Entrepreneuriat: les incubateurs pour soutenir les communautés culturelles

Publié le 27/05/2016 à 11:35

Entrepreneuriat: les incubateurs pour soutenir les communautés culturelles

Publié le 27/05/2016 à 11:35

Il est aujourd’hui bien connu que les immigrants sont naturellement prédisposés à être entrepreneurs. Ils ont en effet quitté un milieu, une culture qu’ils connaissent et ont dû abandonner un réseau (tant familial que professionnel) bien établi pour démarrer une nouvelle vie-aventure dans un environnement souvent méconnu.

Le contexte économique, les enjeux démographiques et de compétitivité ainsi que les pratiques sont bien différents malgré l’existence de certaines similitudes. Plusieurs écosystèmes d’affaires internationaux (à l’instar de la « Silicon Valley ») ont déjà misé sur la diversité culturelle comme levier de création de valeur via la contribution des talents et du savoir-faire des communautés culturelles.

Le nouvel arrivant qui souhaite se lancer en affaires doit nécessairement et rapidement se familiariser avec la culture québécoise et travailler à se bâtir un réseau. Et comme tout entrepreneur qui démarre un projet d’entreprise, il devra adopter une discipline et opter pour une démarche rigoureuse pour atteindre ses objectifs. Dans ce cadre, des incubateurs sont pourvus de ressources pour outiller ces entrepreneurs et les amener à réaliser leurs ambitions d’affaires en leurs inculquant rapidement les meilleures pratiques et en leurs assurant une immersion dans l’écosystème d’affaires.

Les nouveaux arrivants auront tendance à démarrer des projets d’entreprises dans les secteurs dans lesquels ils ont de l’expérience ou en lien avec leur expertise. Dans certains cas, ils se lanceront dans des projets de microentreprises dans des secteurs traditionnels comme la restauration, les services et les métiers. Les projets dépendront ainsi souvent de l’opportunité, des contraintes, des risques et de la nature (et du montant) des investissements à apporter ainsi que de l’horizon de placement (court, moyen et long terme).

Dans d’autres cas, avec des diplômes qui ne sont pas reconnus, les nouveaux arrivants se trouvent dans des postes en entreprises ou ils sont souvent surqualifiés, ce qui les encourage à entreprendre à leur compte et mettre à profit leurs compétences de façon plus optimale et surtout avec plus d’autonomie.

L’incubateur, outil d’inclusion

Pour un immigrant qui désire lancer son projet d’entreprise, un incubateur peut s’avérer un excellent levier pour accéder rapidement à des ressources et surtout pour s’intégrer au nouveau contexte socio-économique.

L’incubateur est donc un espace d’inclusion propice à la créativité qui permet de rencontrer des entrepreneurs, des professionnels, des experts agissant comme des vecteurs de transfert de connaissance et de la culture d’affaires locale. L’incubateur est aussi un espace permettant de bâtir un réseau d’affaires et de contact qui constitue un des facteurs clés de succès des entrepreneurs. Idéalement, un incubateur qui s’adresse principalement aux immigrants dispose aussi de personnes-ressources pour répondre à leurs questions spécifiques. Ces personnes ressources sont qualifiées pour les encadrer, les rassurer, les comprendre, mais aussi pour leur fixer des objectifs et discuter avec eux de leurs défis. Il s’agit d’une relation qui s’approche davantage du coaching et qui permet de bâtir la confiance du participant. C’est aussi une bonne façon de valider l’avenue qu’il est en train d’explorer.

À cet égard, un incubateur intégré à la communauté universitaire, ou ayant des liens avec celle-ci, présente certains avantages additionnels. Parmi ceux-ci, il y a la facilité d’être en contact avec des professeurs et des chercheurs qui créent et développent le savoir. Ceux-ci peuvent alors plus facilement transmettre leurs connaissances à cette communauté d’affaires immigrante qui ne connaît pas nécessairement les pratiques locales. À travers un incubateur universitaire, les entrepreneurs pourraient également bénéficier du soutien des étudiants pour faire des stages au sein des entreprises accompagnées.

La démarche, qu’est-ce que l’on entend par cela?

D’abord, le produit ou le service offert (aussi appelé proposition de valeur) doit répondre à un besoin validé et quantifié. La validation peut se faire au moyen de sondages et de statistiques, ou sur le terrain, en concluant des ventes. La proposition de valeur doit aussi être faisable, c’est-à-dire que les ressources, les activités et partenaires clés seront planifiés et mobilisés de façon réaliste et optimale. Finalement, le projet doit être profitable ou tout au moins atteindre les objectifs et réaliser les indicateurs de performance qui ont été préétablis.

L’incubateur met ses ressources à la disposition des immigrants, mais œuvre à leur transmettre (souvent, c’est aussi via un vaste réseau de contacts et d’experts) les meilleures pratiques en vigueur. C’est in fine une opportunité non seulement de créer leur propre emploi ou l’emploi idéal, mais aussi une occasion de participer à la croissance économique de la société d’accueil et de créer de nouveaux emplois.

Les immigrants arrivent au Québec avec un bagage de connaissances et de compétences. Ils ont parfois de la difficulté à trouver un emploi à la hauteur de leurs ambitions parce que leur diplôme est rarement reconnu. Pour eux, l’entrepreneuriat promet donc de faire rayonner leur talent, et l’incubateur est un excellent vecteur pour les guider dans leur démarche. C’est aussi une opportunité pour les incubateurs d’offrir des services adaptés à la réalité de cette nouvelle clientèle et capitaliser sur la diversité culturelle comme levier pour créer de la valeur au Québec.

 

À propos de ce blogue

Aux missions de recherche théorique et appliquée des universités s’ajoute désormais une mission de création de valeur pour la société. Grâce à nos recherches, nos données sur l’entrepreneuriat, grâce aux histoires des entrepreneurs que nous accompagnons, de même qu’aux voyages que nous réalisons chaque année avec nos étudiants dans les endroits les plus réputés pour leur culture entrepreneuriale, nous offrirons, deux fois par mois, un regard critique sur ce qui se fait ici (et ailleurs) en termes d’entrepreneuriat, repreneuriat et gestion des familles en affaires. Dans cette chronique, nous partagerons au grand public notre point de vue sur l’actualité entrepreneuriale québécoise.