REER: Satan vous répond

Publié le 03/03/2017 à 08:31

REER: Satan vous répond

Publié le 03/03/2017 à 08:31

Je l’ai vu, votre air dubitatif. Il a été canalisé pour apparaître dans toute sa magnitude sur le visage du collègue Pouliot, qui, les yeux rivés vers le plafond, se grattait la tête et tournait les chiffres dans tous les sens. Le petit problème de mathématique présenté dans ma dernière chronique n’était pas mal, hein?

Vous avez été plusieurs à douter du fait que le REER et le CELI étaient des abris fiscaux qui produisaient la même chose: du rendement à l’abri de l’impôt. Je vous rappelle humblement que ce n’est pas ma trouvaille, mais le fruit d’une analyse menée par un professionnel des plus respectés de l’industrie des services financiers. Je me suis contenté d’extrapoler sur ses conclusions, lesquelles ont été confirmées par quelques-uns d’entre vous. Les plus sceptiques ont pris leur calculatrice.

Pas le lecteur Martin qui m’a plutôt invité à reprendre mes maths de primaire, pour me suggérer ensuite: « Avant d'écrire un article sur laquelle (sic et sic) on a (sic) aucune compétence, assurez-vous que vous êtes bien coaché.»

Merci coach!

Suivez-moi sur Twitter / Pour lire mes autres billets

Certains ont vu dans mes propos une sorte d’hérésie, un blasphème contre la religion des finances personnelles. «Comment pouvez-vous encourager les gens à ignorer le REER, Satan!?»

Cette chronique n’était pas une incitation à bouder le REER, croyez-moi. Seulement, quand on tente de nous enfoncer le REER dans la gorge comme c’est toujours le cas en février, ça roule dans ma bouche et ça me donne des nausées.

J’ai reçu de nombreux commentaires et beaucoup de questions, que j’ai regroupés ici afin d’y répondre.

On m’a rétorqué à plusieurs reprises: le CELI est plafonné à 5500 dollars alors que dans le REER, la limite est bien plus élevée (18% du salaire, plafond de 26 010 $ pour 2017). Si on doit favoriser le CELI au détriment du REER, n’est-ce pas idiot de ne pas exploiter un pareil abri fiscal?

Effectivement, ce serait idiot d'ignorer le REER si on a les moyens de le remplir. Toutefois, les personnes qui devraient l'éviter n’ont souvent même pas la capacité financière de combler l’espace CELI. Alors la question ne se pose pas.

Dans la chronique précédente, nous disions que 600 dollars dans un CELI équivalent à 1000 dollars dans le REER. Plusieurs m’ont rétorqué: oui, mais celui qui cotise au REER obtient un remboursement d’impôt de 400 dollars, pas l’autre. En effet, mais à supposer que les deux épargnants ont chacun 1000 dollars dans les poches au départ, comme il n’a mis que 600 dollars dans le CELI, l'autre dispose encore de 400 dollars, autant que celui qui a reçu en remboursement d'impôt après avoir mis tout son argent dans le REER.

Sur le même thème. Oui, mais si celui qui a contribué au REER investit son remboursement d’impôt, il sort gagnant, non? Non, car l’autre qui a choisi le CELI peut lui aussi investir les 400 dollars dont il dispose. Disons «match nul».

Cela dit, mieux vaut réinvestir le remboursement d’impôt, toujours.

Un lecteur m’a fait part d’une observation très pertinente qui démontre que le choix de l’un des véhicules ne repose pas seulement sur des mathématiques: il est facile de piger dans le CELI; on serait beaucoup plus hésitant à le faire dans le REER en raison de l’impôt à payer sur le retrait. Juste! Le grand avantage du CELI peut se tourner contre l’épargnant du fait que l’argent soit plus accessible.

Parlant du CELI, les opinions divergent quant à l’usage qu’on devrait en faire. Beaucoup de spécialistes affirment qu’il devrait contenir l’épargne pour les projets à moyen terme. Ça va pour un temps, quand on commence dans la vie, mais vient un moment où y accumuler de petits intérêts devient ridicule. Le CELI est un outil formidable qui devrait servir à investir dans des titres de croissance, pas dans un compte à intérêts élevés ou un CPG qui offrent 1,5% d'intérêt. Cela reviendrait à louer une Ferrari pour rouler sur les chemins de terre qui mènent au lac Gorgotton.

Enfin, j’aimerais signaler une autre différence de taille entre le REER et CELI. Comme me l’a rappelé le collègue Pierre-Yves McSween, le REER fait partie du patrimoine familial. Pas le CELI.

Autrement dit, dans le cas des gens mariés, le REER doit être partagé en cas de divorce, mais pas le CELI. Et comme un mariage sur deux se termine mal (et deux sur deux pour certains)...

Suivez-moi sur Twitter / Pour lire mes autres billets

 

 

 

 

 

 

À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.