Aretha Franklin: les leçons apprises à la suite de son décès

Publié le 07/09/2018 à 08:20

Aretha Franklin: les leçons apprises à la suite de son décès

Publié le 07/09/2018 à 08:20

BLOGUE INVITÉ. Aretha Franklin a été sans contredit une pionnière et la perte de cette icône de la musique est d’une grande tristesse. Sa chanson Respect ne manque jamais de me faire sourire et de me procurer un sentiment de bien-être. C’est tout un héritage musical qu’elle nous laisse.

Le décès de cette vedette nous rappelle encore que même ceux qui sont les plus à l’aise financièrement peuvent être vulnérables. Les exemples sont de plus en plus nombreux : fortune ne rime pas nécessairement avec plan successoral adéquat.

La leçon pour nous tous est la même : la mort sans testament ne laisse aucun contrôle sur la manière dont les biens sont répartis et transmis à la suite de votre décès.

La succession de Mme Franklin est prise en charge par la juridiction de l’état du Michigan. Cette dernière rend les biens publics lors d’un décès sans testament. En conséquence, il a rapidement été découvert qu'elle avait quatre fils et une succession valant environ 80 millions de dollars.

Que se passera-t-il donc ensuite pour ses fils et la succession? Au Michigan, le droit successoral impose que les avoirs de Mme Franklin soient répartis également entre ses quatre enfants.

Au Québec, ce sont les règles du Code civil qui en dictent la dévolution. Tout dépendant du lien qui unit une personne au défunt, cette personne sera impliquée ou non dans le partage de l’héritage.

Voici un rappel de la façon dont est distribuée la succession dans différentes situations.

D’abord, à la suite du décès d’une personne faisant partie d’un couple marié et ayant des enfants, le partage va comme suit : un tiers pour le (la) survivant(e) et deux tiers pour les enfants. Le (la) survivant(e) peut récupérer plus que le tiers lui revenant légalement sans testament, et ce, grâce au patrimoine familial qu’ils possèdent. Le (la) survivant(e) aurait en effet le droit de réclamer la moitié de la valeur de la maison, des REER, de la voiture, des meubles-meublants, du chalet et du fonds de pension, ces actifs faisant partie du patrimoine familial. La valeur de cette réclamation serait ajoutée à la valeur lui revenant (le tiers). De plus, s’il existe un contrat de mariage, la réclamation pourrait être modifiée davantage.

S’il n’y a pas d’époux (c’est-à-dire de conjoint uni par le mariage, les conjoints de fait étant exclus du partage) et qu’il y a des enfants, alors la succession sera partagée en parts égales entre les enfants. Cette tournure d’évènements illustre bien pourquoi il est d’autant plus important pour les couples conjoints de fait d’avoir un testament dans lequel on peut prévoir un partage de la succession ne mettant pas de côté notre conjoint.

Si le défunt, au moment de son décès, n'avait pas d'enfant, avait un époux (uni par le mariage) ainsi que des frères et sœurs, alors le partage se fera en faveur des frères et sœurs et de l’époux. 50% iront à l’époux, et 50% seront répartis entre les frères et sœurs. Ce n’est pas ce que vous ou votre conjoint aviez en tête? C’est pourtant ce que dicte le Code civil.

Si vous ne prévoyez pas de testament, vous acceptez de ne pas avoir le contrôle sur la gestion de votre succession. En effet, le testament vous permet de dicter, de votre vivant, comment vous aimeriez que le tout soit géré. De plus, une bonne planification successorale permet souvent d’optimiser les sommes remises aux bénéficiaires. Par exemple, il est possible de prévoir d’atténuer l’impôt à payer sur la succession. Le testament vous permet également de choisir le liquidateur, ainsi que de décider des sommes ou proportions de la succession héritées par chacun de vos bénéficiaires. Ceci peut être souhaitable dans certaines situations personnelles et propres à chaque famille. Peut-être que Mme Franklin aurait souhaité agir ainsi pour son fils ayant des besoins particuliers.

Mais voyons le bon côté des choses... les gens sont souvent sensibles au sort des grandes personnalités telles que Prince, Martin Luther King, Abraham Lincoln et Aretha Franklin. Ainsi, peut-être que les histoires médiatisées de leurs décès sans testament et de leurs familles vivant avec les conséquences en inciteront plusieurs à entamer la rédaction de leur testament et leur planification successorale!

À propos de ce blogue

Des études ont démontré qu’environ la moitié des Canadiens adultes ont un testament valide, ce qui est peu. Alors que certains aimeraient qu’à leur décès, leur conjoint ou leurs enfants héritent de tous leurs biens, d'autres préfèrent ne pas penser à ce genre de détail pour le moment. Peu importe votre situation, la rédaction d'un testament et l'établissement d'un plan visant la distribution de vos biens sont des étapes très importantes. En effet, clarifier le genre d’héritage que vous souhaitez léguer, ainsi que planifier les soins qui devront être prodigués si vous avez des personnes à votre charge, par exemple, représentent des gestes que vous pouvez poser et qui peuvent grandement bénéficier aux gens qui vous sont chers. Carmela vous amènera à réfléchir et analyser votre situation dans le but de vous aider à bien planifier vos affaires. Ce faisant, elle vous offrira un aperçu pratique des éléments dont vous devriez tenir compte ainsi que des questions personnelles que vous devriez aborder dans le cadre de la préparation de votre testament et de la planification de votre succession. L'objectif étant l’atteinte d’une tranquillité d'esprit une fois vos affaires financières en ordre.

Carmela Guerriero