Ces Chinois qui (ne) menacent (pas) notre retraite

Publié le 11/09/2015 à 08:59

Ces Chinois qui (ne) menacent (pas) notre retraite

Publié le 11/09/2015 à 08:59

On connaît le pattern : les marchés plantent et les gens paniquent. Plus les gens paniquent, plus les marchés plantent et ça descend, comme ça, jusqu’à ce que les marchés financiers atteignent un creux.

Certaines personnes, celles qui ont acheté ce qu’on appelle des options de vente, peuvent limiter les dégâts et même s’enrichir dans un tel contexte. Il ne faut jamais oublier que, dans chaque transaction boursière, il y a un gagnant et un perdant…

L’économie chinoise a ralenti au cours des derniers mois. C’est un fait. Étant donné son poids dans l’économie mondiale, elle affecte cette dernière dans son ensemble. Or, les bourses de partout réagissent rapidement aux nouvelles, bonnes ou mauvaises. Lorsque de grandes sociétés annoncent une baisse des bénéfices attendus, la valeur de ses titres diminue immédiatement. Pourquoi ?

Parce que la valeur THÉORIQUE d’une action en bourse est la valeur de ses bénéfices futurs attendus par les investisseurs. Par exemple, si on prévoit qu’une action distribue toujours 5,00 $ par année en bénéfices à son actionnaire, un investisseur RATIONNEL désirant réaliser un rendement de 10 % par année sera prêt à payer 50 $ pour acheter ce titre (5 $ / 10 % = 50 $). À chaque année, notre investisseur recevrait donc 5 $ sur un investissement de 50 $, réalisant ainsi 10 % de rendement sur le montant investi. À noter que dans le cas des actions ne distribuant aucun dividende, il faut regarder leur potentiel de croissance de versement de dividendes à long terme, sinon, il n’y aurait aucune valeur à ces actions!

Il est évident que si l’entreprise annonce une baisse de ses profits attendus, disons à 4,80 $, le même investisseur ne voudra payer que 48 $ pour le même titre. La baisse de la valeur théorique du titre suit donc la baisse des bénéfices.

Or, il arrive que certains titres perdent (ou gagnent) beaucoup plus que ce à quoi on devrait s’attendre. La principale raison est simple : les ÉMOTIONS. Lorsque ces dernières prennent le dessus, c’est la dérape…

Par exemple, certains « investisseurs » sont en réalité des « spéculateurs » désirant faire une passe rapide. Dès qu’un titre s’éloigne trop de ce qu’ils trouvent acceptable, c’est la vente… et une cascade peut s’ensuivre. En effet, la valeur boursière d’un titre (son « cours ») est le prix de la dernière transaction à la bourse, c’est-à-dire le prix de l’acheteur le plus offrant qui coïncide avec le prix demandé du vendeur le moins gourmand. Lorsqu’un mouvement de panique s’empare de quelques spéculateurs, ils sont prêts à se débarrasser de leurs titres rapidement, quitte à faire une vente de feu. Les autres spéculateurs, voyant que le prix baisse, vont abaisser leur prix demandé à leur tour afin de vendre rapidement pour éviter la catastrophe.

Accompagnée d’autres facteurs, cette panique crée un mouvement à la baisse (il en va de même à la hausse) jusqu’à ce que la raison des investisseurs rationnels reprenne le dessus sur le marché. C’est à ce moment qu’un titre, ou l’ensemble des titres – le marché –, atteint un creux et qu’il remontera parce les investisseurs considèrent qu’il y a des limites à la sous-évaluation…

Même si ce qui précède est simpliste car il y a plusieurs variables en cause, il s’agit tout de même d’une caractéristique importante des marchés boursiers.

Ce qu’on appelle la « finance comportementale » est tout ce qui s’éloigne des décisions qui seraient prises sur une base strictement rationnelle, par exemple, par un ordinateur. Les comportements observés des investisseurs sont teintés de toutes sortes de biais faisant en sorte que les marchés boursiers affichent des résultats exagérés.

Donc, bien que le ralentissement de l’économie chinoise soit bel et bien observable, son impact sur les marchés boursiers mondiaux amène des vagues trop importantes. Si on panique en sortant du marché, l’argent ne sera plus là pour profiter de la remontée… car IL Y AURA REMONTÉE… Regardez n’importe quel graphique de n’importe quelle bourse dans le monde, ça monte… à long terme!

Et lorsqu’on parle de sa retraite, on parle de long terme. Tant qu’il n’y a pas de transaction, il n’y a que des gains et des pertes sur papier. Il y a une augmentation ou une diminution de la valeur d’un portefeuille mais cette valeur varie, à la hausse et à la baisse, de minutes en minutes… Pourquoi s’inquiéter ? Ainsi, les soubresauts causés par l’économie de la Chine ne devraient aucunement affecter sa retraite… à moins qu’on ne l’ait mal préparée et qu’on soit obligé de sortir du marché. À qui la faute dans ce cas ?

 

À propos de ce blogue

Dany Provost possède une formation multidisciplinaire lui permettant d'avoir une vue d'ensemble d'une situation financière. Combinant l'actuariat, la fiscalité, le placement et une grande maîtrise de l'environnement Excel, son expertise lui a permis de développer plusieurs outils de modélisation complexes, notamment en optimisation fiscale et avantages sociaux. Il est directeur planification financière et optimisation fiscale chez SFL Expertise et est l’auteur des livres «Arrêtez de planifier votre retraite, planifiez votre plaisir» et «As-tu réglé ça?» Membre honoraire et expert désigné de l’Institut de planification financière, il est un collaborateur régulier dans les médias en plus d’être chroniqueur en fiscalité dans le journal Finance et Investissement.

Dany Provost