Pourquoi votre régime d'assurance collective rétrécit

Publié le 20/09/2016 à 10:30

Pourquoi votre régime d'assurance collective rétrécit

Publié le 20/09/2016 à 10:30

Sans être un as de l’informatique, je peux me targuer d’en connaître un peu plus que mes voisins de bureau immédiats sur la question. Ce n’est pas un exploit. Celui à ma gauche, lorsqu’il a participé à son premier appel vidéo FaceTime il y a deux ans, on aurait dit un personnage du film Les Visiteurs . «Hein! C’est magiiiiique!». Celui de droite est un late adopter comme on dit en techno. Sans l’entreprise pour lui fournir un iPhone, je ne pense pas qu’il aurait encore envoyé un seul texto de sa vie.

Tout de même, j’ai mes failles. Par exemple, en plus de 15 ans, je ne me souviens pas d’avoir tenté un seul transfert d’appel sans raccrocher la ligne au nez de mon interlocuteur.

Mais le pire, c’est lorsqu’il faut choisir la couverture de notre régime d’assurance collective. Il fonctionne selon un système de points que l’on répartit entre diverses options, selon nos besoins individuels. Chaque fois, je suis désemparé, l'air un peu sénile, je ne sais trop quoi faire. Alors, mine de rien, j’imite mon voisin de gauche comme un singe. Je mets le paquet sur l’assurance invalidité de longue durée et je me contente de la base pour le reste, à part les soins dentaires, ma dentiste brandit le spectre d’un traitement canal depuis deux ans.

C’est la chose à faire, il paraît, surtout si on n’a pas une protection personnelle. L’assurance invalidité de longue durée, c’est la raison d’être de l’assurance collective. Si le voisin l’a compris, je ne suis pas certain que ce soit le cas pour les autres. Et d’ailleurs, quand je regarde la brochure de notre régime d’assurance, je peux les comprendre. Les explications sur l’assurance invalidité sont reléguées après celles sur les soins médicaux et les soins dentaires.

Surtout, les gens vont d’abord s’attarder aux services qu’ils comptent utiliser. Avec deux gamins dotés de la dentition de Jacquouille la Fripouille (Les Visiteurs, encore), il est normal que des parents focalisent sur la couverture des soins dentaires. Les sportifs porteront leur attention sur les soins paramédicaux. Et les myopes, sur le remplacement des lunettes.

Mais l’assurance invalidité? Pour conjurer le mauvais sort, on passe vite. Et les probabilités sont si faibles.

Pourtant, la couverture des soins paramédicaux, des soins dentaires et des lunettes n’est pas logique. Sans la contribution de l’employeur au régime d’assurance collective, les assurés paieraient plus cher que les services qu’ils ont en retour. Pour chaque dollar versé en prestation par le régime, il en coûte environ 1,20$ de prime à l’employé et à son employeur. «C’est un non-sens actuariel», affirme François Desrochers, conseiller agréé en avantages sociaux et président d’Avanco, une firme qui se spécialise notamment dans la l’optimisation des régimes d’assurance collective.

Pourquoi? En assurance, un vaste groupe hétérogène de personnes paient des primes qui serviront à compenser le malheur qui ne frappera que quelques individus. La dynamique est différente en assurance collective, particulièrement dans un régime avec options comme le nôtre. Il est évident que les employés qui opteront pour des soins dentaires enrichis utiliseront le service, alors la prime est établie en conséquence. «On appelle cela « l’anti-sélection ». La majorité des gens du groupe vont réclamer», explique François Desrochers.

Avec les lunettes, c’est pire. Les probabilités ne jouent pas ici, les gens remplacent leurs lunettes. La totalité ou presque des assurés feront une réclamation, alors ces derniers paieront intégralement les lunettes à même leurs primes, en plus des frais d’administration.

Avec les primes d’assurance collective qui augmentent cinq fois plus rapidement que l’inflation, notamment en raison du coût des médicaments, le remplacement des lunettes, une pure perte en frais administratifs, et la couverture des soins dentaires, qui coûte plus cher qu’elle ne rapporte, vont peu à peu disparaître des régimes d’assurance collective, prédit François Desrochers.

Cela sera peut-être l’occasion pour les employés de s’attarder davantage à la couverture d’assurance invalidité. La probabilité que vous en ayez besoin est infiniment plus faible que celle que vous alliez vous faire détartrer les dents. Mais les conséquences financières ne sont pas du même ordre: une flatuosité à côté d’Hiroshima. Une invalidité persistante peut faire passer un individu et sa famille du confort à la misère crasse.

Sachez tout de même que l’assurance invalidité incluse dans les régimes collectifs a souvent des limites. La qualité de la couverture diminue radicalement après deux ans et elle ne conviendra souvent pas aux gens qui gagnent des revenus le moindrement élevés. Pour ceux-là, il est parfois mieux de renoncer à l’assurance collective, quand c’est possible, et d’opter pour une assurance personnelle plus adaptée. Mais c’est cher. Sinon, il est possible de compléter la protection collective par un produit individuel.

Et pour les autres, ce serait une bonne idée de faire comme le collègue de gauche et de privilégier la protection d’invalidité avant le remboursement des services du massothérapeute. Et de ne pas faire comme moi et d’attendre d’écrire une chronique sur le sujet pour comprendre l’étendue de sa couverture en cas d’invalidité.

Suivez-moi sur Twitter / Pour lire mes billets précédents

À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.