«Charlie»: tous concernés!


Édition du 17 Janvier 2015

«Charlie»: tous concernés!


Édition du 17 Janvier 2015

C'est d'abord à un autre thème que j'avais initialement consacré cette chronique, mais comment ne pas associer mon stylo aux millions, qui se sont déjà levés un peu partout dans le monde, après les tristes événements qui ont ébranlé la France il y a quelques jours... Dire que j'ai été bouleversée serait un moindre mot. Le sentiment ressenti est plus profond, plus intense et plus douloureux. Peut-être parce que je suis immigrée, peut-être parce que j'évolue dans une structure familiale et un environnement professionnel dont je ne cesse de vanter la richesse multiculturelle et multiethnique. Peut-être aussi parce que je ne suis qu'un être humain en quête d'amour et de partage et que je sens notre petite planète complètement démunie face à de telles démonstrations d'incompréhension, de violence aveugle et de barbarie.

Des citoyens s'expriment un peu partout dans le monde, y compris ici. Des policiers, des philosophes, des artistes, des économistes, des psychologues et des politiciens donnent leur avis, commentent et critiquent même parfois la politique de la France en suggérant des pistes de solutions. J'entends toutes sortes de choses. On parle d'immigration, mais ne sommes-nous pas, pour la grande majorité d'entre nous, des immigrés, même si ça remonte parfois à quelques générations ? On parle d'inégalités, mais même si l'on devient pauvre ou riche plus rapidement de nos jours, ces inégalités existent depuis la nuit des temps. On évoque aussi la politique d'intégration des immigrés, de la France en particulier, en omettant de mentionner que ce processus implique deux parties : le pays d'accueil bien sûr, mais aussi la personne qui a choisi, la plupart du temps en connaissance de cause, de s'y installer. La moindre des choses, me semble-t-il, serait d'accepter et de respecter les us et coutumes d'un pays qui en le recevant lui a aussi permis de fuir la misère, l'oppression et parfois même la torture et la mort.

Si vous êtes confortablement installé dans votre salon, admirant les eaux du lac Saint-François ou du Saint-Laurent au travers de votre baie vitrée, il est évident que vous ne pouvez pas évoquer l'art du «vivre ensemble» de la même manière que si habitiez un appartement dans certaines villes de la banlieue parisienne. La cohabitation y est difficile, le quotidien incertain et l'insécurité omniprésente. Une chose est sûre, c'est que nos frontières ne sont pas étanches et que, désormais, nul n'est à l'abri de tels débordements. Les tristes événements survenus il y a peu de temps à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Ottawa en sont la démonstration éclatante.