Travaillons sur le «travailler ensemble»

Publié le 27/04/2017 à 15:45

Travaillons sur le «travailler ensemble»

Publié le 27/04/2017 à 15:45

Le transfert d’entreprises familiales est un sujet d’actualité. Les écrits et les évènements sur ce thème se multiplient. Nous pouvons nous en réjouir, car oui le transfert d’entreprises est un enjeu important pour l’économie du Québec et pour plusieurs économies à travers le monde.

Toutefois, n’avons-nous pas oublié quelque chose? Quand j’observe les entrepreneurs qui se trouvent dans la catégorie d’âge de ceux que nous qualifions de «cédants», une caractéristique me saute aux yeux : plusieurs ont encore beaucoup d’énergie, d’idées et ne sont pas prêts à quitter le navire! Pourquoi leur apposer le sceau de cédant alors qu’eux-mêmes ne se qualifient pas ainsi? Ma collègue, Denise Paré Julien, directrice du Centre des familles en affaires Deschênes | Molson | Lesage HEC Montréal ne cesse de le répéter: « Arrêtons de parler de transfert et parlons plutôt de gestion multigénérationnelle! » Et selon moi, elle a raison!

Voici pourquoi :

Alors que les 30 ans d’aujourd’hui sont les 20 ans d’autrefois, qu’en est-il des 50, 60 et 70 ans d’aujourd’hui? Depuis les années 60, il y a un déplacement des cycles de vie. Nous avons une génération dirigeante qui travaille et qui vit en santé plus longtemps que ses prédécesseurs. Il est donc courant de voir plus d’une génération travailler ensemble dans l’entreprise, et ce, pendant des décennies. Cette période de règne conjoint peut être très favorable, puisque c’est pendant cette période que la fougue et le désir d’innover des uns rencontrent la sagesse et le savoir-faire des autres.

Toutefois, la cohabitation des générations ne se fait pas toujours en claquant des doigts. L’arrivée d’une nouvelle génération occasionne souvent un déséquilibre dans l’entreprise. Nous devons donc travailler sur le « travailler ensemble » !

Identifier et comprendre les différences générationnelles

Le contexte dans lequel nous évoluons et les évènements que nous vivons façonnent notre façon de percevoir le monde. De ce fait, nous pouvons affirmer que les baby-boomers, la génération X et la génération Y voient la réalité à travers des lunettes qui leur sont propres.

Pour mieux comprendre, regardons rapidement les trois générations qui composent notre paysage économique :

Les baby-boomers ont vécu la croissance économique d’après-guerre, l’arrivée de la télévision, le mouvement féministe. Ces évènements font d’eux des gens idéalistes qui savent reconnaitre et saisir les opportunités. Les X, quant à eux, ont plutôt vécu les coupures dans les entreprises, la chute du mur de Berlin et le début des familles reconstituées. Ils sont donc indépendants, débrouillards et sceptiques vis-à-vis les institutions, tels le gouvernement et le mariage. Finalement, les Y ont vu l’arrivée de la mondialisation et la naissance d’internet, ce qui les amène à être des individus informés connectés et ouverts sur le monde.

Ces trois générations ont donc souvent un rapport différent au risque, à la conciliation travail-famille, aux nouvelles technologies, à l’internationalisation et j’en passe. Il est important d’en prendre conscience et de réaliser que parfois, les confrontations peuvent simplement être le résultat d’une différence de perception liée à un contexte générationnel.

Une fois que nous avons identifié, compris et accepté ces divergences, nous pouvons alors ouvrir le dialogue intergénérationnel.

Initier le dialogue

Pour initier un dialogue, il est important de mettre en place une culture de communication dans l’entreprise. Pour ce faire, la création de forums de discussion est clé puisque ces derniers offrent un cadre pour initier et favoriser les conversations. Par exemple, tel que l’explique Denise Paré Julien dans son article, le conseil de famille est une structure où les membres de la famille échangent sur des enjeux relatifs à la famille dans l’entreprise. Il permet aux participants de s’exprimer, de préserver l’harmonie familiale et d’assurer le bon fonctionnement de l’entreprise. Plusieurs entreprises décident de faire appel à un facilitateur pour les accompagner et animer les premières séances du conseil de famille. Cette présence professionnelle permet de modérer les émotions de chacun et de s’assurer que l’expérience soit positive pour tous.

C’est à travers une communication ouverte et respectueuse que chacune des générations sera en mesure de partager sa vision et de faire connaître ses aspirations. Il importe de respecter le passé tout en étant tourné vers l’avenir!

La compréhension des différences générationnelles et l’ouverture d’un dialogue sont quelques pistes pour passer de la confrontation intergénérationnelle à une collaboration intergénérationnelle et par le fait même, mettre les forces de chacun au service de l’entreprise. En évoluant bien ensemble, les individus seront plus enclins à planifier l’avenir. De ce fait, en nous occupant de la gestion multigénérationnelle, nous favoriserons les transitions entre les générations ce qui assurera la continuité et la pérennité de nos entreprises.

Ainsi, bien avant le transfert, il y a la gestion multigénérationnelle!

 

Par Catherine S Beaucage

 

À propos de ce blogue

Aux missions de recherche théorique et appliquée des universités s’ajoute désormais une mission de création de valeur pour la société. Grâce à nos recherches, nos données sur l’entrepreneuriat, grâce aux histoires des entrepreneurs que nous accompagnons, de même qu’aux voyages que nous réalisons chaque année avec nos étudiants dans les endroits les plus réputés pour leur culture entrepreneuriale, nous offrirons, deux fois par mois, un regard critique sur ce qui se fait ici (et ailleurs) en termes d’entrepreneuriat, repreneuriat et gestion des familles en affaires. Dans cette chronique, nous partagerons au grand public notre point de vue sur l’actualité entrepreneuriale québécoise.