Les maths réinventées selon Nautilus Plus

Publié le 02/09/2016 à 08:11

Les maths réinventées selon Nautilus Plus

Publié le 02/09/2016 à 08:11

«Vous êtes venu 91 fois au cours des 8 derniers mois».

Ah oui? Ma foi, je ne pourrais pas vous dire en me tâtant. Pas la moindre trace de veines saillantes sur les biceps. Les côtés du tronc restent désespérément parallèles. Et que dire de ce persistant bourrelet...

Squats, deadlifts, barbell curls, ab crunchs, bench press … rien n’y fait. Je dois me résoudre à cette conclusion: je n’ai pas une génétique de boxeur. À moins que ce ne soit les 40 heures assis devant l’ordinateur qui fassent obstacle au six-pack et au corps en forme de «V»? L’explication se trouve peut-être aussi dans le nombre de points de ma carte «Inspire», qui grimpe à un rythme qui me vaut une certaine admiration chez le personnel de la SAQ…

Voilà, mon gym, Nautilus Plus, a annoncé lundi une nouvelle formule d’abonnement qui récompense les clients assidus: 1,50$ par visite. Le collègue Matthieu en a fait une nouvelle. Évidemment, je suis allé m’enquérir de l’offre. Avec ma moyenne de 2,6 fois par semaine (j’y vais 3 ou 4 fois par semaine, mais je m’abstiens au moindre rhume et je prends congé durant les vacances), c’est une économie annuelle de 200 dollars, «ce qui n’est pas rien», pour reprendre l’expression en vogue à la Première chaîne de Radio-Canada.

Je n’avais pas beaucoup d’espoir. Je paie le même tarif corporatif depuis une dizaine d’années, un prix nettement moins élevé que celui de l’abonnement «Boomerang», qui s’élève à quelque 650$ par année. Je voulais tenter de profiter de l’effet boomerang en conservant mon tarif actuel. Je n’ai pas fait ma crise quand on me l’a refusé, ce n’est tout de même pas avec un service à la clientèle délocalisé à Bangalore avec qui je fais affaire, mais un type que je vois chaque semaine.

Bien que sympathique, je vois bien qu’il essaie de me perdre en me présentant le tarif sur une base de deux semaines (25$ aux deux semaines), puis par mois (donc 50$ par mois, comme si tous les mois étaient février, non merci!). La manoeuvre fonctionne peut-être avec les clients qui abusent des suppléments Popeye, mais pas avec moi.

Pour obtenir le 1,50$ par visite, je devais donc prendre l’abonnement «Boomerang» avec le tarif qui vient avec. Par contre, on me fait valoir que si j’augmente la fréquence de mes visites, je pourrais tirer un avantage financier. Mais pour ça, il faudrait que j’aille au gym les week-ends, le moment où je suis dans le processus inverse, c’est-à-dire où je m’applique à bousiller mes efforts de la semaine. C’est une des raisons pour lesquelles je fréquente le centre d’entraînement et que je mange de la laitue et des légumineuses: pouvoir abuser de la vie sans remords les vendredis et les samedis.

Elle est astucieuse cette nouvelle approche. Du moins, elle s’inscrit dans le message qu’a toujours véhiculé Nautilus Plus: «On entraîne les résultats». Le remboursement de 1,50$, est présenté comme un élément de motivation. C’est aussi une manière de faire miroiter un abonnement moins cher («Ça te coûtera 35$ par mois si tu viens trois fois semaine»).

Comme l’explique le collègue Matthieu, le réseau de centres d’entrainement subit une forte compétition d’Éconofitness, dont l’abonnement mensuel débute à 10,75$. À ce prix là, il faut payer un supplément pour prendre sa douche.

Un membre «Boomerang» de Nautilus Plus devra s’entraîner 347 fois par année pour réduire le coût de son abonnement à ce niveau, ce qui donne cinq petites journées de répit par année… même un athlète olympique ne s’entraîne pas autant.

Est-ce qu’une personne fréquentera le centre d’entraînement plus souvent parce qu’on lui donne 1,50$ chaque fois? Permettez-moi d’en douter. Ceux qui en profiteront sont ceux qui sont déjà motivés, pas les autres. Il aurait été préférable à mon avis de réduire le coût de l’abonnement pour tout le monde et d’améliorer le service, comme offrir une heure gratuite avec un entraîneur deux fois par année. Mais c’est vrai que ç’aurait donné plus de boulot aux gens du marketing. À 35$ par mois, c’est encore trois fois plus cher que le concurrent… Comment constuire un message alléchant autour de ça? Impossible!

Alors, si vous avez envie de vous remettre en forme et que vous voulez essayer le centre d’entraînement, voici quelques conseils personnels pour ne pas gaspiller votre argent.

•Si vous commencez, ne vous engagez pas dans un abonnement d’un an.

•Généralement, vous en avez pour votre argent. L’idée de payer 10,75$ vous intéresse? À ce prix, vous êtes laissé à vous-même. Je ne vous recommande pas de débuter sans l’aide d’un entraîneur. À première vue, les gyms à rabais sont pour les débutants, mais c’est tout le contraire. Le débutant a intérêt à payer pour du soutien et des conseils.

•Allez visiter le centre à l’heure où vous comptez vous entraîner? Est-ce que la clientèle risque de vous rebuter. Par exemple, est-ce que le plateau est envahi d'hommes de Cro-Magnon? Le type de clientèle change selon les heures. Et les vestiaires, est-ce qu’ils vous lèvent le coeur?

•On va se le dire: le gym, ça peut être très ennuyeux. Avant d’envisager de vous entraîner dans un centre sportif, regardez l’ensemble de l’offre. Il y a plein de petits centres qui se spécialisent dans l’entraînement en groupe. Ce pourrait être plus intéressant pour vous. 

Le plus économique restera néanmoins de vous débarrasser d’une auto et de vous transporter à pied ou à vélo. Ce serait un bon début. 

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.