Immobilier: la patience commence à coûter cher

Publié le 09/01/2018 à 12:04

Immobilier: la patience commence à coûter cher

Publié le 09/01/2018 à 12:04

J’entendais le sermon de l’ancienne plongeuse Sylvie Bernier l’autre matin à la radio, à l’émission de Gravel où elle intervient à l’occasion en tant qu’«Influenceuse en bonnes habitudes de vie». Eurk! La dernière chose dont on a envie un 3 janvier, c’est de culpabiliser à l’idée de ne pas avoir joué dehors à moins 40 degrés. Parce que Sylvie évidemment, elle y est allée et elle a eu du fun.

Si j’ai bravé le vortex polaire, c’est le plus souvent pour me ravitailler en alcool, en gras et en féculent, comme au temps des colons. Sauf que moi, j’ai creusé une cavité dans mon canapé et j’ai défoncé mon forfait Internet à regarder des séries sur Netflix et Amazon Prime Video. Louis Hébert ne pouvait en faire autant. J’ai pris 1,5 kg. C’est pour ça que les vacances de Noël, ça ne dure pas plus de deux semaines.

Mais on ne s’extirpe pas facilement de son état de torpeur après une aussi «intense» période d’oisiveté. J’invoque donc votre indulgence, je m’excuse à l’avance de commencer l’année sur une aussi facile prédiction : devenir propriétaire de sa maison ne sera pas de la tarte cette année. Les conditions dans l’immobilier vont continuer de se dégrader pour les premiers acheteurs en 2018, surtout dans la grande région de Montréal. Autrement dit, il aurait mieux valu acheter l’année dernière.

Je lisais que le marché de la vente était «en feu» à Montréal en 2017, surpassant pour la première fois depuis 20 ans ceux de Toronto et de Vancouver. Je vous rassure, on ne parle ici que du nombre de transactions, exceptionnel, mais Montréal n’est pas près de s’approcher de Toronto et de Vancouver au chapitre des prix, où l’accès à la propriété est réduit à un tel point qu’il n’y a plus que les mieux nantis pour en rêver.

Tout de même, à chaque fois que les prix montent et que les règles hypothécaires sont resserrées (elles l’ont été encore au début du mois), il se trouve de nouveaux ménages barrés à l’entrée, partout au pays.

Les économistes ne prévoient pas de hausse de prix significative dans la prochaine année, au contraire la valeur des maisons pourrait baisser d’un poil (ce dont je doute). Je ne vois pas de quelle façon le Bureau du surintendant des institutions financières pourrait encore restreindre l’accès au crédit hypothécaire avec de nouvelles règles, quoiqu’il peut toujours nous surprendre.

En 2018, les barrières s’érigeront ailleurs, du côté des taux d’intérêt. Il ne fait plus aucun doute que nous sommes entrés dans une phase ascensionnelle. Nous avons eu droit à deux augmentations d’un quart point l’année dernière. À moins d’un événement inattendu, deux autres hausses s’ajouteront cette année, et peut-être trois, dont une la semaine prochaine.

Lire la chronique de Yannick Clérouin L'emploi est en feu, préparez-vous à une hausse de taux 

Un quart de point (0,25%), on ne le sent presque pas. Un demi-point (0,5%) passe encore. Mais une majoration de 1,25% ? Comme si de rien n’était, cela fera en sorte que les taux d’intérêt auront presque doublé en moins de deux ans. On est parti de bas, diront certains, mais compte tenu des emprunts nécessaires actuellement pour mettre la main sur une maison (et même une copropriété), la croissance des taux d’intérêt exclura à coup sûr de nouveaux acheteurs potentiels (et sera ressenti, parfois lourdement, par les détenteurs d’une hypothèque à taux variable et d’une marge de crédit hypothécaire).

Dans un monde idéal, la hausse des taux d’intérêt pèserait sur le prix des maisons, mais vous avez entendu les dernières nouvelles sur l’économie? Elle tourne à plein régime! Les travailleurs travaillent et les consommateurs consomment. Ce sont là des conditions qui soutiennent les prix.

La montée des taux d’intérêt ne fera pas seulement augmenter le coût d’accession à la propriété. Elle éjectera automatiquement des gens du bassin d’acheteurs potentiels car ils ne seront plus en mesure de se qualifier pour une hypothèque.

Logiquement, le taux minimal de qualification du test de résistance (voir cette chronique), auquel doivent désormais se soumettre tous ceux qui demandent du crédit hypothécaire résidentiel, augmentera lui aussi. Il est passé de 4,64 % à 4,99 % l’année dernière. Il pourrait très bien se situer autour des 5,5 % d’ici la fin de l’année. Et bien sûr, cela pourra affecter les conditions de crédit de certains propriétaires qui renouvellent leur prêt hypothécaire.

Ce jour-là, on se rappellera comment on était bien des mois plus tôt affalés sur son canapé à regarder, insouciants, des conneries à la télé. Ou à geler dehors, c'est selon.

Bonne année!

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.