Un PDG dénonce la rémunération exorbitante de ses pairs

Publié le 26/03/2014 à 09:19

Un PDG dénonce la rémunération exorbitante de ses pairs

Publié le 26/03/2014 à 09:19

Photo: Shutterstock

Le président du conseil de la banque de Buffalo, M&T Bank, Robert G. Wilmers, ne se gêne pas pour dénoncer la rémunération exorbitante des pdg des grandes banques américaines et aussi à l’extérieur du secteur financier.

«Les pratiques de rémunération du monde corporatif américain ont un besoin criant de réforme, de préférence par les dirigeants et les conseils eux-mêmes», écrit M. Wilmers dans sa plus récente lettre à ses actionnaires.

Et les chiffres qu’il mentionne pour appuyer ses dires donnent des frissons de dégoût. Il y a 30 ans, les dirigeants des six plus grandes banques américaines recevaient en moyenne l’équivalent de 40 fois la paie moyenne du travailleur. C’est loin de la pauvreté. Aujourd’hui, ils reçoivent 208 fois le salaire moyen!

Surprise car la progression des dirigeants des sociétés non-bancaires a été encore plus spectaculaire, passant de 38 en 1983 à 224 fois aujourd’hui. Ce qui veut dire que pendant que la rémunération du travailleur américain augmentait de 2,9 fois en 30 ans, celle des dirigeants des grandes banques a été multipliée par 15,4 et celle des autres dirigeants par 17,4.

M. Wilmers mentionne en passant la rémunération des gestionnaires des hedge funds dont le top 25 a gagné en moyenne 565M$US chacun en 2012 et les 10 top a surpassé le milliard de dollars. «Ces hedge funds ne sont pas des banques, mais les gens de la rue les mettent dans le même paquet, ce qui augmente leur antipathie face à notre industrie», explique le président banquier.

Il ajoute qu’en 2012 un dirigeant (qu’il ne nomme pas) a reçu une rémunération totale de 96M$US alors qu’un autre, dont la société n’a pas encore réalisé un sou de bénéfice, a reçu 78M$US.

En passant, M. Wilmers a reçu 950 000$US en salaire l’an dernier et une rémunération totale de 3,7M$US alors que le président de M&T Bank, Mark Czarnecki, a reçu un salaire de 900 000$US et un total de 3,4M$US. Ce qui est raisonnable pour une banque parmi les 20 plus importantes des États-Unis avec un actif total de 85,2 milliards de dollars US au 31 décembre.

Robert Wilmers décrit vraiment une spirale dans la rémunération des dirigeants avec des conséquences à long terme déprimantes sur le climat social. Il souhaite que les présidents et les conseils fassent preuve de retenue, mais on peut en douter. J’écris à ce sujet à chaque année depuis 1986 et il me semble que cela ne fait qu’empirer.

Est-ce rêver que d’imaginer les dirigeants des 100 plus importantes sociétés ouvertes se réunir et convenir de plafonner volontairement leur rémunération? Peut-être, mais il me semble que cela enverrait un signal magnifique à tous les intervenants de notre société, en particulier aux travailleurs.

Toutefois, ne retenons pas notre souffle!

Bernard Mooney

 

 

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