L'amour au bureau et son impact sur vos placements

Publié le 15/12/2015 à 11:55

L'amour au bureau et son impact sur vos placements

Publié le 15/12/2015 à 11:55

Si ce n’est votre raison, un ami raisonnable aura vite fait de vous lancer l’alerte: succomber pour un ou une collègue de bureau est tel un billet aller simple pour le pays des complications. Mais l’amour arrive parfois à y trouver son chemin, et c’est ainsi qu’un flirt autour du photocopieur peut se transformer en une relation solide. On connaît tous au moins un couple qui s’est formé au travail.

À ceux-là, on est tenté de prodiguer quelques conseils. Par exemple, il n’est pas mauvais d’envisager la vie dans des appartements séparés. Vous me direz que je m’écarte de mon domaine, et vous avez entièrement raison.

Je conseillerai alors ceci: vous avez intérêt à avoir en réserve plus de liquidités qu’un autre couple qui n’est pas lié par le même employeur. La raison en est fort simple: travailler au même endroit représente un risque financier insoupçonné.

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J’ai connu des couples journalistes qui ont mangé leurs bas durant le lock-out au Journal de Montréal. Parmi les milliers de personnes mises à pied ces dernières années chez Bombardier(Tor., BBD.B), il y avait sûrement des couples. Plusieurs ménages travaillant chez Electrolux ont vu leur situation financière anéantie à la suite de la fermeture de l’usine, à l’Assomption. Imaginez quand cela se produit dans une petite entreprise qui peine à verser le minimum en indemnité de départ…

Quand un membre du couple perd son emploi, le ménage vit un défi financier. Quand les deux sont victimes d’une restructuration ou d’une fermeture, la famille fait face à un désastre financier. D’où la nécessité de redoubler de prudence en se constituant un coussin plus important que ce qui est prescrit d’ordinaire. Et à éviter un taux d’endettement excessif.

***

La capacité à générer des revenus de travail représente de très loin le plus important actif d’un ménage ou d’un individu. Et cette capacité diffère d’une personne à l’autre, en fonction de sa profession, de son expérience et du secteur dans lequel on travaille. Et comme les autres actifs financiers (obligations, actions, immobiliers), un risque y est associé. Par exemple, une ingénieure du secteur pétrolier travaille dans un secteur cyclique. Ses compétences peuvent être en forte demande quand les prix de l’or noir explosent; et elle peut exiger un salaire à l’avenant. Comme on le voit actuellement, sa sécurité d’emploi n’est pas pour autant en béton. Une poignée d’émirs du Moyen-Orient ont en effet le pouvoir de menacer son job grassement rémunéré en inondant le marché de leur pétrole à bas prix.

En comparaison, la situation est différente pour une infirmière qui bénéficie d’une sécurité d’emploi. Il y aura toujours des patients dont il faut prendre soin et on n’est pas prêt de mettre la clé dans la porte de nos hôpitaux.

Pour emprunter au vocabulaire de l’investissement, l’emploi de l’ingénieure est plus volatil que celui de l’infirmière. Il comporte un risque plus important, et celui-ci est compensé par un potentiel de rendement plus élevé, l’ingénieure pouvant espérer faire plus d’argent malgré la nature cyclique de son secteur d'emploi.

On peut alors se poser cette question: faut-il en tenir compte dans la composition de son portefeuille? Certains pensent que oui. Ils vont même plus loin: ils comparent le capital humain à des titres financiers comme les obligations, les actions canadiennes, les actions américaines, les actions de pacotilles, etc.

L’idée a émergé il y a moins d’une dizaine d’années chez une firme de recherche financière américaine, Ibbotson Associates, mais elle n’a pas encore réussi à se propager. Je n’ai jamais entendu un gestionnaire de portefeuille ou un planificateur financier évoquer cette approche, ou du moins aller aussi loin dans leur façon d’envisager la répartition du risque chez leurs clients. Ils s’appuient essentiellement sur le profil de l’investisseur.

Si nous revenons à notre ingénieure et à notre infirmière, la carrière de la première ressemble à une action spéculative, avec ses hauts et ses bas parfois brutaux, tandis que celle de la seconde s’apparente plutôt à une obligation en garantissant sécurité et revenu stable.

Ainsi, cette dernière aurait intérêt à avoir un portefeuille plus agressif avec une plus forte proportion de son portefeuille en actions. L’ingénieure devrait favoriser des placements plus sécuritaires, et surtout éviter des titres du secteur énergétique auquel, en raison de son emploi, elle est surexposée. Elle devrait même renoncer à acheter des titres indiciels de la Bourse de Toronto. 

Dans cette optique où il faut considérer le capital humain dans la composition de son portefeuille, on peut imaginer le scénario le plus risqué: un couple de travailleurs de Bombardier qui placent depuis des années leurs économies dans un régime d’achat d’actions de leur employeur.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.