Subventionnons la fée des dents

Publié le 28/08/2018 à 10:00

Subventionnons la fée des dents

Publié le 28/08/2018 à 10:00

Chut! Attendez… On me souffle à l’oreille qu’un parti allait proposer durant la campagne l'instauration d'un programme temporairement appelé «fée des dents». Québec rembourserait aux parents en tout ou en partie l’argent qu’ils ont déposé sous l’oreiller de leurs petits chérubins qui ont perdu une dent.

C’est qu’elle pèse sur le portefeuille des parents, la petite dentition de lait de leurs rejetons. Québec rembourserait jusqu’à 10 $ pour une molaire d’un premier enfant. Pour encourager les parents à faire des bébés, l’aide sera bonifiée de 50 % pour les dents du deuxième enfant et de 75 % pour celles des frères et des soeurs qui s’ajouteraient.

Le futur gouvernement, si le parti est élu, serait moins généreux pour une dent d’en avant, dit-on. On parle de 7 $. La rumeur court que les dentistes, déjà à couteaux tirés avec l’État, se préparent à dénoncer cette mesure jugée discriminatoire pour les incisives et les canines.

Un enfant perd normalement 20 dents de lait. L’aide pourrait donc atteindre 164 $ pour le premier enfant, 246 $ pour le deuxième et 287 $ pour les autres. Les montants seraient non imposables et indexés à l’inflation.

Selon les informations qui m’ont été communiquées, mais cela n’est qu’une rumeur, rappelons-le, le remboursement sera aussi modulé en fonction du revenu familial. Les parents dont les revenus sont de moins de 56 579 $ auraient droit aux subventions maximums. À partir de là, l’aide diminuerait progressivement jusqu’à disparaître totalement à 102 564 $.

Des représentants patronaux, au fait des détails, seraient plus ou moins chauds avec cette dernière disposition du projet. Cela découragerait certains parents à faire des heures supplémentaires, ce qui risque de réduire la productivité des entreprises, dénoncent-ils.

Certaines membres influentes du mouvement féministe craignent pour leur part que des mères renoncent à retourner travailler après leur congé de maternité, de peur de perdre l’accès à ce programme. Bref, l’initiative, en incitant les femmes à rester à la maison, serait rétrograde.

Les organismes de protection de l’enfance soulèvent le risque potentiel que cela fait peser sur les petits. Certains parents pourraient être tentés, disent-ils, de faire arracher les dents de lait de leur enfant avant d’accepter une promotion professionnelle.

Évidemment, si le parti est porté au pouvoir et remplit sa promesse, cela obligera les planificateurs financiers à mettre à jour leurs outils d’optimisation. Comme il prévoit de verser moins d’argent pour les dents des enfants dont les parents gagnent un meilleur salaire, le programme «Fée des dents» pourrait encourager des contribuables à cotiser davantage à leur REER. Si la mesure est implantée, elle figurera à coup sûr au programme du prochain congrès des fiscalistes.

Rappelons que les sommes versées au compte d’épargne retraite sont soustraites du revenu imposable. En plus d’une déduction fiscale, un dollar supplémentaire de contribution REER pourra donc, dans de nombreux cas, donner droit à une bonification de la subvention pour une dent de lait.

Comme «toute est dans toute», les dollars supplémentaires versés dans les poches des parents devraient faire augmenter leur consommation, donc les revenus fiscaux provenant de la taxe de vente, ce qui financera une partie de la mesure. Pour couvrir le reste, on songe abolir les crédits d’impôt pour les gens vivant seuls, qui ne valent qu’un vote.

La gestion du programme pourrait poser certains défis, note-t-on. Une nouvelle annexe serait ajoutée à la déclaration de revenus. Elle ressemblerait à certains modèles de rapport d'examen dentaire, avec un schéma de la bouche et de la dentition. Les parents qui en bénéficieront seront appelés à conserver les dents de lait dans un petit sac ziploc identifiées et datées pendant une période de sept ans.

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Tchu-tchut… Ah! Il y a de nouveaux développements! Au fait de cette proposition que le parti adverse s’apprête à annoncer, l’autre formation politique lèvera le voile, apprend-on, sur un projet concocté dans le plus grand secret. On parle de l’arme ultime pour s’attirer la faveur des électeurs, notamment en banlieue. Il s’agirait d’un programme destiné à préserver l’ego des enfants et l’apparence de leurs parents.

C’est formidable, ce serait un crédit d’impôt non remboursable pour financer la tenue des fêtes d’enfants. La première ébauche de ce projet prévoyait un crédit dont les parents pourraient se prévaloir chaque année jusqu’au 18e anniversaire de leur descendant, mais comme le coût de la mesure s’annonçait trop salé, on aurait plutôt décidé de limiter l’aide financière aux moments importants de la vie de l’enfant: à un, cinq, dix et seize ans.

Il faudra démontrer qu’on a véritablement organisé une fête. Il faudra conserver les factures des services des maquilleuses et des prestidigitateurs, ainsi que celles de la location de jeux gonflables et des fontaines de chocolat. Le montant de l’aide pourra atteindre 2500 $.

La dernière mouture du projet mentionne que le gouvernement dépêchera un clown sur place.

Des mesures concrètes!

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.