Un conseiller financier pour chaque citoyen

Publié le 02/06/2015 à 11:42

Un conseiller financier pour chaque citoyen

Publié le 02/06/2015 à 11:42

Ma dentiste m’a rappelé encore récemment de me passer la soie dentaire tous les jours. À mon âge, c’est pourtant quelque chose que j’aurais dû intégrer. Mais vous savez comment c’est. Vous vous appliquez assidûment durant les premières semaines, puis vous vous relâchez graduellement, jusqu’à ce que ça devienne occasionnel. «Ce soir, c’est soir de fil dentaire!»

Je ne me suis pas chronométré, mais l’opération ne doit pas nécessiter plus de deux minutes. Je ne suis pourtant pas à deux minutes près dans ma banque de sommeil. De la paresse? Je me lève à 5h15 trois matins par semaine pour faire du sport. Si la soie dentaire pouvait, comme une séance intense au gym ou un cinq kilomètres de course, procurer un bien fait immédiat, ma dentiste n’aurait pas à me rappeler à l’ordre tous les six mois.

Bref, ce n’est pas très excitant.

Je n’en pense pas moins de l’éducation financière. Les gens sont trop peu informés en finances personnelles et j’ai mon idée pourquoi : ça les intéresse moins que La Voix. Bien que les bienfaits à long terme soient indéniables, il n’y pas de plaisir immédiat à s’informer sur le fonctionnement du REER et les dangers de l’endettement. C’est une corvée pour une majorité de gens.

Sur notre site Internet, on constate un intérêt indéniable pour les sujets qui touchent aux finances personnelles, mais j’ai l’impression qu’au-delà d’un certain public, ça passe moins. Sinon, pourquoi tout ce branle-bas en littératie financière?

Mercredi, ce sera la 6e Journée éducation financière organisée par l’Autorité des marchés financiers (AMF). Cet événement est l’occasion pour plusieurs organismes qui gravitent dans le domaine de l’éducation financière et la défense des consommateurs de se réunir et de réfléchir à des stratégies pour améliorer les connaissances financières du public.

L’AMF présentera lors de cette journée son plan d’action. Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais je m’attends à ce qu’on propose entre autres un cours sur la question au secondaire. J’ai aussi une idée de ce qu’on n’y retrouvera pas : une recommandation pour favoriser l’accès aux conseils financiers.

L’amélioration des connaissances financières de base, c’est excellent, tout comme il faut rappeler aux gens qu’il faut manger des légumes et faire de l’activité physique – ce qui n’empêche pas, du reste, l’embonpoint d’atteindre des proportions endémiques. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi inciter les gens à consulter un planificateur financier.

Les choix en matière de finances personnelles sont parfois complexes et ne coulent pas de source. Par exemple, bien des travailleurs ont récemment commencé à contribuer à un régime volontaire d’épargne retraite (RVER) sans remettre cet outil en question. Le RVER, une initiative de Québec, est forcément perçu comme une manière d’améliorer ses revenus de retraite. Qui dira aux travailleurs concernés qu’il aurait été plus avantageux pour eux d’y renoncer ? Je dirais la même chose de la contribution au REER, que l’industrie (et les médias aussi, j’en conviens) a élevé au rang d’obligation quasi morale. Le REER ne convient pas à tout le monde. Dans cet univers, c’est la règle du cas par cas qui prévaut, et il faut quelqu’un pour le rappeler.

Or, les services d’un professionnel de la finance s’inscrivent actuellement au rang de privilège. Ils sont offerts aux bons clients des institutions financières et parfois aux dirigeants et aux cadres d’entreprises par l’intermédiaire de leur régime d’intéressement. La majorité des Québécois, souvent ceux qui en ont le plus besoin, n’ont jamais consulté de conseiller financier. Il s’agit pourtant de la voie la plus efficace pour améliorer l’état de ses finances. L’indice Autorité, une mesure des comportements des Québécois en matière de planification financière, démontre clairement cet effet bénéfique.

Plutôt que vouloir les taxer davantage, pourquoi ne forcerait-on pas les institutions financières à offrir à chaque client une consultation annuelle gratuite avec un planificateur financier ? Ce serait un bon service à rendre, et les frais bancaires passeraient mieux, il me semble. Ou encore, pourquoi ne pas offrir un incitatif fiscal à ceux qui consultent un professionnel? Les gens qui s’abonnent au théâtre ou les parents qui inscrivent leurs enfants à des activités sportives ont bien droit à des crédits d’impôt.

La santé financière du public est souvent présentée comme l’une des pires menaces à peser sur notre économie. Alors, prenons des mesures à la hauteur du problème.

Après le médecin de famille, le planificateur financier de famille ? Pourquoi pas?

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La Banque Royale recule

Dans ce billet, je soulignais la grande créativité de la Banque Royale qui chargeait des frais lorsqu’un client détenteur d’un compte d’épargne remboursait sa carte Visa RBC ou son hypothèque RBC. Bref, la plus grande banque du pays appliquait un frais quand un client remboursait ses dettes à partir d’un compte d’épargne. Elle a fait volte-face, disant avoir écouté les commentaires de ses clients. Si elle avait d’abord écouté le bon sens, elle n’aurait pas eu besoin de reculer.

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Un cadeau sur mon cellulaire

Comme je vous le disais dans cet autre billet, les fournisseurs de services cellulaires multiplient les efforts pour conserver leurs clients en prévision de l’application d’un article du nouveau code qui régit l’industrie à compter du 3 juin. Les derniers clients qui sont liés à leur fournisseur avec une entente de trois ans pourront y mettre fin dès demain, sans payer les pénalités abusives d’auparavant. Après le bâton, les fournisseurs utilisent maintenant la carotte. J’ai reçu un message texte hier qui m’annonçait que je bénéficiais désormais des appels illimités partout au pays.

Et vous, avez-vous reçu un cadeau?

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.