque vous proposez un conférencier de cette envergure, venu d’aussi loin, il m’apparaît normal que vous offriez de la substance aux congressistes.

Un dernier détail: par moment, le discours de Monsieur Evans versait carrément dans l’infopub. Il a mentionné à de nombreuses reprises le fait qu’Alibaba recrute des marchands étrangers et qu’elle possède des bureaux de représentation au Canada. On se doute que la plus grande place de marché au monde possède un tel réseau. Ce n’est pas le rôle du président de le mentionner. Mais comme il n’a pas parlé de ce qui relève réellement de ses fonctions, il fallait bien qu’il parle de quelque chose.

Monsieur Evans, j’aurais aimé rapporter vos propos et faire connaître le modèle d’affaires Alibaba à la communauté Les Affaires. Ce sera pour une autre fois.

Je vous laisse sur cette vidéo où Michael Evans s'adresse de façon candide à un groupe d'étudiants.

 

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