Comment êtes-vous assuré en cas de catastrophe?

Publié le 06/05/2016 à 08:00

Comment êtes-vous assuré en cas de catastrophe?

Publié le 06/05/2016 à 08:00

Les images sont dantesques. On ne voit pas souvent une ville disparaître en direct. De nombreux habitants de Fort McMurray vont tout perdre: maison, voitures, meubles, souvenirs, bref tout leurs biens et pour beaucoup, leur travail aussi.

Comme la couverture médiatique, l’événement est des plus exceptionnels. Qui aurait prédit que le centre de l’industrie des sables bitumineux allait partir en fumée? Il y a quelque chose d’ironique dans tout ça, mais ça ne rend pas le spectacle moins désolant.

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À Fort McMurray, la grosse partie de la facture sera essuyée par les compagnies d’assurance et de réassurance. Ces dernières couvrent les premières en cas de catastrophe. On s’attend à des réclamations record qui pourraient atteindre 9 milliards de dollars, selon un rapport d’analyste BMO Marchés des capitaux publié hier. Pour vous donner un ordre de grandeur, les assureurs avaient dû verser 1,6 milliard de dollars en dédommagements aux sinistrés de la tempête de verglas, en 1998.

Bien qu’exceptionnel, le désastre qui s’abat sur le Nord de l’Alberta pourrait aussi se produire à La Tuque ou à Amos. Et comme on le sait, la nature a plus d’un moyen à sa disposition pour semer la dévastation: la pluie, la grêle, le verglas, le vent, l’inondation, le tremblement de terre et le glissement de terrain.

L’occasion est bonne pour rappeler qu’en assurance de dommage, les éléments ne reçoivent pas le même traitement. Certains risques sont mieux couverts que d’autres.

Mince consolation pour les habitants de Fort McMurray qui auront perdu leur maison: ils vont être dédommagés par leurs assureurs. L’incendie fait partie d’une couverture de base de toute police d’assurance, qu’importe s’il est la conséquence d’une catastrophe naturelle ou non. Autrement dit, ils ne se buteront pas à un agent de réclamation récalcitrant.

Les dommages résultant du vent ou de la grêle font aussi partie des couvertures de base. Mais quand l’eau s’en mêle, ça devient plus compliqué.

Les contrats de bases ne protègent pas contre les infiltrations d’eau à la suite d’une pluie diluvienne, mais le risque peut-être couvert par ce qu’on appelle un «avenant», une sorte de clause parallèle, un extra, qui fait augmenter la prime. La fréquence des épisodes de forte pluie et la piètre qualité des infrastructures municipales pour endiguer les flots ont incité les compagnies d’assurance à retirer ce risque de leurs contrats.

Par contre, si votre maison devait être inondée à la suite d’un bris de plomberie, vous seriez dédommagés sans hésitation de la part de la compagnie d'assurance, et ce sans que vous ayez eu à recourir à un avenant.

Quant aux inondations résultant du débordement d’un cours d’eau, aucune compagnie d’assurance ne couvre ce risque, même avec un avenant. [Mise à jour: des assureurs commencent à offrir une forme de protection], pas plus d’ailleurs que les glissements de terrain. Pour ce qui est des tremblements de terre, la protection est souvent offerte en option.

Les assureurs ne couvrent pas des dommages, mais les risques. Pour déterminer la prime, ils doivent pouvoir évaluer le risque qu’un événement imprévisible se produise.

S’ils ne couvrent pas le risque qu’une rivière sorte de son lit, c’est que celui-ci est prévisible. Pour les glissements de terrain, c’est une autre chose. «L’événement est imprévisible, mais les compagnies d’assurance ne sont pas en mesure d’en évaluer le risque. Il n’y a pas de cartographie qui nous le permette», explique Line Crevier, responsable des affaires techniques au Bureau d’assurance du Canada (BAC).

Pour revenir aux sinistrés de Fort McMurray, ils pourront aussi réclamer des frais de subsistance pour le temps qu’ils devront vivre à l’extérieur de leur résidence. Si un assuré doit quitter à la suite d’un ordre d’évacuation des autorités civiles, il y aura droit pendant 14 jours si sa maison n’est pas endommagée. Sinon, les remboursements se poursuivront aussi longtemps que la résidence ne sera pas habitable. Les assureurs imposent toutefois une limite de temps à ces prestations et un plafond aux sommes versées.

Il semble de plus en plus évident que les sinistrés de Fort McMurray épuiseront les ressources offertes par leur police d’assurance avant de rentrer chez eux et de retrouver une vie normale.

Ils devront ensuite espérer une aide gouvernementale. Et quant aux pertes de revenu, ils devront vraisemblablement se tourner vers l'assurance chômage.

Maintenant, est-ce que les dédommagements versés aux sinistrés pourraient avoir un impact sur votre prime d’assurance? Oui. Est-ce que ce sera le cas? Le BAC ne s’avance pas.

En 1998, à la suite de la crise du verglas, les assureurs avaient augmenté la prime de ceux qui avaient fait des réclamations, sans toucher à celles des autres assurés. Mais compte tenu des sommes en jeu ici, des pertes de 5 à 6 fois plus importantes pour les compagnies d’assurance, ce ne serait pas étonnant que tous les assurés du pays ressentent l’impact de la catastrophe.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.