Pourquoi vous devez faire déverrouiller votre téléphone cellulaire

Publié le 01/12/2017 à 06:00

Pourquoi vous devez faire déverrouiller votre téléphone cellulaire

Publié le 01/12/2017 à 06:00

Pierre-Yves serait fier de moi. J’ai usé mon iPhone 5 jusqu’à la corde. Avec un peu de volonté, j’aurais pu le bricoler et changer sa pile pour 25 piastres, mais l’appareil qui date de 2012 montrait quelques signes inquiétants de fatigue.

Puis vous conviendrez avec moi, après cinq ans avec le même téléphone, on peut s’en permettre un nouveau sans se demander En as-tu vraiment besoin?

Je dois tout de même confesser, j’attendais avec impatience l’arrivée du iPhone X.

Il est sorti depuis un mois. Alors j’ai acheté le modèle… de l’année dernière, le iPhone 7. Pas que je suis pauvre. J’ai les moyens de payer le téléphone haut de gamme, mais je ne me fais pas à l’idée de débourser autant d’argent pour un téléphone. Je ne sais pas ce qui me gêne le plus entre payer une somme pareille et être vu avec un appareil de ce prix-là. Parce qu’on ne se mentira pas, on n’achète pas un iPhone X seulement pour le plaisir d’envoyer des émoticônes animés et de regarder un écran total surmonté d’un petit toupet carré. Il y a quelque chose de vaniteux et d’ostentatoire à dégainer une plaquette de plus de 1500 dollars avec taxes, particulièrement dans le métro.

Quant à l’autre modèle récent, le iPhone 8, son revêtement de verre, comme le X, m’a rebuté. Ah! c’est beau, mais dès qu’on l’échappe, il y a de quoi pleurer. Remettre cette petite chose en état est prohibitif: 450 dollars pour un dos cassé. Si on ne peut plus répondre à une invitation à souper de sa maman sans être nerveux… Avant que vous demandiez, c’est «non». Je n’endure pas ces étuis de protection qui encombrent davantage les poches. Il y a des aspects pratiques sur lesquels je ne veux pas faire de compromis. 

***

Ça fait donc un mois que je trimbale mon vieil iPhone tout neuf, payé sans doute encore trop cher, mais subventionné par le fournisseur en échange d’un forfait de données gonflé auquel je suis attaché pendant deux ans. Je n’ai rien contre ces ententes, au contraire, elles permettent d’échelonner le paiement de l’appareil sur 24 mois.

Seulement, quand j’ai demandé que mon téléphone soit déverrouillé, la commis au magasin a refusé net. «À partir du 1er décembre Monsieur», m’a-t-elle répondu. Justement! Pourquoi me faire revenir dans un mois? Je parie qu’encore hier, elle disait la même chose aux clients.

Par «déverrouillé», je veux dire «débarré». Et débarrer un téléphone, ça ne veut pas dire déverrouiller comme lorsqu’on dépose un doigt sur le lecteur d’empreinte digitale pour accéder à son contenu. Lorsqu’on achète un mobile chez un fournisseur, celui-ci empêche par une méthode logicielle d’utiliser son téléphone chez un autre fournisseur. Aussi longtemps qu’il est verrouillé, un iPhone, ou n'importe quel appareil Android acheté chez Rogers ne peut pas fonctionner chez Bell ou Vidéotron, et vice versa. Mais on peut le faire débarrer.

Jusqu’à hier, il fallait payer pour cette opération (une cinquantaine de dollars, parfois plus). À partir d’aujourd’hui, vous pouvez faire débarrer votre téléphone gratuitement chez votre fournisseur de service. Celui-ci y est tenu par le CRTC. L’organisme fédéral l'oblige aussi à ne vendre désormais que des appareils déverrouillés.

Inutile de vous dire, si vous achetez un téléphone dans les prochaines semaines, assurez-vous qu’il est conforme aux règles du CRTC. Et si vous en possédez un encore bloqué, faites-le débarrer.

L’avantage le plus évident est que vous pourrez utiliser votre téléphone à l’étranger avec une carte SIM d’un fournisseur du pays, qui vous désignera un numéro de téléphone local et un forfait de données qui couvrira vos besoins pour la durée de votre séjour à l’étranger. Cette option est moins chère et plus pratique que les fameuses «trousses de voyage» que nos Rogers, Bell et Vidéotron nous proposent par message texte une fois qu’on est arrivé à destination.

Autre atout: vous n’aurez pas à vous préoccuper de faire déverrouiller votre téléphone si vous voulez l’offrir sur le marché de la revente.

Mais la principale raison de le faire, c’est que cela vous offrira un levier de négociation. Un client avec un appareil qu’il peut utiliser sur un réseau concurrent, c’est un client à la fidélité plus fragile. Peu importe qu’il soit au début ou à la fin du contrat, un client dont l’appareil est débarré est plus à risque d’être perdu. À plus forte raison lorsqu’il a pris la peine, dès que ça lui a été possible, de passer en magasin pour faire retirer le verrou. 

Pourquoi, encore hier, on ne voulait pas vous concéder un appareil sans menottes alors que vous auriez été dans vos droits de l'exiger le lendemain? Parce que les fournisseurs de services de télécommunications misent sur un phénomène sur lequel repose une bonne partie de leurs profits: l’inertie du client.

Prouvons-leur qu’ils ont tort.

Je vous invite à lire ce blogue du collègue Alain Mc Kenna: Votre fournisseur de sans-fil a trouvé un autre moyen de vous soutirer encore plus d'argent

Et cet article de notre collaboratrice Martine Roux: Cellulaire: trouver un forfait intelligent

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.