BLOGUE. Mark Carney, ex-gouverneur de la Banque du Canada et nouveau gouverneur de la Banque d’Angleterre est en poste depuis trois jours. Il jouit de pouvoirs plus importants que ses prédécesseurs. En plus d’établir les taux d’intérêt, Carney jouera un rôle-clé, entre autres, dans le destin de la Royal Bank of Scotland et Lloyds Banking Group. Deux institutions financières rescapées par l’État et partiellement nationalisées. Carney doit aussi dépoussiérer la Banque d’Angleterre, en faire une structure moins bureaucratique, moins hermétique, plus imputable et plus ouverte.
La mini-crise des billets à la Banque d'Angleterre
Mais au-delà de ces projets à long terme, Carney doit d’abord régler une mini-crise. Sa première décision pourrait bien consister à en défaire une de son prédécesseur, Sir Mervyn King. Avant de quitter, Mervyn King a annoncé que le portrait de Winston Churchill remplacerait celui de la philanthrope et activiste Elizabeth Fry sur les coupures de cinq livres. Ceci a provoqué une levée de boucliers (une pétition de 30 000 noms et la menace d’actions légales en vertu du Equality Act de 2010) car ce changement ferait disparaître toute figure féminine des quatre coupures britanniques ( cinq, dix, vingt et cinquante livres).
Le jour même de son entrée en poste, Carney fait parvenir une lettre à la député conservatrice Mary Macleod. Vous pouvez la lire ici. Carney asssure Madame Macleod qu’il prend cette situation au sérieux et qu’une discussion sur la diversité des billets de banque britanniques sera à l’ordre du jour de la prochaine réunion du CA de la Banque ( Court of directors). Une décision finale sera annoncée d’ici la fin juillet. Vous pouvez en lire davantage ici sur la petite histoire des portraits féminins sur les billets de banques.
On a toutes les raisons de croire que Carney prend la diversité au sérieux. Sitôt entré en poste il a nommé une femme, Charlotte Hogg, au poste de chef des opérations. Aucune femme n'a occupé un poste aussi important à la Banque d'Angleterre en 319 ans.
Les femmes occupent, en moyenne, 20% des postes d'influence dans la société. Il paraît donc normal qu’un des quatre billets de banque britannique présente une femme qui a marqué l’histoire politique, économique, sociale ou culturelle de ce pays. On a évoqué la possibilité de placer un portrait de la romancière Jane Austen sur les coupures de 10 livres. Mais bon, lorsqu’il est question de femmes et de diversité je réalise chaque jour que ce que je crois relever du bon sens et de la logique économique la plus élémentaire ne semble pas faire l’unanimité. Le chemin vers l'égalité est interminable.
Au fait, quel portrait de femme retrouve-t-on sur les billets de banque canadiens, à part la celui de la reine Élizabeth?
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