L'étouffante capacité d'emprunt des étudiants

Publié le 01/09/2015 à 11:40

L'étouffante capacité d'emprunt des étudiants

Publié le 01/09/2015 à 11:40

C’est beau de voir cette nouvelle cohorte de jeunes envahir les campus universitaires. Ça me rappelle mon déménagement dans mon premier appartement, à Québec. Toutes mes affaires, des vêtements, une lampe, un rudimentaire trousseau et beaucoup de mélamine, tenaient dans une minuscule remorque attachée à une voiture. J’allais me priver du câble, de la piscine, du frigo plein à ras bord et du légendaire bouilli de légumes de mon père, mais qu’est-ce que j’étais excité!

L’événement a nettement marqué ma mémoire, car en chemin, la base de lit a débarqué sur l’autoroute 40, un peu cahoteuse dans ce temps-là à la hauteur de Trois-Rivières. Embarrassés, mon frère et moi avons dû nous garer sur l’accotement pour récupérer le bout de métal abimé qui gisait sur la chaussée. L’opération aurait pu tourner en un ridicule fait divers. On s’en est tiré avec une petite frayeur, quelques coups de klaxon et une anecdote à raconter.

C’est littéralement la première bosse que j’ai rencontrée sur le chemin qui m’a mené à l’indépendance. Je n’étais pas au bout de mes peines, car des bosses, j’allais bien sûr en rencontrer d’autres par la suite, mais au sens figuré. Et c’est ce qui attend tous les étudiants qui ont franchi pour la première fois la semaine dernière les portes de l’université.

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Quitter la maison familiale pour entreprendre ses études universitaires est une expérience particulière au cours de laquelle on oscille entre l’ivresse de la liberté et l’angoisse de ses nouvelles responsabilités. On peut remplir le frigo et les armoires comme bon nous semble, gérer son horaire à sa convenance, on est maître chez nous. De l’autre côté, il faut gérer un budget limité, payer ses factures et apprendre à vivre en colocation.

Quand on entre à l’université, l’apprentissage ne se fait pas seulement sur les bancs d’école, et comme on sait, il s’agit d’un processus ponctué d’erreurs. On peut toujours rire d’échapper une partie de sa cargaison sur la route, ou de faire flamber des pizzas-pochettes. Être cassé à la fin du mois parce qu’on a fait des choix budgétaires discutables, ce peut être une expérience constructive. Mais il y a des bévues dont on se remet moins facilement.

Je pense entre autres à l’endettement.

Durant mes années universitaires, le prêt étudiant était le seul moyen de contracter des dettes. Il n’y a aucun doute dans mon esprit, il s’agit là d’une des formes d’endettement les plus acceptables qui soient. Un peu comme celui qui emprunte pour démarrer une entreprise ou acheter un immeuble à revenu, l’objectif est d’améliorer son sort à long terme, de profiter d’un effet levier pour se lancer dans la vie adulte.

Mais c’est comme n’importe quel type d’emprunt, cela peut se tourner contre nous. On a tous connu des gens pour qui ç’a mal tourné. Il y a ceux, se croyant immensément riches dès qu’ils voient apparaître 2000 dollars dans leur compte, en dilapide le contenu, bien qu’il soit emprunté. Et ces autres qui accumulent les dettes en vivotant d’un programme à l’autre et qui n’en viendront à bout qu’à l’approche de la quarantaine, ou même au-delà.

Aujourd’hui, la capacité d’emprunt des jeunes est plus importante qu’il y a 20 ans. En plus des prêts étudiants, ils se voient offrir des cartes de crédit dès leur entrée à l’université. J’ai appris que les institutions financières organisent des cocktails au cours desquels ils proposent aux étudiants une marge de crédit dont la capacité est fixée en fonction de leurs revenus futurs!

Futurs ingénieurs, vétérinaires, médecins et dentistes, par ici le verre de vin! Je ne sais pas si c’est pour leur donner un avant-goût du style de vie auquel ils aspirent. Toujours est-il qu’ils peuvent ainsi s’endetter tout au long leurs études, n’ayant pour obligation que de rembourser les intérêts jusqu’à la remise des diplômes. Un étudiant en médecine peut ainsi terminer ses études avec une dette de 100 000 dollars et plus sur une marge de crédit. Il a intérêt à lancer sa pratique au plus vite!

Lire Ces étudiants inondés d'offres de crédit

Tous les ingrédients sont réunis pour entrer sur le marché du travail avec un boulet financier.

Ou au contraire, apprendre à bien administrer ses affaires. Pour aider les étudiants à prendre de meilleures décisions financières et leurs parents à mieux les encadrer, le magazine Les Affaires Plus, le site Internet de Les Affaires et le journal Métro ont publié des reportages et une série d’articles-conseils. Je vous propose quelques liens plus bas.

On entendra beaucoup parler dans les prochains jours des rites initiatiques que les finissants universitaires vont infliger aux nouveaux. Mais beaucoup moins de la torture financière à laquelle certains d’entre eux se préparent.

C’est moins drôle.

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Destinés au parents, abonnés au magazine Les Affaires PlusRecette (presque) facile pour étudiant

Sur le site Les Affaires: 

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Le dossier sur la rentrée scolaire publié par notre partenaire, le journal Métro.

À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.