BocoBoco: acheter du vrac, en ligne, dans des bocaux consignés

Publié le 27/02/2019 à 15:25

BocoBoco: acheter du vrac, en ligne, dans des bocaux consignés

Publié le 27/02/2019 à 15:25

Par Diane Bérard

Lauren Rochat, l'entrepreneure qui a démarré l'épicerie BocoBoco (Crédit: Perrine Larsimont, UnpointCinq)

La première édition du Festival Zéro déchet, en octobre 2017, devait se tenir dans un sous-sol d’église. Au moment de réserver la salle, les organisatrices choisissent de voir grand. L’une d’elles débourse 5000$ pour réserver le Marché Bonsecours. C’est un pari.

Pari remporté: 6700 personnes se présentent au Marché Bonsecours. Rebelote l’année suivante. La file d’attente est telle qu’on en parle au téléjournal!

Les déchets sont en train de devenir une obsession collective.

Tout à coup, on se rappelle que le premier «R» n’est pas recycler. C’est réduire.

Et on voit poindre, entre autres, des épiceries zéro déchet où le consommateur tente de réduire son empreinte environnementale en achetant ses aliments en vrac.

J’ai déjà écrit un article à propos d’Ô Bokal, à Saint-Basile-le-Grand.

Cette fois, je vous parle de BocoBoco, une plateforme montréalaise qui jumèle vrac, consigne et commerce en ligne. Les produits sont livrés dans des contenants consignés qui sont repris lors de la livraison suivante. «Si les gens ont intégré la consigne des bouteilles de bière, pourquoi n’intégreraient-ils pas la consigne des bocaux pour le vrac? Ça vaut la peine d’essayer», dit Lauren Rochat, l’idéatrice de BocoBoco.

Voici à quoi a ressemblé son année 2018 :

Janvier: Lauren participe au Startup weekend impact écosocial, au cours duquel elle raffine son idée d’affaires, avec le soutien de coachs.

15 jours plus tard, elle dépose un plan d’affaires à la Fondation Montréal Inc qui l’accepte comme lauréate. Ceci lui donnera accès à une subvention de 15000$ et un réseau de coachs.

Avril: Boco Boco est un des 100 exposants à La Grande Messe de la Fondation Montréal inc. au Théâtre Paradoxe, à Verdun.

Juin: Boco Boco est lauréate locale d’un prix Ose Entreprendre, catégorie commerce.

La première idée n’était pas une épicerie en ligne. Lauren voulait plutôt commercialiser des légumes en conserve. «J’ai commencé à produire des conserves pour moi, pour réduire mes pertes alimentaires, raconte-t-elle. Puis, j’ai eu l’idée de le faire à grande échelle.» Confrontée au défi de pénétrer les réseaux de distribution, elle pivote rapidement vers une plateforme d’aliments en vrac.

BocoBoco livre des aliments en vrac dans des bocaux consignés qui sont repris à la livraison suivante. (Crédit: Perrine Larsimont)

BocoBoco s’attaque principalement à deux enjeux:

-Il existe déjà des épiceries en vrac et des stations de remplissage, mais cela implique que le client transporte ses contenants. Ceci peut s’avérer complexe et limiter l’incitation à changer ses habitudes d’achat;

-Tous les citoyens ne résident pas à distance de marche d’une épicerie zéro déchet. Ils doivent utiliser un moyen de transport, souvent leur véhicule. Ceci ajoute un impact environnemental.

D’où l’idée de commander en ligne. Évidemment, les produits doivent être livrés. La propriétaire de BocoBoco doit donc réfléchir au transport. Réduire l’empreinte des emballages sans tenir compte de celle de la livraison manquerait de cohérence. Le plan de Lauren consiste à :

- employer une mixité de transport, soit des véhicules à faibles émissions ou électriques et des vélos cargos;

-optimiser les itinéraires de livraison en recourant à la technologie;

-concentrer les livraisons à un moment précis de la semaine.

