Avez-vous peur d'avoir l'air avare au restaurant?

Publié le 11/08/2015 à 11:30

Avez-vous peur d'avoir l'air avare au restaurant?

Publié le 11/08/2015 à 11:30

Les bons restaurants pullulent à Montréal et l’arrivée d’une nouvelle table dans le paysage gastronomique me laisse désormais de glace. «Un autre ?!»

Il fut pourtant une époque pas si lointaine où l’effervescence culinaire de la métropole me rendait enthousiaste. Mais je me suis depuis lassé des assiettes à 16 $ qui ne contiennent que trois bouchées, quand bien même qu’il s’agirait d’un bikini au jambon serrano, à la mozzarella di buffala et à la truffe inventé par un chef de Barcelone. On parle après tout d’un grilled cheese!

J’ai fini par conclure que suivre les traces des hérauts des tendances gastronomiques était un sport aussi prétentieux que ruineux.

Bref, j’ai débarqué.

Suivez-moi sur Twitter

Pour lire mes billets précédents

Tels étaient mes propos quand j’ai dîné l’autre jour avec Stéphanie Kennan, fondatrice de Bang Marketing, blogueuse sur notre site Web et que je pourrais qualifier d’amie si seulement nous avions l’occasion de nous voir plus de cinq fois par année. Elle m’a alors fait son pitch de vente du site d’achat bonifié de boutique.voir.ca, l’entreprise acquise récemment par Alexandre Taillefer (avec accessoirement l’hebdomadaire culturel qui vient avec). Elle m’expliquait qu’en payant à l’avance, elle pouvait parfois profiter de rabais allant jusqu’à 40% sur des repas dans les restaurants les mieux cotés en ville. On pense à Groupon, mais en plus sophistiqué.

«Les gens ne se donnent pas la peine de profiter des économies qui s’offrent à eux», me dit-elle. Et moi le premier.

Je la trouve audacieuse de présenter une carte de réduction dans un grand restaurant. Va pour Subway, mais pour Laurie Raphaël ou Joe Beef? Je serais gêné. J’imagine le serveur: «Ah, monsieur veut économiser ce soir avec sa carte boutique.voir.ca.» C’est arrivé à Stéphanie. Elle s’est dit que, d'elle ou l'employé, c'est elle qui occupait la meilleure place après tout.

Pour moi, le souper passerait mal. L’entrée du moins. Je ne sais pas c’est quoi. De l’orgueil mal placé? Je ne veux pas avoir l’air gratteux au restaurant ou passer pour l’intrus parmi les convives.

Ça va si loin en fait que je ne prends jamais la première bouteille en haut de la carte des vins. Invariablement, mes yeux se posent au tiers supérieur de la liste. Et quand je n’y vois rien que je connais, je demande conseil.

«J’ai un excellent vin en importation privée. Il ne figure pas sur la carte, mais il accompagnera parfaitement vos pétoncles.» Je goûte, j’opine du bonnet avec un air faussement désinvolte. «Excellent!» Je n’ose pas demander le prix. Je me croise les doigts jusqu’à l’arrivée de la facture.

Il y a quelque chose au restaurant qu’on ne retrouve pas, disons, à la pharmacie ou chez Costco. On fait sans vergogne le plein de papier-cul et de savon à lessive en spécial. Mais pourquoi au resto ressent-on de la gêne à ménager son portefeuille?

Le contexte y est certainement pour beaucoup. Quand on va au comptoir à sandwichs, c’est pour s’alimenter. Lorsqu’on s’assoit à la table d’un bon restaurant, on recherche une expérience. Mais c’est comme si la quête du plaisir suspendait pendant quelques heures notre conscience financière. Et il y a le regard des autres, particulièrement celui qui offre le service qui, de sa position privilégiée, peut comparer les clients et porter un jugement sur nous. 

J’ai posé la question à mon entourage, et j’ai été conforté d’apprendre que chacun a son anecdote sur le sujet. Certains préfèrent payer pour l’eau pétillante alors qu’ils se contenteraient d’une eau plate du robinet. D’autres ne prennent jamais le plat le plus économique du menu ou acceptent systématiquement le dessert et le café. Ma collègue me racontait que dans une brasserie, par exemple, elle pouvait commander à manger même si elle n’avait pas faim pour compenser le fait qu’elle ne buvait qu’une demi-pinte de bière, de peur de déranger le serveur pour si peu.

Sur Internet, j’ai pu constater sur des forums de discussion que beaucoup de gens sont mal à l’aise d’utiliser des coupons dans les restaurants. Mais en réalité, les serveurs vous diront que ce n’est pas de rechercher des rabais qui vous fera passer pour un pingre, mais de ne pas accorder un pourboire à la hauteur d’un repas que vous auriez payé plein prix.

Suivez-moi sur Twitter

Pour lire mes billets précédents

À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.