Suivi: qu'est-ce qui cloche avec les accélérateurs?

Publié le 24/07/2016 à 21:57

Suivi: qu'est-ce qui cloche avec les accélérateurs?

Publié le 24/07/2016 à 21:57

Par Diane Bérard

Sylvain Carle, dg de l'accélérateur FounderFuel et associé au fonds Real Ventures

Ceci est un suivi de mon billet du vendredi 15 juillet intitulé « Qu'est-ce qui cloche avec les accélérateurs ? ».

J'y ai parlé de mon malaise devant ce qui semble être l'unique mission des accélérateurs (si je me fie au contenu de la conférence Startupfest et aux déclarations des panélistes de cet événement): maximiser le rendement financier des investisseurs. J'ai aussi soulevé cette question: les accélérateurs sont-ils là pour développer des produits ou des entrepreneurs? Mon billet a circulé. Sylvain Carle, dg de l'accélérateur FounderFuel et associé du fonds Real Ventures, et Béatrice Couture, DG de l'accélérateur InnoCité MTL, ont voulu répliquer. Je leur ai tendu le micro. Ce que j'en retiens: les start-up et leurs fondateurs occupent beaucoup de place et attirent beaucoup d'attention médiatique. Mais les accélérateurs et l'écosystème autour de ces start-up communiquent peu et mal leur message, leur contribution, leur raison d'être et le virage qu'ils affirment avoir amorcé.

Voici ce que Béatrice Couture et Sylvain Carle veulent que l'on sache à propos des accélérateurs.

«Nos critères ont changé»

InnoCité en est à sa 2e cohorte. Entre la première et la seconde, les critères de sélection des entreprises ont changé. «Il n'est plus nécessaire de se présenter avec un financement de capital-risque en poche pour se faire accepter», souligne Béatrice Couture. Pourquoi? «Nous voulons être plus inclusifs. Soit certains entrepreneurs ne désirent pas diluer leur actionnariat, soit ils ont déjà des revenus, soit ils veulent simplement tester leur modèle.» Sans ce changement de critère, l'entreprise Key2Access, qui a développé une application rendant les traverses piétonnes plus accessibles aux citoyens à mobilité réduite, n'aurait jamais été sélectionnée par InnoCité MTL.

Les cohortes de FounderFuel aussi ont évolué. «À mon arrivée, il y a deux ans, je me suis posé la question suivante: comment savoir si notre accélérateur fait du bon travail?, dit Sylvain Carle. Ce métier nous fait travailler en cohorte de trois mois, mais nous devons penser plus loin. En cycles de 10 à 25 ans.»

Sa réflexion a eu l'effet domino suivant:

- les cohortes de FounderFuel sont plus petites. Elles comptent 6 entreprises au lieu de 8, 10 ou 12. « Nous constatons que le programme standardisé de trois mois a ses limites. Il faut beaucoup de soutien individualisé pour créer des entrepreneurs. » ;

- chaque entreprise reçoit un financement plus important: 100 000$ au lieu de 25 000$ ou 50 000$ ;

- l'âge moyen des participants a augmenté. Il est passé de la vingtaine à la trentaine. «Nous avons élargi les industries visées, ce ne sont plus uniquement des applications mobiles. Du coup, le profil des entrepreneurs a changé. Ils travaillent depuis cinq à dix ans dans un secteur où ils désirent rester. Ils veulent bâtir des organisations qui demeureront en affaires.» La Maison Notman, qui accueille l'accélérateur FounderFuel, n'a plus les allures de frat house des premières années, affirme Sylvain Carle. «La plupart des entrepreneurs du programme ont des familles, ils ne vivent pas ici. Ils rentrent chez eux le soir.» Il poursuit: «La maturité personnelle est une composante essentielle d'un bon entrepreneur. Plus vous affichez de maturité personnelle, plus vous manifesterez de maturité professionnelle».

Le «compost des start-up» ou «Les mesures de succès sont à définir»

Comment mesurer le succès d'un accélérateur? Selon le nombre d'emplois créés? Le nombre de tours de financement achevés une fois le programme terminé? Le rendement financier pour les investisseurs? L'effet multiplicateur sur la communauté ? «Il faut trouver comment comptabiliser le 'compost des start-up', commente Sylvain Carle. Même si plusieurs entreprises qui suivent les programmes des accélérateurs ferment leurs portes, les entrepreneurs, eux, poursuivent leur route. Leur expertise rend souvent d'autres entreprises plus fortes. C'est ça notre compost.» Quant au nombre d'emplois créés, «aucune start-ups ne créera autant d'emplois qu'une usine. Il faut trouver mieux que cette mesure héritée de l'ère industrielle», avance Sylvain Carle.

Et l'impact social des accélérateurs? 

«Il ne faut pas nécessairement opposer impact social et impact financier, estime Béatrice Couture. Si une entreprise de notre cohorte est rentable et que son produit ou son service a aussi la capacité de changer les choses pour le mieux, il est là l'impact.»

Bien d'accord. Je fais toutefois une distinction entre l'impact social des entreprises qui participent au programme d'accélération et l'impact social de l'accélérateur qui, lui, est fonction de sa mission et des indicateurs de succès qu'il retient.

«Pour moi, un accélérateur peut avoir trois types d'impact social, estime Sylvain Carle. D'abord, il contribue au développement de l'entrepreneuriat. Les PME sont des moteurs de développement économique. Ensuite, il contribue à l'indice de bonheur. Être entrepreneur, développer son projet, c'est une expérience humaine formidable. Finalement, l'accélérateur injecte de la vie dans sa communauté.»

Les réflexions de Béatrice Couture et de Sylvain Carle sont-elles partagées par les autres accélérateurs montréalais? Le secteur au complet amorce-t-il un virage? Et qu'en est-il des fonds et des investisseurs soutenant ces accélérateurs, suivront-ils? On ne peut pas faire évoler sa mission sans adapter aussi son modèle de revenu. Y a-t-il suffisamment d'investisseurs prêts à considérer des mesures de succès extra-financières et à adopter une vision à long terme? C'est ce que Béatrice Couture compte vérifier. «J'aimerais organiser une table ronde sur les mesures de succès des accélérateurs lors de l'édition 2017 du Startupfest.» J'y assisterai, c'est certain.

En attendant, je vais suivre avec intérêt le discours des porte-parole du nouveau regroupement des accélérateurs montréalais, La Main. Et, surtout, le contenu de ses activités.

 

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