Assurer ses enfants, vraiment?

Publié le 19/07/2016 à 10:45

Assurer ses enfants, vraiment?

Publié le 19/07/2016 à 10:45

Oh les petits trésors! Qu’est-ce qu’on les aime nos enfants! Je parle des vôtres, pas des miens, je n’en ai pas. Je n’ai pas la patience.

Ce n’est pas tant cette petite chose plissée et écarlate qui s’époumone au beau milieu de la nuit sans qu’on sache pourquoi qui m’exaspère. C’est sa fâcheuse tendance à devenir le centre de l’univers. Quand ça arrive, il n’y a plus que ça: son appétit, son sommeil, ses dents, son poids, ses premiers mots deviennent des sujets de prédilection. On s’extase devant son art, qu’il exprime sur du papier comme dans le fond d’une couche: ooooh! Puis apparaît ce petit bouton suspect qui, s’il n’en tenait qu’aux géniteurs, devrait mobiliser le personnel d’un étage entier de l’hôpital. La-la-la reu-reu… «Qu’est-ce qu’il est beau!»

Pas tant que ça si vous voulez mon avis. Mais il fera un bon contribuable, espérons.

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On les adore, tout de même! Tellement en fait que des parents sont prêts à acheter de l’assurance vie sur la tête de leur petit chérubin, comme s’il s’agissait d’une de garantie prolongée ou d’un billet de retour si un malheur venait à s’abattre. Dans le numéro du magazine Les Affaires Plus consacré à la famille, publié au début de l’été, j’ai été abasourdi par le témoignage de parents qui avaient assuré la vie de leur bébé avant d’assurer la leur, de se protéger en cas d’invalidité et d’avoir fait un testament.

J’imagine le vendeur d’assurance, l’oeil humecté, les mains jointes: «Vous savez, la vie de votre enfant…» En fait, non. Je crois plutôt que ce sont des parents qui ignorent les rudiments de l’assurance qui le réclament. Un bon conseiller en sécurité financière [c’est lui l’expert en assurance de personne] ne recommanderait pas une assurance vie pour un enfant. À quoi ça sert? À rien, sinon à mettre un baume dérisoire sur les plaies de parents profondément accablés.

Rappelons le principe: l’assurance de personne sert d’abord à couvrir un risque financier. Le décès d’un pourvoyeur de famille, ou son invalidité représente un risque financier important. Le décès d’un enfant, pas vraiment. Bien qu’affligeant, un pareil événement ne menace pas, en principe, la sécurité financière des parents.

J’entends déjà des objections: «Mais les frais funéraires?» Je l’ai déjà dit, bien qu’on pourra toujours déterrer des cas exceptionnels, excusez le jeu de mots, l’assurance ne sert pas à couvrir d’éventuels frais funéraires. «Et l’assurabilité alors?» protesteront d’autres. Ça touche bien peu de monde. L’idée ici est que plus vous achetez tôt une assurance vie pour quelqu’un, plus cette personne sera facile à assurer à moindre coût sa vie durant, tant qu’elle conserve sa police. Mais franchement, c’est une préoccupation de riche, 98% des parents ne sont pas concernés.

Il n’y a pas de produits d’assurance qui conviennent vraiment aux enfants, à l’exception peut-être de l’assurance maladie grave. Je dois vous confesser, depuis leur arrivée à la fin des années 1990, j’ai toujours considéré ce type d’assurance, pour les adultes, comme un produit de luxe pour hypocondriaques.

La version pour enfant est plus récente. Les contrats sont identiques à ceux des adultes, sauf qu’à la liste de conditions standard, dont le cancer, sont ajoutées des maladies infantiles, comme le diabète de type 1, la fibrose kystique ou l’autisme. Le fonctionnement est simple. L’assuré touche un montant forfaitaire si l’une des maladies inscrites au contrat est diagnostiquée. Le minimum assurable s’élève à 25 000 dollars.

Si le récit de la routine d’un bébé en santé me laisse au mieux indifférent, la sollicitude des parents à l’égard de leur progéniture en difficulté, au contraire, me touche. Je comprends qu’ils puissent se saigner pour le bien-être d’un enfant gravement malade. Un parent arrêtera souvent de travailler pour être au chevet de l’enfant hospitalisé loin de la maison. Le couple puisera dans ses REER si c’est nécessaire pour avoir accès à un traitement expérimental. Il y a donc là un risque financier.

Le risque est faible, c’est vrai, mais la population des hôpitaux pour enfants nous rappellent qu’il est bien réel. Avant de souscrire une assurance maladie grave pour enfant, les parents devraient d’abord se procurer pour eux-mêmes une assurance vie et une bonne assurance invalidité.

Pour un montant assurable de 100 000 dollars, la prime d’assurance pour un enfant de cinq ans coûte un peu plus de 1000 dollars par année. C’est beaucoup d’argent, mais les primes sont récupérables au bout de 20 ans. Pour un montant assurable de 25 000 dollars, la prime s’élève à quelque 360 dollars par année. Bien qu'on pourra le toucher à la fin, cet argent sera grugé par l’inflation et par une taxe de 3,48% [ERRATUM: cette taxe provinciale est assumée par les sociétés d'assurance, et non par les assurés. Mes excuses] . C'est le prix à payer pour la couverture.

Tout est question de budget. Bien qu’il ne réponde pas du tout au même besoin, le REEE devrait être considéré en priorité. Les REER des parents aussi.

L’assurance maladie grave pour enfant, comme celle des adultes, est un produit pour les ménages qui ont des moyens. Mais entre celle-ci et l’assurance vie, il faut choisir la première sans hésitation.

Ha-reeu! 

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.