Baisse des taux : quel sera l'impact sur votre portefeuille?

Publié le 16/07/2015 à 06:00

Baisse des taux : quel sera l'impact sur votre portefeuille?

Publié le 16/07/2015 à 06:00

Le visage de Stephen Poloz est partout à la télé et dans les journaux depuis hier. Ne vous détrompez pas: l’omniprésence du président de la Banque du Canada ne sert pas à combler le creux médiatique de juillet.

Bien que moins surprenante que celle de janvier, la baisse du taux directeur de la banque centrale n’est pas moins importante. Elle est révélatrice d’une économie canadienne un peu poussive. La récession a même été évoquée.

Mais vos valises sont prêtes, ou déjà, vous vous faites bronzer sur une plage à Cape Cod. C’est assez distraitement que vous accueillez la nouvelle, ou peut-être pas du tout si, comme moi, vous prenez congé des médias canadiens lorsque vous êtes à l’extérieur du pays.

Mais contrairement à bien d’autres nouvelles de nature macro-économique, une baisse du taux directeur de la Banque du Canada peut avoir un impact direct et immédiat sur votre portefeuille. Mais dans quelle mesure? Regardons voir.

Hypothèque: ne sabrez pas le champagne

La baisse du taux directeur se fera sentir sur les paiements hypothécaires pour les propriétaires qui ont opté pour un prêt à taux variable. Rappelons que le taux variable fluctue en fonction du taux de base de l’institution financière, lequel suit plus ou moins fidèlement le taux de la Banque du Canada.

Lors de la dernière baisse annoncée par la banque centrale en janvier, les banques ont mis une semaine pour s’aligner, mais partiellement. Comme hier, la Banque du Canada avait retranché 0,25% à son taux, mais les institutions financières n’avaient baissé le leur que de 0,15% afin de conserver leur marge.

Le scénario risque d’être le même cette fois. La Banque TD a ouvert le bal hier en abaissant son taux de base de 0,10%. On parie que ses concurrents vont l’imiter, ou tout au plus retrancher 0,15%, comme la dernière fois. [Mise à jour: elles ont toutes réduit leur taux de base de 0,15%, à 2,7%. Même la TD s'est ravisée].

Lisez aussi: Quatre conséquences de la baisse des taux

Par quelles économies cela se traduit-il pour celui qui détient une hypothèque de 200 000 dollars sur 25 ans? Denis Doucet, directeur des relations publiques chez Multi-Prêts, a calculé qu’il restera tout juste 15 $ de plus dans les poches des propriétaires chaque mois, soit l’équivalent d’une honnête bouteille de vin blanc que vous boirez autour de la piscine ce week-end. Rien pour sabrer le champagne.

S’il ne vous reste que quelques années à votre hypothèque, vous ne verrez pratiquement pas de différence. Moins l’échéance du remboursement de votre hypothèque est éloignée, moins grande est la portion des intérêts dans votre paiement hypothécaire. Et moins sensible vous êtes aux fluctuations des taux.

Selon votre contrat hypothécaire, vous constaterez la différence à compter du mois prochain ou aussi tard que dans trois mois. Les ajustements peuvent être faits au trimestre ou au premier jour du mois suivant. Et ce pour peu que vous ayez une hypothèque à taux variable, car les hypothèques à taux fixe demeurent inchangées.

Est-ce que cette baisse permettra à des acheteurs qui avaient de la difficulté à se qualifier pour un prêt de le faire maintenant? Gros doute! L’allègement des taux permettra à un emprunteur d’obtenir 1000 dollars de plus sur 25 ans, selon Denis Doucet. C'est moins que la taxe de bienvenue que vous aurez à payer.

La Banque du Canada a laissé entendre qu’elle n’envisageait pas une hausse de taux avant 2017, ce qui constitue une bonne nouvelle pour ceux dont le service de la dette occupe une place importante dans leur budget. Cela va leur donner un peu d’air, puisqu’il ne serait pas étonnant que, le jour venu, les institutions financières imitent intégralement la banque centrale. Autrement dit, quand la Banque du Canada haussera son taux d’un quart de point, les banques ne l’imiteront pas à moitié.

Si vous êtes dans cette situation, c'est l'occasion d'assainir vos finances. 

Les taux de change, là, et quand ça fait mal

À quelques jours du début des vacances de la construction, cette annonce ne pouvait survenir à un pire moment pour les vacanciers qui ont prévu profiter des plages américaines. Cela l’est d’autant que la Fed, l’équivalent américain de la Banque du Canada, a clairement exprimé son intention de suivre le chemin inverse et de bientôt augmenter ses taux.

Cette conjoncture réduit, du point de vue des cambistes, l’attrait pour notre huard. Le résultat ne s’est pas fait attendre. Dans la seule journée d’hier, notre dollar a reculé de 1,4% par rapport à la devise américaine. Cela augmente d’autant le coût des biens et des services consommés par les Québécois aux États-Unis. Petit rappel : le dollar canadien valait plus de 90 cents américains à la même date l’année dernière. Il n’en vaut plus que 77 cents aujourd’hui.

Dans les circonstances, on n’est pas prêts de revoir notre huard s’approcher de la parité. Il risque plutôt de flotter dans les eaux actuelles pour un bon moment. À moyen terme, cela pourrait avoir un impact sur les produits importés, notamment ceux en provenance des États-Unis. Il est impossible d’en chiffrer les conséquences sur notre portefeuille, mais elles seront tangibles.

Suggestion de lecture: Boostez votre huard sur les plages américaines

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.