La chanson d'la correction

Publié le 06/02/2018 à 11:55

La chanson d'la correction

Publié le 06/02/2018 à 11:55

De mon regard bovin, j’ai vu filer le train

Et la locomotive, c’était les titres américains!

«SVP… Quelqu’un peut faire taire ce "poète"?»

Pendant que le Dow Jones enfilait les records

J’étais envahi par les remords, qu'est-ce que j'ai eu tort!

«Assommez-le, quelqu’un lui pète?»

OK, je suis désolé, excusez cette envolée

Ce doit être ces soudaines turbulences des marchés boursiers

«Aaaaargh! Vite de l’essence, des allumettes…»

Sérieusement, mais qu’est-ce qu’on a été patient!

Pas pour cet élan poétique, mais pour ce petit vent de panique

Depuis longtemps déjà, on regarde les marchés aller 

Et on s'est dit «Ça va tomber, ça va tomber»

Dans les journaux ce matin, y’a pas personne qui ne soit content

C’est vous dire qu’il était temps

On attendait cette débandade comme un printemps

De ce poème, je vous fais don

Et il s’appelle «La chanson d’la correction»

Ah!

Granby, Petite-Vallée, à moi!

«… de quoi regretter le temps de la baïonnette»

(S’cusez-là!)

***

Ne vous sentez-vous pas léger, vous? Moi? Je ne vous dis pas… Imaginez maintenant quand j’aurai terminé l’atelier d’écriture de Gilles Vigneault.

Je vais faire un disque avec des chansons sur les REER, la Bourse, le budget et peut-être l’assurance vie. J’imagine aussi un album «prog», assez cérébral, dans lequel j’explorerais des thématiques obscures comme les produits dérivés et l’analyse technique. Et là, je pourrais peut-être faire le concert de clôture du congrès des fiscalistes. J’inviterais mon pote Pierre-Yves à me rejoindre sur la scène, il sait jouer de la guitare lui. Moi, mon instrument, c’est le gazou. On entonnerait sa toune «Le coût de renonciation». Des madames frénétiques nous tendraient des états de compte dans l’espoir qu’on y appose nos autographes. On pourrait gagner un trophée de l’Adisq dans la catégorie «chanson de finances personnelles»… On serait riche, on ne poserait plus cette maudite question, En as-tu vraiment besoin?

It’s a long way to the top if you wanna rock ’n’ roll…

«Daniel, réveille!»

***

Oups!

Qui l’aurait cru tout de même! Les bourses plantent et tout le monde est content. Pour vous dire comment nous étions mûrs, il a fallu trouver un déclencheur non pas dans les symptômes d’une économie mal en point, mais dans les signaux qu’elle va trop bien! Les gens travaillent comme jamais, ce qui fait craindre l’inflation, ce qui fait remonter les taux d’intérêt, ce qui rend les obligations plus attrayantes et les actions, gonflées à l’hélium, beaucoup moins! Sérieux? Y a-t-il quelqu’un qui avait prévu que ça se passerait comment ça?

Combien de temps a-t-on attendu que les marchés redescendent? Un an? Deux ans? Déjà en 2014, les experts nous avertissaient: «Le marché haussier dure depuis cinq ans, ça ne peut pas durer». On nous a servi la même rengaine l’année suivante. L’autre après, aussi. Et encore en 2017.

Je m’étais joint au concert, à peu près à cette période, l’année dernière. Donald Trump venait d’être assermenté. Ça ne pouvait que mal aller. J’hésitais à investir, vous disais-je. Je n’ai pas vendu mes positions comme certains malheureux, mais je ne les ai pas renforcées. Une bonne partie de mes nouvelles cotisations REER et CELI n’ont pas été investies.

Alors j’ai regardé la Bourse américaine filer durant toute l’année. Chaque nouveau sommet atteint par un des principaux indices américains (Dow, S&P 500 et Nasdaq) me laissait dubitatif, et ce jusqu’à la fin de l’année pour réaliser à ce moment que j’avais raté une montée de 20%.

Il y a 10 jours encore, les experts affirmaient que, alimentée par les baisses d’impôt aux États-Unis, la Bourse américaine pouvait poursuivre sa lancée une bonne année encore. Quelqu’un qui a poireauté comme moi sur les lignes de côté pendant un an pourrait se dire qu’il ne s’y fera plus reprendre. Puis entrer dans le marché, et boom! Correction.

Bref, ce n’est pas une bonne idée d’essayer de prévoir le marché, il n’y a souvent rien à comprendre.

Toutefois, une petite correction comme celle-là représente toujours une belle occasion de réfléchir. Si je n’ai pas osé investir davantage l’année dernière, peut-être je surestime ma tolérance au risque. Et mes capacités à gérer moi-même mes placements?

Je pourrais confier tout ça à un pro et profiter de mon temps à la chanson.

Vous n’en seriez pas heureux?

Parce que vous ne m’avez pas encore entendu!

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.