7 façons de sous-utiliser des employés compétents

Publié le 11/06/2014 à 10:50

7 façons de sous-utiliser des employés compétents

Publié le 11/06/2014 à 10:50

Par Diane Bérard

Méfions-nous lorsqu’une entreprise ou un secteur crie à la pénurie de main-d’œuvre. Creusons un peu avant d’engloutir des deniers publics dans une campagne de publicité pour attirer des candidats ou dans des programmes de formation sur mesure.

Et si nous étions devant un cas de «fausse représentation» ? Et si l’entreprise, ou le secteur, n’arrivait pas à recruter ou à retenir de bons candidats parce qu’elle ne sait pas tirer profit de leurs compétences? C’est l’un des constats de l’étude «Stratégie d’emploi et de compétences au Canada» présentée ce matin par Sylvain Giguère, chef de division à la division du développement économique et de la création d’emplois à l’OCDE. Monsieur Giguère s’exprimait ce matin lors d’un panel sur la main-d’œuvre, à la Conférence de Montréal.

« La façon dont une entreprise utilise ses compétences influence davantage sa productivité que les compétences elles-mêmes», souligne Sylvain Giguère.

Pourquoi est-ce si difficile de relancer l’économie par l’emploi?


« La façon dont une entreprise utilise ses compétences influence davantage sa productivité que les compétences elles-mêmes »

1- On stimule l’offre sans se soucier de la demande. L’agence responsable des investissements étrangers d'une ville ou d'une région attire des entreprises high tech, mais celles-ci ne trouvent pas suffisamment d’employés spécialisés pour combler leurs besoins. Les entreprises repartent et, avec elles, les emplois de qualité.

2- On stimule la demande, mais on néglige l’offre. Des entreprises qui offrent des emplois peu spécialisés recrutent des candidats trop qualifiés. Elles pensent ainsi enrichir ces postes et faire grimper leur productivité. Les employés quittent. Le processus de recrutement est sans cesse à recommencer. On conclut à une pénurie de main-d’œuvre dans ce secteur.

3- Plutôt que d’investir dans l’amélioration de leur productivité, les entreprises misent tout sur la main-d’œuvre. Elles croient compenser ces non-investissements en capital financier et technologique par du capital humain. Les employés, bien que compétents, n’ont pas les outils nécessaires pour être productifs. Leurs compétences sont gaspillées. Ou ils quittent et il faut recommencer l’embauche. Encore une fois, on croit à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

4- Les maisons d’enseignement et les entreprises ne communiquent pas. 89% des maisons d’enseignement croient qu’elles préparent adéquatement leurs étudiants au marché du travail alors que… 45% des employeurs pensent de même, apprend Randall Eberts du Upjohn Institute, for Employment Research qui participait au panel sur la main-d’œuvre.

5- Les entreprises recrutent des candidats en fonction de certaines compétences, mais elles ne les rémunérent pas en fonction de ces compétences. « Le tiers des entreprises conscientes de cet écart ne comptent entreprendre aucune démarche pour le corriger», révèle Randall Eberts.

6- Certaines régions affichent un taux de chômage faible, mais un bas niveau de compétences. Ce type d’équilibre pose problème à long terme car il ne mise pas sur la productivité.

« La productivité n’est pas uniquement une question d’utilisation des compétences, elle tient aussi aux développement de ces compétences, conclut Sylvain Giguère. Il faut faire progresser les employés. En revoyant l’organisation du travail, par exemple.»

7- Les jeunes sont mal guidés. «Nous n’orientons pas les jeunes, nous les désorientons, dit Bernard Spitz, président de la Fédération française des société d’assurances. Ils n’ont aucune idée des besoins du marché du travail.»

Deux observations

1- Avant d’envoyer tous les jeunes dans des emplois dits «en pénurie», il faudrait s’assurer que ces emplois sont bien «en pénurie».

2- À force de présenter la formation universitaire comme une «machine à fabriquer des chômeurs» et de vanter les formations techniques, on risque de créer un vide de méta- compétences tel la résolution de problème et la prise de décision. Il faudra donc ajouter l’enseignement de ces méta-compétences aux formations techniques. Car, comme le dit si justement Toby Peyton-Jones, directeur des RH de Siemens, « Chez Siemens, nous voulons des employés capables de résoudre des problèmes qu’ils n’ont jamais vu avant.»

De la matière à réflexion intéressante. Et un plaidoyer de plus en faveur d’une vision à long terme.

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