Un budget ennuyant. «Pas de cadeaux.» «Rien pour la création d’emplois».
Ces commentaires faits à la suite du budget fédéral pour l’exercice 2015 ont attiré mon attention. En effet, il semble que ce qu’on reproche au budget, c’est d’être sérieux, conforme aux promesses du gouvernement, prudent, bref, exemplaire!
Que cela ne fasse pas l’affaire de nombreux intervenants, n’est guère surprenant. Tout le monde, enfin presque, attend des bonbons, voire des cadeaux du gouvernement. C’est là l’élément central de notre conception du gouvernement, peu importe que ce soit au niveau fédéral ou provincial! Dès qu’on a un problème, oups, on se tourne automatiquement et rapidement vers le gouvernement en lui demandant, exigeant en fait, de l’aide, voire une solution. C’est comme si on croyait que les politiciens et les haut-fonctionnaires avaient une baguette magique pour résoudre tous nos problèmes.
On ne peut pas vraiment blâmer le citoyen moyen de croire cela; il se fait vendre cette idée stupide à chaque campagne électorale.
Un bel exemple de ce phénomène se retrouve dans la critique du budget provenant des autres partis politiques. Ces derniers ont vite et facilement attaqué le budget du ministre des Finances Jim Flaherty pour son manque de mesures pour créer de l’emploi. Qui peut être contre la création d’emplois, vous demandez-vous?
Si les programmes gouvernementaux sont la recette pour créer des emplois, dites-moi donc pourquoi il y a encore tant de chômage dans les principales économies occidentales. La plupart subissent en effet des déficits monumentaux, entre autres pour intervenir massivement dans l’économie. Pourtant, le chômage atteint des records dans biens de ces pays.
En particulier au Québec, si les dépenses gouvernementales étaient la voie de la création d’emplois, ne pensez-vous pas que notre taux de chômage serait à zéro…depuis le temps qu’on accumule déficit après déficit?
Le ministre Flaherty a lui-même admis que son budget était ennuyant. Pour moi, il est pourtant excitant qu’un gouvernement soit discipliné dans ses dépenses, les réduise pour éliminer son déficit et qu’en plus, il mette un peu d’argent de côté pour les imprévus. Me semble qu’il y a là tout ce qu’on recherche chez un gestionnaire consciencieux. Comme des parents qui gèrent sérieusement leur budget, limitant entre autres les cadeaux à leurs enfants (les provinces). Ces derniers, surtout le Québec, ne sont pas contents, on le comprend bien, car ils sont habitués à dépenser sans compter, sans réfléchir…
Encore là, il n’est pas surprenant qu’au Québec on crie au loup. Nous sommes les enfants gâtés du Canada et cela ne nous gêne jamais d’en demander plus. Il est bien plus facile dans ce contexte de pointer du doigt le gouvernement fédéral pour nos malheurs que de se prendre en mains.
En passant, il est certain que les mesures prises par le gouvernement fédéral pour réduire ses dépenses laissent des traces et font des malheureux. À quelque part, il y a quelqu’un qui est affecté. Mais c’est cela couper les dépenses….quelqu’un, quelque part a moins d’argent et est par conséquent en maudit.
C’est d’ailleurs cela qui est impensable de faire au Québec, du moins dans le contexte actuel. Qui veut mettre des électeurs en maudit alors que des élections s’annoncent?
Bernard Mooney
