Conférence de Montréal: le patron de GE dit aux Canadiens de se décomplexer

Publié le 08/06/2015 à 17:12, mis à jour le 09/06/2015 à 11:18

Conférence de Montréal: le patron de GE dit aux Canadiens de se décomplexer

Publié le 08/06/2015 à 17:12, mis à jour le 09/06/2015 à 11:18

Par Diane Bérard

«Le monde physique et le monde des données se fusionnent. Toutes les sociétés manufacturières devraient se considérer comme des sociétés de logiciels (software) et d’analyse de données. Elles doivent cesser de penser que ce sont des expertises périphériques qu’elles n’ont pas besoin de maîtriser et que d’autres peuvent leur fournir.» Jeffrey Immelt, président du conseil et pdg, GE

GE est une entreprise de 150 G$. C’est la plus grande société manufacturière au monde. Son président et pdg était conférencier ce midi à la Conférence de Montréal. Après un petit tour d’horizon de l’entreprise, «Ceci est la portion publicitaire de mon discours, a-t-il dit en riant. Rassurez-vous, elle sera courte et on passera à autre chose.»

Il a tenu parole. Nous l’en remercions. Les participants ont ensuite eu droit à son opinion sur différents sujets. En voici un aperçu.

Les complexes du Canada

«J’aime le Canada. J’y viens souvent. Et je constate que les Canadiens sont complexés par rapport à leur secteur manufacturier. Je peux vous dire que notre usine de Bromont est aussi concurrentielle que les 399 autres établissements de notre groupe.»

La vente de GE Capital

«GE Capital a tenu le coup pendant la crise financière. Mais ce fut très difficile. Quelque part, nous savions que cette crise serait terminée, nous ne poursuivrions pas. La réglementation postcrise, les nouveaux seuils de capitalisation exigés pour les institutions financières… Ça ne valait plus la peine de continuer. GE Capital ne pouvait plus se classer parmi les meilleurs. Et puis, le moment était parfait pour la vente d’actifs compte tenu de la croissance faible et des taux d’intérêt bas.»

Le pipeline Keystone

«Je suis pro-Keystone. Je ne comprends pas, et je n’achète pas, que l’on oppose développement économique et environnement. Penser ainsi c’est ne pas croire au pouvoir de la science et du progrès scientifique. Pour ma part, je crois en la science.»

L’énergie

« Il faut toujours débuter par les choses faciles parce qu’elles donnent des résultats. Si vous avez du gaz naturel, alors vous exploitez le gaz naturel. Vous ne vous lancez pas dans le solaire. Voulez-vous me dire au nom de quoi on peut dire au Nigéria de ne pas exploiter ses réserves de gaz? »

Comment bâtir une communauté manufacturière robuste composée d’usines résilientes

1- bannissez le papier, intégrez tout, du design à la fabrication;

2- implantez la fabrication additive (impression 3D) dans les usines pour sauver du temps et des coûts et réduire le gaspillage de matière première. La fabrication additive suppose l’assemblage de couches successives d’un même matériau plutôt que la soustraction de matériau, comme c’est le cas pour l’usinage. D’ici 10 ans, GE prévoit que ¼ de ses moteurs seront produits par fabrication additive. On débutera par des pièces non conventionnelles;

3- placez des senseurs sur tous vos équipements et créez un énorme nuage au-dessus de votre usine pour capter le plus de données possibles;

4- cultivez la rétroaction en temps réel, apprenez à utiliser les données générées par vos senseurs;

5- intégrez vos chaînes de production, soignez et entretenez les liens entre les PME et les grandes entreprises. Chaque emploi chez GE équivaut à 8 emplois dans sa chaîne de production;

6- changez votre façon de recruter comme vous changez votre façon d’aménager vos usines. GE a des usines beaucoup plus petites, elles comptent entre 500 et 600 employés. La nouvelle taille détermine de nouvelles relations entre les employés, une autre distribution des tâches et une nouvelle structure organisationnelle.

Le poids du secteur manufacturier

«Le secteur manufacturier ne sera plus un créateur important d’emplois, c’est vrai. Mais ce n’est pas parce qu’il crée beaucoup moins d’emplois qu’il contribue beaucoup moins au PIB. Les deux baisses ne sont pas équivalentes. La contribution du secteur manufacturier à l’économie a moins baissé que les emplois perdus. Le Canada doit retenir qu’un secteur manufacturier robuste contribue à la diversité de l’économie.»

 

 

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