Vous perdez votre temps avec vos résolutions

Publié le 05/01/2016 à 11:46

Vous perdez votre temps avec vos résolutions

Publié le 05/01/2016 à 11:46

Et puis, les résolutions, vous tenez le coup? Ça vous gratte déjà entre les côtes? Je vous demande ça car en général, elles sont plus faciles à magasiner qu’à tenir. J’ai cessé de compter les listes de «résolutions à prendre pour 2016» publiées sur Internet ces dernières semaines.

J’ai vu beaucoup de smoothies, du kale et des légumineuses. Qu’est-ce que j’ai lu aussi, voyons voir… «Se coucher plus tôt». Papy n’ira pas se coucher après souper, tout de même! «Être plus patient». Peine perdue, vous le demanderez à mes patrons. Ça revient sous une forme ou une autre dans mes objectifs de début d’année depuis 2003.

Il y a évidemment les classiques: perdre du poids, arrêter de fumer, faire plus d’exercice, boire moins,…

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La plupart des engagements que les gens prennent en début d’année touchent la santé (alimentation, exercice, hygiène de vie). En deuxième position viennent les résolutions qui ont rapport à l’argent. Encore là, la même litanie: rembourser ses dettes, dépenser moins, épargner plus,… Et on finit par tomber sur LA fameuse liste des habitudes à abandonner qui fera basculer notre situation financière du côté de la lumière, et sur laquelle on trouve, tout en haut, «larguer le latte» et «élaguer les services de télécommunications» (au nom de tous les petits gourous de l’épargne, je voudrais remercier Starbuck d’avoir popularisé le café au lait à 5 $ et les fournisseurs de services sans fil et de câble de nous arnaquer tous les mois).

Vus souvent: «boire moins d’alcool» (encore) et «apporter son lunch au bureau». L’ami et collègue Pouliot me répétait hier que si je cessais complètement de boire du vin (qu’il appelle non sans dédain «ça»), j’atteindrais l’indépendance financière avant 50 ans. Je lui rétorque ici que s’il cessait de se sustenter à la foire alimentaire de la Place Ville-Marie tous les midis, il pourrait prendre sa retraite dans deux ans.

Et ses artères lui en seraient reconnaissantes. On attribue à l’alcool des vertus pour la santé, mais, à ma connaissance, aucune au quart de poulet-cuisse du restaurant Au Coq.

Mais on parle dans le vide. La journée où M. Pouliot portera un tablier, sa volaille aura des dents. Et quand je cesserai de boire un verre de blanc en cuisinant, je n’en aurai plus.

***

C’est reconnu, la plupart des gens auront abandonné leurs résolutions avant la fin du mois de février. Ils y dérogent une fois. Puis une deuxième fois. À la troisième, c’est comme si l’engagement n’avait pas existé. Il ne reste plus à sa place qu’un léger nuage de culpabilité, qui lui aussi aura vite fait de se dissiper.

C’est devenu une tradition vraiment ridicule. J’ai atteint le dernier trou de ma ceinture, «je vais réduire mes portions en 2016». La carte de crédit est pleine, «alors je vais rembourser mes dettes cette année». Je n’ai pas d’épargne, «je vais dépenser moins».

Les raisons pour lesquelles on échoue sont nombreuses, et encore en ce début de janvier, on ne manque pas de nous les rappeler, car en plus des diététistes, des kinésiologues, des médecins et des planificateurs financiers, il y a aussi cette forme de méta-experts qui se spécialisent dans les résolutions, dans l’art de les établir et de les tenir. Ils nous expliqueront qu’on doit formuler un engagement selon la formule «SMART» (simple, mesurable, ambitieux, réaliste, temporel); qu’on doit s’attaquer à une résolution à la fois; qu’on augmente nos chances de réussite en prenant l’engagement publiquement, etc. C’est bien, oui. Très bien.

Mais à quoi bon si les résolutions sont nulles?

***

Je vous ai déjà parlé de mon intoxication au discours «inspirationnel»? Un peu comme ces gens incapables de regarder une huître après avoir avalé un mollusque à la fraîcheur douteuse, je ressens toujours un léger haut-le-coeur quand on me présente quelque chose «d’inspirant».

Bien ma foi, j’ai lu durant les vacances quelque chose dans le genre qui m’a touché.

Dans ce texte (merci Valérie Lesage de l’avoir partagé), l’auteur nous rappelle qu’il est facile d’identifier des objectifs à atteindre. La question n’est pas de savoir où on veut aller, mais quelle souffrance sommes-nous prêts à endurer pour nous y rendre. On ne devient pas riche facilement, on ne connait pas une vie amoureuse épanouie sans effort, on n’arrive pas premier sans sacrifices, on ne peut connaître de succès en affaires sans y mettre beaucoup d’heures.

Autrement dit, il faut trouver de la satisfaction dans le processus. Un pensez-y-bien à l’heure des résolutions. On ne peut pas changer quelque chose dans sa vie sans une réflexion profonde, en amont. Alors vous perdez votre temps à prendre des engagements envers vous-même entre Noël et le jour de l’an, si cet engagement se limite à vouloir épargner davantage.

Comment on dit déjà, point de salut à l’intérieur de la zone de confort?

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.