S’endetter à cause du prix du papier de toilette?

Publié le 12/06/2018 à 10:52

S’endetter à cause du prix du papier de toilette?

Publié le 12/06/2018 à 10:52

Qu’on soit avec de la famille, des amis ou des collègues, il suffit de discuter le moindrement longtemps pour que le sujet finisse par surgir. Il y a toujours quelqu’un pour faire dévier la conversation et se targuer de ses petites économies qu'il a su réaliser sur des achats.

«Elle est jolie ta nouvelle veste.»

«Ah, merci! Elle était en solde.»

Ce n’est pas anodin. Un phénomène se produit du seul fait d’évoquer à voix haute un rabais dont on a su profiter. Un mécanisme de validation se met en marche. Le «Ah, merci!» exprime moins de la gratitude à l’égard du compliment reçu qu'envers la porte qui nous est ouverte, l’occasion tant attendue de chasser les derniers soupçons de culpabilité qui minent un plaisir trop éphémère. «C'était en spéciaaaal!»

Le processus peut être plus direct. Il y a des gens qui nous abordent comme ça, sans préambule, «regarde ce que j’ai acheté, tout était à 50% de rabais», comme si en plus d’avoir garni leur penderie, ils avaient engraisser leur compte de banque.

Ici, l’achat à l’origine de la culpabilité et le rabais libérateur sont liés par un même objet, le vêtement. Le plus amusant cependant, c’est lorsqu’il y a déconnexion. On le fait tous. Des économies réalisées à gauche nous déculpabilisent pour des achats moins raisonnables effectués à droite.

De ce point de vue, les circulaires débordent d’indulgences. Je pense à cette coquette et efficace mère de famille non peu fière d’économiser 25 $ à chacune de ses visites à la pharmacie et de ne jamais acheter du papier de toilette qui n’est pas en solde, ah ça non! Pour elle, c’est autant d’argent libéré pour des acquisitions plus satisfaisantes, comme une robe, elle aussi bradée.

On se demande qui achète encore du papier-cul à plein prix, vu qu’il y a toujours une marque soldée chez l’une ou l’autre des grandes chaînes de pharmacie. Idem pour les fringues. Qu'importe...

Ça ne s’équilibre pas toujours au bout du compte. Je ris encore en pensant à ce bon pote qui nous expliquait sa stratégie pour épargner 1,50 $ de transport en commun pour aller claquer le soir même une petite fortune dans une bouteille de vin. Les deux ne sont pas forcément liés, mais c’est drôle de se donner cette peine pour épargner si peu, alors qu’on peut dépenser sans compter peu de temps après.

Ça me ramène au prix de l’essence dont on a abondamment parlé dans les journaux récemment. J’avais apporté mon grain de sel au débat. On m’a rapporté par la suite que Costco, qui vend de l’essence à prix très concurrentiel, envoie de temps à autre à ses clients des notifications pour les aviser d’un rabais de cinq cents le litre, pour une durée limitée. Il n’en faut pas plus pour que des files interminables se forment aux pompes. Les automobilistes détenteurs de la carte de Costco n’ont pas peur de s’infliger un détour et faire la queue pour épargner 4,75$ d’essence au plein d'un véhicule qu’ils ont payé le gros prix. Je ne suis pas sûr qu’ils se donneraient autant de mal si on leur proposait de les payer la même somme pour se balader, sans but, une demi-heure en voiture.

Les petites économies ont cette capacité de donner à ceux qui les réalisent le sentiment d’avoir le contrôle sur leurs finances. Ce qui fait déraper un budget, on en conviendra, ce n’est pourtant pas de payer son essence ou son papier de toilette plus cher, du moins quand on n’est pas serré.

C’est le plus souvent quand cette rigueur budgétaire est inhibée par le terrain gazonné du voisin, par l'ensemble d’options que fait miroiter le vendeur de chars ou par les amis qui voyagent chaque année.

***

Je sais, je fais une fixation sur les autos. Je pense que je devrais m’en acheter une pour me soigner. Un dernier mot tout de même sur les tendances de l’heure dans le domaine, qui se reflètent dans la publicité.

Je pose la question: que faisions-nous avant l’arrivée des systèmes de conduite autonome? Il me semble qu’on ne voit que ça à la télé, des petits couples qui évitent in extremis d’emboutir une benne à ordure ou de frapper un bambin à bicyclette grâce à «l’intelligence» de leur voiture capable de freiner d'elle-même devant un obstacle.

C’est encore Nissan tout de même qui remporte la palme, avec sa série Star Wars. Avez-vous vu celle où le conducteur, s’imaginant habité par la Force, lève les mains de son volant (de deux centimètres) pour abandonner le contrôle de la voiture au pilote automatique, alors que son véhicule s’apprête à dépasser n’ont pas un, mais deux camions-remorques de 20 mètres, par le milieu. Comme s’il allait pilonner l’Étoile noire!

C’est vrai que la qualité des cours de conduite n’est plus ce qu’elle était…

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.