Responsabilité sociale: nous entrons dans une nouvelle ère

Publié le 23/08/2016 à 13:08

Responsabilité sociale: nous entrons dans une nouvelle ère

Publié le 23/08/2016 à 13:08

Par Diane Bérard

Pour faire d'Unilever un modèle de RSE, le pdg Paul Polman accepte de faire évaluer les initiatives de l'entreprise.

Paul Polman, le pdg d’Unilever, est LA superstar du capitalisme durable et constitue un cas intéressant pour suivre l'évolution de la responsabilité sociale des entreprises(RSE).

Son plan, «Uniliver Sustainable Living Plan», vise trois objectifs à la fois:

1-doubler les ventes du géant des produits de consommation;

2-réduire son empreinte environnementale;

3-augmenter son impact positif.

On s’en doute, Polman aime bien les projecteurs. Plutôt fréquent pour le pdg d’une multinationale. Ce qui est plus rare, par contre, c’est qu’il n’hésite pas à placer son entreprise aussi sous les projecteurs.

Unilever a donc laissé Oxfam scruter ses pratiques de ressources humaines, entre autres, au Vietnam. Deux rapports ont été produits. Le premier en 2011 et le second à l’été 2016.

J’ai parcouru le compte-rendu 2016. Il m’apparaît honnête et objectif. Si votre entreprise sous-traite une partie de sa production à l’étranger, ou qu’elle y achète des matières premières, les conclusions de ce rapport vous seront utiles. Que ce soit pour gérer votre risque, pour vous comporter en bon citoyen corporatif ou les deux à fois.


« La RSE n’est plus un dossier qu’un pdg peut gérer avec son CA. Elle exige les compétences, l’influence et les ressources de regroupements. »

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Les 4 critères d’Oxfam pour évaluer les initiatives d’une marque pour assainir sa chaîne d’approvisionnement

1-La conscience: l'entreprise montre-t-elle qu'elle a conscience des principaux problèmes liés à ce thème et mène-t-elle des projets afin de comprendre et d'apporter des solutions à ces principaux problèmes?

2-Les connaissances: l'entreprise montre-t-elle qu'elle mesure, évalue et établit des rapports sur les principaux problèmes et faits, particulièrement dans ses chaînes d'approvisionnement liées à ce thème?

3- L’engagement: l'entreprise s'engage-t-elle à apporter une solution aux principaux problèmes liés à ce thème dans ses chaînes d'approvisionnement?

4-La gestion de la chaîne d'approvisionnement : l'entreprise exige-t-elle de ses fournisseurs qu'ils respectent les normes en vigueur liées à ce thème?

Les 3 réussites d’Uniliver avec ses fournisseurs vietnamiens

Dans son premier rapport, produit en 2011, Oxfam a noté un fossé entre les attentes officielles d’Unilever face à ses fournisseurs et ses sous-traitants vietnamiens et le quotidien de leurs employés. En 2016, une partie de ce fossé aurait été comblée.

1-Une plus grande proportion d’employés est salariée plutôt que pigiste.

2-Les fournisseurs sont plus conscients des exigences d’Unilever, entre autres grâce à des sessions de formation. Ces fournisseurs comprennent qu’il s’agit d’exigences et non d’attentes.

3- Des mécanismes de traitement des plaintes des employés ont été implantés chez plusieurs fournisseurs.

Les 3 défis majeurs pour l'avenir

1-L’incohérence et la tension entre les exigences «sociétales» (traitement équitable des employés) qu’Unilever impose à ses fournisseurs et ses exigences d’affaires (bas prix, livraison rapide, etc.). Cette incohérence mine la crédibilité d’Unilever, ou de n’importe quel acheteur, lorsqu’il affirme à son fournisseur que «c’est payant d’agir de façon responsable».

2- Le traitement des employées(elles sont plus nombreuses que les hommes à occuper des emplois précaires). Elles sont moins bien rémunérées. On leur offre moins d’occasions d’améliorer leur statut professionnel.

3- Voir au-delà du cas de chaque fournisseur, se pencher sur le système lui-même. Quels facteurs économiques, sociaux et politiques perpétuent, entre autres, le travail des enfants, l’esclavage et la violence envers les femmes?

Évidemment, aucune entreprise ne peut venir à bout seule de ces enjeux systémiques chez ses fournisseurs. En fait, nous entrons dans une nouvelle ère de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). La RSE n’est plus un dossier qu’une entreprise peut gérer seule avec son conseil d’administration. C’est un enjeu complexe qui exige les compétences, l’influence et les ressources de regroupements.

Pour terminer, j’aimerais vous faire découvrir l’initiative « La face cachée des marques » d’Oxfam, un programme qui évalue les efforts de RSE de grandes marques auprès de leurs fournisseurs pour les communiquer ensuite aux consommtateurs.

 

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