Je me souviens comme si c’était hier du déménagement dans mon premier appartement, à Québec.
Toutes mes affaires tenaient dans une minuscule remorque attachée à la voiture de l’ami de mon frère aîné. La base de lit a débarqué sur l’autoroute 40, un peu cahoteuse à la hauteur de Trois-Rivières. Les véhicules qui nous suivaient ont dû zigzaguer pour l’éviter.
Nous nous sommes garés sur l’accotement pour la récupérer. Téméraire, l’opération aurait pu tourner en un fait divers ridicule, mais elle n’a fait ni morts ni blessés. On s’en est tiré avec une petite frayeur et quelques coups de klaxon.
C’est littéralement la première bosse que j’ai rencontrée sur le chemin qui m’a mené à l’indépendance. Je quittais pour de bon le nid familial de Shawinigan pour aller à l’université. Il y aura beaucoup d’autres bosses, au sens figuré.
Des écueils, il y a en plein l’horizon lorsqu’on part de chez ses parents. C’est la vie qui commence, quoi.
Des milliers de jeunes abordent ces jours-ci cette étape avec la rentrée au cégep ou à l’université. Une étape délicate, car les étudiants doivent composer avec de nouvelles responsabilités tout en héritant d’une liberté à laquelle ils n’avaient pas goûté jusqu’alors.
C’est vrai que les deux vont de pair. Ils doivent bien sûr réussir leurs études, mais il leur faudra aussi faire face à leurs premières obligations financières.
Ils signent pour la plupart leur premier contrat, un bail, avec des partenaires, les colocs. Ils décideront du contenu du frigo. Ils auront des comptes à payer et un budget à gérer. Plusieurs verront pour la première fois une somme importante apparaître dans leur compte de banque grâce aux prêts et bourses.
C’est aussi l’âge où on commence à travailler et à être sollicité par les institutions financières. Jamais auparavant les étudiants n’ont eu pareil accès au crédit. Imaginez, les étudiants en médecine se font offrir des marges sur la base de leurs futurs revenus!
Bref, tous les ingrédients sont réunis pour démarrer dans la vie avec un sérieux handicap sur le plan