En fait ce projet, pour lequel Lauren est encore seule, exige une mécanique drôlement bien huilée. Voici comment l’entrepreneure compte structurer son cycle de commandes-traitement-livraisons:

-Les clients passent leurs commandes en ligne avant le mardi soir;

-Les lundis et mardi sont consacrés aux commandes auprès des fournisseurs, dont la plupart sont locaux pour raccourcir les délais de livraison et réduire les milles alimentaires. Les lundis et mardis sont aussi consacrés à recevoir les produits et les placer dans les bocaux, en fonction des commandes des clients;

-Le jeudi soir est consacré aux livraisons, en fonction d’itinéraires optimisés;

-Le vendredi, entre 13h et 18h, le local de la rue Casgrain accueille exceptionnellement les clients qui souhaitent cueillir leur commande sur place. Mais ils doivent avoir effectué leur commande en ligne avant mardi soir. Aucun achat ne se fera sur place.

Ce n’est pas faute d’espace que le local de BocoBoco n’accueille pas de clients, sauf le vendredi après-midi. L’entreprise loge dans un espace de 1450 pieds carrés. C’est que le modèle d’affaires est autre. En plus de l’espace d’entreposage, le local est occupé par une cuisine collective que des jeunes pousses alimentaires louent pour y fabriquer leurs produits. Des produits qui seront proposés sur le site de BocoBoco, mais pas exclusivement. On ne peut imaginer une livraison plus fluide. La cuisine collective accueillera aussi des entreprises qui transformeront les aliments frais invendus proposés sur le site, pour ne pas les perdre.

Et l’offre?

Le site offrira :

- 1/3 de produits d’épicerie de base: riz, lentilles, pâtes, légumineuses, fruits secs, etc;

-1/3 de produits fins: huile bio, chocolats (Tiamy Chocolats), tisanes (Tisanerie Mandala), vinaigre, etc;

-1/3 de produits de soin: brosses à cheveux, brosses à dents, papier de toilette, bicarbonate de soude, kit de fabrication de savon, etc.

À terme, Lauren souhaite ajouter de la viande, du fromage et des plats préparés.

Vous l’aurez compris, l’épicerie BocoBoco est en démarrage. La fondatrice a mille et un détails à régler. Et toutes les décisions doivent être prises à travers le prisme de la mission: simplifier et accompagner la transition vers un mode de vie zéro déchet.

Ainsi, les produits proposés ne doivent pas générer de déchets chez le consommateur. Deux exceptions: la brosse à dents, qui doit absolument être emballée, et le collant posé sur le côté de chaque bocal, pour confirmer que le contenu est intact. C’est une exigence du Mapaq.

Parlons des contenants

En plastique, ils sont plus légers et consomment moins de carburants. Mais ceux faits de verre sont plus pratiques (ils sont plus faciles à laver et plus sanitaires. BocoBoco a installé un lave-vaisselle de type restaurant pour un rinçage infaillible.). Et ils sont plus durables.

Et puis, il faut prévoir beaucoup de bocaux, puisque ceux-ci demeurent chez le client jusqu’à la prochaine livraison. C’est d’ailleurs l’objet de la campagne de sociofinancement qui a cours en ce moment. Lauren souhaite amasser 7000$ pour faire l’acquisition de contenants réfrigérés à 4 degrés.

Je l’ai dit plus tôt, Lauren est seule pour l’instant. Elle ne pourra pas le rester, son projet exige du renfort. «Je compte recruter très bientôt, j’ai demandé un prêt à Futurpreneur, dit-elle. Ce sera d’abord à temps partiel. Mais l’épicerie de mes rêves offrira des emplois à temps plein. Je vois une équipe qui sert une communauté. Et notre communauté, nos clients, nous n’allons pas que leur vendre des produits. Nous allons les habiliter à vivre en fonction des valeurs que l’on prône et pour lesquelles ils nous ont choisis.» Elle poursuit, «Souvent, lorsqu’on entame une démarche de réduction des déchets, on commence à fabriquer certains produits soi-même. BocoBoco va donc offrir divers ateliers grand public dans ses locaux.»

Pour terminer, pour ceux qui s'interrogent sur l'origine du nom BocoBoco: on vous livre un bocal plein contre votre bocal vide!

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