Télé: de nouveaux tarifs qui font rire

Publié le 01/03/2016 à 11:45

Télé: de nouveaux tarifs qui font rire

Publié le 01/03/2016 à 11:45

Il y a moins d’un an, le Conseil de radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a mis son pied à terre. Il a dit: «Les enfants, ça suffit!» Ç’a été le silence, un instant. Puis ça s’est mis à glousser de plus belle.

Maintenant, arrêtez-les, ils vont bientôt mourir de rire!

Je parle bien sûr de Bell, Vidéotron et autres Rogers. Le CRTC les a forcées à offrir des forfaits de télévision de base à moins de 25 dollars, qui comprendraient des stations locales, éducatives ainsi que des canaux communautaires et d’affaires publiques. L’organisme leur a également ordonné de vendre les chaînes à la carte ou à l’intérieur de mini-forfaits d’au plus 10 canaux à compter du 1er mars. À partir du 1er décembre 2016, les entreprises n’auront plus le choix, elle devront offrir les deux options.

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Cette intervention du CRTC a pour objectif de donner plus de flexibilité au consommateur et de réduire sa facture.

Car encore maintenant, les chaînes télé sont offertes en bouquet de 10, 20, 30 et plus encore, que ce soit à la carte ou par thématiques. Ce n’est pas tant la taille des bouquets que certaines pratiques qui irritent le consommateur en moi. Par exemple, la vente croisée qui fait en sorte qu’il est impossible de s’abonner à RDS sans prendre aussi RDS2. Et je ne parle pas du minimum de chaînes canadiennes auquel nous astreint de nous abonner le CRTC. Mais bon...

Il fallait s’y attendre, les sociétés de télécommunications ont concocté des forfaits de base les moins intéressants possible. On y retrouve les chaînes qu’on peut facilement capter avec des antennes (TVA, SRC, CBC, CTV, V, plus des trucs que peu de gens regardent, et en dormant, comme les chaînes qui diffusent les débats à l’Assemblée nationale et à la Chambre des communes, par exemple). Le prix de ce forfait de base ne comprend pas le décodeur ou l’enregistreur numérique HD.

Vidéotron s’est limitée à annoncer pour le moment le bouquet de 10 chaînes au coût de 25$ par mois. Additionné au frais du forfait de base, ce n’est pas plus avantageux que la situation qui prévalait auparavant, particulièrement pour ceux qui profitent de rabais sur des services jumelés (Internet, sans-fil, téléphonie résidentielle). Bell vend des chaînes à la carte, mais comme le prix n’est pas plafonné, l’entreprise a choisi de les rendre prohibitifs. RDS à 10$ par mois? Avec une bonne saison du CH, ça passerait peut-être…

Mon avis est que le CRTC se cherche une raison d’exister. L’organisme paraît dépassé. Incapable d’encadrer les joueurs émergents venus de l’étranger, comme Netflix, il est bien mal placé pour resserrer le cadre de celui des joueurs locaux.

Quant à ces derniers, il est évident que c’est à leur corps défendant qu'ils se sont conformés aux nouvelles exigences du CRTC. Ils appliquent les règles, mais l’esprit n’y est pas. Ce qu’ils ont dévoilé aujourd’hui, ce n’est certainement pas une réponse adéquate à l’érosion de leur clientèle.

***

J’étais bien résolu à me débrancher du câble. Je consomme bien du Netflix, Radio-Canada offre son contenu sur Tou.tv, Télé-Québec est disponible avec des oreilles de lapin, alors que TVA et V, c’est non, à part pour Les beaux malaises. TV5? Il y a assez de Français au bureau. RDI? Les publicités de Car Cane (une cane pour s'extirper de l'auto), de lime à ongles à batteries et d’arrache-poils électrique me donnent l’impression de m’être égaré dans un glauque centre commercial un mardi après-midi.

Je pourrais m’ennuyer des chaînes américaines, mais pas tant que ça.

Bref, les planètes étaient alignées. J’avais commencé à m’informer sur les antennes. Mademoiselle Liberté, tendez les bras, j’arrive!

J’appelle Vidéotron, hier.

— «Bonjour, mon nom est Sandra, comment puis-je vous aider?»

— «Je veux cesser mon abonnement à la télé.»

— «Est-ce je peux vous demander pourquoi Monsieur?»

— «Je n’écoute plus assez la télévision pour justifier cet abonnement.»

— «Je peux vous offrir notre nouveau service de base.»

-«Madame, vous m’offrez de payer 25 $ par mois pour des chaînes que je peux capter avec des antennes.»

— «Mais si vous arrêtez votre abonnement, vous allez perdre votre rabais multi-service sur Internet. Il vous en coûtera 63$.»

— «Quoi? Alors, j’irai trouver de l’Internet ailleurs.»

— «Attendez-moi, je vais voir ce que je peux faire.»

— «...»

— «Monsieur, je vous offre l’Internet, le service de base et l’enregistreur numérique pour 68$.»

Cet appel m’a fait économiser 700 $ par année, mais j’ai le désagréable sentiment d’avoir tourné le dos à mademoiselle Liberté.

Je suis resté accroché au câble pour épargner sur le service Internet, mais la facture me coûte plus cher que si j'avais seulement Internet. Mais j'ai un enregistreur gratuit! 

J’aurais pu tenir mon bout…

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.