REER: évitez le piège des CPG

Publié le 19/01/2016 à 11:50

REER: évitez le piège des CPG

Publié le 19/01/2016 à 11:50

S’aventurer dans le journal ces temps-ci, c’est comme marcher dans un champ de bataille après les combats. On ne compte plus les morts, ça sent la déroute. L’hécatombe déborde rarement le cahier d’actualité internationale. Voilà qu’elle se propage dans les pages d’information économique, des sports et des arts!

On est au mois de janvier en plus. Toutes ces mauvaises nouvelles seraient plus faciles à encaisser durant la saison des BBQ et des terrasses, non?

Mais consolez-vous, c’est la saison des REER les amis. C’est le moment de l’année où le représentant de la banque daigne vous téléphoner pour prendre de vos nouvelles, ce qui est un événement. «Monsieur Germain, comment ça va? Au fait, allez-vous cotiser?»

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Ça vous tente moins cette année, hein? La Bourse, ce n’est rassurant pas depuis quelques mois. Les pertes des principaux indices avoisinent les 10 % depuis le début de l’année. Les perspectives pour la Bourse canadienne ne semblent pas très reluisantes compte tenu du prix des matières premières et du pétrole. Investir aux États-Unis? Avec un huard amputé d’une aile et d’une patte, c’est risqué, dites-vous.

Pas de problème! Il y a une autre possibilité qui saura atténuer vos inquiétudes. Je parie un chancelant dollar canadien qu’on tentera cette année de vous enfoncer des CPG dans le fond de la gorge. Il n’y a pas de meilleur moment pour vendre ces produits que lorsque le fond de l’air est morose. Qu'y a-t-il de plus rassérénant que des instruments financiers qui apportent «sécurité» et «capital garanti» dans une période d’inflation nécrologique et de volatilité boursière?

Le certificat de dépôt garanti n’est pas pour autant génial. Au contraire, c’est une trappe. Il sert surtout à capitaliser les banques, qui, de l’autre main, vous prêteront cet argent à un taux plus élevé.

La plupart du temps sous le niveau de l’inflation, le rendement des CPG est famélique et pleinement imposable (sauf dans le CÉLI et il le sera éventuellement dans le REER, quand vous décaissez votre argent). Les meilleurs taux d’intérêt offerts dépassent rarement 1,90% pour des CPG de cinq ans. Pour des termes plus courts, vous obtiendrez moins, souvent en bas de 1,5%.

Ce serait un moindre mal si votre capital n’était pas immobilisé dans ce produit pour des années. Et c’est là son pire défaut, il n’y pas moyen de déplacer ses billes quand une bonne occasion se présente. Vous êtes prisonnier. À cet égard, les fonds du marché monétaire sont une meilleure option.

Mais qu’est-ce que j’entends? « Il y a les CPG boursiers!». Ah la belle invention! En plus de garantir le capital, ces produits «vous permettent de profiter du potentiel des actions», pourrez-vous lire dans les documents promotionnels. Ils existent depuis un douzaine d’années environ et un peu comme la grippe, ils frappent plus ou moins fort selon les années. Comme les autres produits à capital protégé, la popularité des CPG boursiers gagne en vigueur quand la Bourse déprime.

Ils ont la prétention d’offrir le meilleur des deux mondes: tranquillité et rendement. Lisez bien les promesses, chaque mot compte. Par exemple, ce CPG Croissance mis de l’avant par BMO. Le produit offre jusqu’à 16% au terme de quatre ans. Les taux rendements sont habituellement présentés sur une base annuelle, ici sur quatre. Notez le «jusqu’à», qui n’est qu’une façon habile de dire «non garanti». Si le capital des CPG boursiers est garanti, leur rendement, contrairement à celui d’un CPG ordinaire, ne l’est pas. Le gain peut être nul en fait, et ce n’est pas exceptionnel.

Essayez de comprendre pourquoi ensuite. Bonne chance! Le rendement est tributaire d’un panier d’actions selon une formule absconse, et ça n’a souvent rien à avoir avec le comportement des marchés boursiers en général. Autrement dit, vous ne savez pas trop dans quoi vous investissez.

Ce qui est plus ironique dans tout ça, c’est que les actions auraient été plus faciles à vendre dans un marché boursier en surchauffe après une hausse ininterrompue de 24 mois. Bref, on vous aurait volontiers offert des fonds communs de placement sur la base des rendements des deux dernières années alors que les marchés sont au bord d’une correction.

En regardant les rendements des principaux indices depuis le début de l’année, 2016 commence vraiment mal. Et ça pourrait continuer de descendre. L’investisseur avisé observe cette chute avec le sourire. Il sait que cela augure de belles occasions, et qu’immobiliser son capital pour cinq ans serait la pire chose à faire.

On va pourtant tenter de vous convainre du contraire.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.