Hypothèque : vous ne rêvez pas, ça monte (un peu)

Publié le 11/05/2018 à 06:00

Hypothèque : vous ne rêvez pas, ça monte (un peu)

Publié le 11/05/2018 à 06:00

La Banque Scotia a fermé la marche au début de la semaine, il ne manquait plus qu’elle pour avoir le tableau complet. En deux semaines, toutes les banques ont haussé le taux affiché de leur prêt hypothécaire de cinq ans fixe.

Alors, quel est le résultat? Voyons voir :

TD : 5,59 % ;

RBC : 5,34 % ;

Scotia : 5,34 % ;

Banque Nationale : 5,34 % ;

BMO : 5,19 %.

Inutile sans doute de vous le rappeler, vous seriez fou de payer autant. Enfin, si vous n’avez pas une faillite inscrite à votre dossier. Regardez seulement ce qu’offre Desjardins. L’institution affiche un taux officiel de 5,49 % sur son site Internet, tout en proposant un taux promotionnel de 3,54 %. Ça n’a rien de promotionnel, cela vous donne une approximation de votre marge de négociations si vous magasinez en ce moment une hypothèque de cinq ans fixe, peu importe l’institution financière avec laquelle vous faites affaire : 2 % de marge de manoeuvre par rapport au taux officiel, davantage si vous êtes un fin négociateur avec une bonne réputation auprès des créanciers.

C’est pourquoi je me laisse difficilement emporter par l’émoi quand les grands prêteurs clament en canon une hausse de leur taux affiché. Ça ne devrait pas non plus vous angoisser, quoique depuis janvier, la pression sur les taux s’est concrètement fait sentir sur les acheteurs de maison. Les taux accordés ont monté de 10 à 15 points de base depuis le début de l’année, rien encore pour écrire à sa maman, mais offrez lui tout de même des fleurs, je vous rappelle que c’est la fête des Mères dimanche.

Et si la banque du Canada montait ses taux?  C'est l’occasion ici de rappeler que la direction des taux d’intérêt des hypothèques fixe n’est pas déterminée par les mêmes facteurs que les hypothèques à taux variable, dont il est question chaque fois que le gouverneur de la banque centrale Stephen Poloz ouvre la bouche.

Le taux variable est, lui, directement relié au taux directeur de la Banque du Canada, révisé huit fois par année. Il monte? Le taux variable monte aussi, même au milieu du terme de l'hypothèque. Le taux directeur constitue un taux cible auquel les banques se prêtent entre elles au jour le jour. Son influence est plus forte sur le crédit à court terme, mais devient diffuse sur les emprunts à long terme, là où jouent davantage les forces, multiples, du marché.

Les hypothèques de cinq ans fixes, celles qui font les nouvelles depuis deux semaines, appartiennent aux prêts à long terme. Leurs taux sont davantage influencés par ceux du marché obligataire, plus particulièrement les obligations de cinq ans. L’année dernière, le taux sur ces obligations se situait quelque part autour de 1 %. Il a doublé depuis, pour franchir les 2% pour la première fois depuis 2011.

Cela dit, qu’importe du côté où l’on regarde ces temps-ci, court, moyen, long terme, l’ambiance est résolument à la hausse des taux. Ce n’était donc qu’une question de temps avant que les banques ne rehaussent les taux hypothécaires de cinq ans fixes.

Aujourd’hui, ils ne sont pas bien plus élevés qu’en début d’année, mais ceux qui renouvellent actuellement leur prêt hypothécaire devraient sentir passer la hausse. Il y a cinq ans, on pouvait obtenir un taux autour de 2,79%. Dans le meilleur des cas, on obtiendra aujourd’hui un taux de 3,29%, selon Multi-Prêts.

Comme ont dit dans les commerciaux cheapo, «mais ce n’est pas tout!» Ces grands mouvements des taux d’intérêt touchent le test de résistance, dont le taux s’élève depuis cette semaine à 5,34 %, en hausse de 0,20%. Je l’ai expliqué maintes fois ici en quoi consiste la chose: c’est le taux utilisé lors du calcul du ratio d’endettement, qui définit la limite qu’un acheteur peut emprunter. Je me contenterai ici de dire que ce nouveau changement réduit de quelques milliers de dollars la capacité d’emprunt, «de 6000 à 10000 dollars pour un prêt typique», selon Denis Doucet, de Multi-Prêt.

Ce n’est pas énorme, mais suffisant parfois pour devoir renoncer à l’habitation convoitée.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.