Toujours l'occasion d'une génération?

Offert par Les Affaires


Édition du 13 Juin 2015

Toujours l'occasion d'une génération?

Offert par Les Affaires


Édition du 13 Juin 2015

(Photo: Bloomberg)

Dans le numéro du 11 septembre 2010 de Les Affaires, j'ai publié un reportage intitulé «L'occasion d'une génération». Je suis revenu sur ce thème le 25 mai 2013 et j'estime important de faire le point une dernière fois.

Selon mon analyse, à la suite de la crise financière de 2008 et du creux boursier de mars 2009, la Bourse américaine offrait une occasion unique de s'enrichir, ce genre d'occasion qu'on ne voit qu'une fois dans sa vie.

Oui, la Bourse était sous-évaluée, mais il y avait plus. Exceptionnellement, les investisseurs avaient l'occasion d'acheter au rabais les plus grandes et les plus solides sociétés du monde. Ces multinationales jouissaient et jouissent encore de situations financières solides, possèdent des avantages concurrentiels immenses et offrent de bonnes perspectives, tout en versant des dividendes attrayants et en croissance.

C'était là une occasion en or, presque incontestablement payante, et dont le risque était minimal. Si vous aviez peur de la Bourse, c'était une façon sécuritaire de l'aborder, susceptible de procurer des revenus en dividendes plus élevés que les titres à revenu fixe, comme les obligations gouvernementales ou les certificats de placement garanti.

Pour les craintifs

En d'autres termes, si vous aviez une peur bleue de la Bourse, comme tant d'épargnants à l'époque, c'était l'approche à privilégier.

Pour appuyer mon propos, mon reportage était accompagné d'un échantillon de 10 titres qui répondaient à tous les critères mentionnés. J'ai refait le point sur la performance de ces titres, trois ans plus tard, en 2013. Ces titres se sont appréciés en moyenne de 49,16 %, sans tenir compte du dividende, soit un peu moins que l'indice S&P 500. Les 10 titres offraient en moyenne un rendement en dividende de 3,16 %, ce qui portait leur rendement total à environ 19 % par année.

Néanmoins, pour les deux années précédentes qui se sont terminées le 29 mai, la performance est plus décevante. Les 10 titres ont ainsi en moyenne grimpé de 13,6 % par rapport à 29 % pour le S&P 500. En incluant le dividende, vous auriez empoché un rendement annuel d'environ 9,7 % avec ma sélection, comparativement à 16,5 % en ce qui concerne le S&P 500.

Je n'ai pas tenu compte des gains de change liés à l'appréciation du dollar américain depuis deux ans. À très long terme, les fluctuations ne devraient pas être un facteur significatif.

J'ai été un peu déçu en faisant ces calculs. Parmi les dix titres, trois ont eu une performance négative, soit Coca-Cola (- 2,8 % sur deux ans), Exxon Mobil (- 5,5 %) et Wal-Mart (- 5,8 %). Procter & Gamble a procuré un rendement anémique de 0,4 % et McDonald's, de 4,3 %. Tous ces titres ont donc moins bien performé que le marché depuis deux ans.

Par contre, AbbVie (+ 47,9 %) et Microsoft (+ 43,3 %) ont mieux fait, tandis que Johnson & Johnson (+ 16,8 %), Pfizer (+ 21 %) et PepsiCo (+ 16,2 %) ont bien performé.

Après réflexion, j'ai toutefois changé d'idée : je considère la performance de ces titres comme raisonnable. En effet, l'idée de cette sélection n'est pas d'avoir un meilleur rendement que les indices. C'est plutôt d'en offrir un qui soit supérieur à celui qu'offrent les titres à revenu fixe, sans prendre trop de risque.

Je vise spécifiquement les épargnants ou investisseurs frileux. Pourtant, mon concept a été à la hauteur avec un rendement annuel de 9,7 %. D'ailleurs, il est normal que cette sélection de multinationales performe moins bien que le S&P 500 en plein marché haussier, comme il faut s'attendre à ce qu'elle résiste mieux aux marchés baissiers.

De plus, je fais le point après deux ans pour des raisons journalistiques. En tant qu'investisseur, l'horizon temporel devrait être beaucoup plus long.

Est-ce encore une bonne idée ?

Cinq ans plus tard, est-ce que ce concept d'occasion d'une génération est encore valable ? C'est une bonne question. La Bourse s'étant appréciée de 100 % depuis, je ne vous ferai pas croire que les actions sont sous-évaluées.

Par contre, si j'examine les catégories de placement disponibles, je n'en trouve pas qui peuvent rivaliser avec les rendements potentiels de la Bourse. Et si vous demeurez frileux face à celle-ci, mon idée des 10 titres de l'occasion d'une génération reste attrayante.

La patience, l'ingrédient manquant

D'abord, malgré leur appréciation, ces titres offrent en moyenne un rendement en dividende (au 29 mai) de 3,07 %. C'est supérieur au rendement d'il y a deux ans, supérieur au rendement du S&P 500 (1,97 %) et nettement plus attrayant que le rendement des obligations gouvernementales de 10 ans des États-Unis (2,24 %).

Pourtant, il est pratiquement assuré que ces dividendes croîtront au cours des prochaines années. Selon Value Line Investment Survey, ces 10 titres augmenteront en moyenne leur dividende de 6,2 % par an d'ici 2020. Juste sur ce plan, ils sont intéressants dans le contexte actuel.

Ensuite, si on tient compte de la croissance prévue de leurs bénéfices et en supposant qu'ils conservent la même évaluation, ces 10 titres peuvent procurer un rendement annuel de 10 %.

Il n'y a pas de garantie, mais il s'agit selon moi d'un potentiel très intéressant si l'on tient compte des risques relativement réduits que comportent ces sociétés de très grande qualité.

L'ingrédient manquant : la patience. Les investisseurs qui achètent ces 10 titres doivent les conserver pendant de nombreuses années pour tirer le maximum de cette stratégie.

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