Target: dur, dur le commerce de détail

Publié le 21/05/2014 à 09:26

Target: dur, dur le commerce de détail

Publié le 21/05/2014 à 09:26

(Photo: Bloomberg)

Les nombreux problèmes de Target illustrent avec éloquence jusqu’à quel point le commerce au détail est difficile.

Commençons par mentionner ce que bien des gens n’apprécient pas vraiment. Target, de Minneapolis, n’est pas une société médiocre, quelconque qui n’a jamais vraiment eu de succès. Au contraire, elle a sa place au firmament des grandes réussites de son secteur.

Depuis 10 ans, elle a réussi à accroître ses revenus au rythme annuel composé de 9% et ses bénéfices par action de 10%. Pour une société qui réalise des revenus de près de 75 milliards de dollars (G$) US, dans un contexte économique qui n’a pas été facile, c’est toute une réalisation.

Alors, quand je vois ses malheurs des dernières semaines, je me dis oups, voilà une preuve de plus que ce secteur est vraiment difficile.

Il y a deux semaines, le président et chef de la direction de Target, Gregg Steinhafel, a remis sa démission. Il ne faut pas se raconter d’histoires : c’est le conseil qui a ouvert la porte à M. Steinhafel.

Hier, ce même conseil a congédié le président de sa filiale canadienne, Tony Fisher et l’a remplacé par Mark Schindele.

Ce matin, Target publie des résultats décevants pour son premier trimestre de 2014 alors que ses ventes comparables aux États-Unis sont en baisse de 0,3%. De plus, la direction a réduit ses prévisions financières pour l’exercice en cours, sous celles des analystes qui franchement n’avaient pas d’attentes élevées.

Les misères de Target s’expliquent d’abord par la difficile entrée dans le marché canadien. C’est la première fois que le détaillant prend de l’expansion à l’extérieur des États-Unis. Franchement, je suis surpris que les investisseurs soient si surpris par les difficultés de Target et par le manque de patience du conseil d’administration.

Le troisième plus important détaillant américain a annoncé son entrée en grande pompe en achetant au prix de plus d’un milliard les magasins de Zellers. Il a mis plus d’un an à les convertir à son modèle d’affaires. Pendant ce temps, tous les compétiteurs canadiens ont fourbi leurs armes et l’attendaient de pied ferme.

De plus, on ne parle pas d’un marché sous-développé, mais bien mature et probablement plus encore. Sans mentionner qu’en 2013, l’industrie du commerce au détail au Canada n’a pas eu une grande année, avec une économie qui vivote.

Je ne connais pas les attentes du conseil de Target pour le Canada, mais par leur réaction, ils envoient le message qu’ils sont très déçus.

Il faut dire que l’affaire de la fraude informatique a été une autre tuile qui a tombé sur la tête de la compagnie, et qui a probablement coûté le job à son président (en plus des aventures canadiennes). Encore là, c’est un événement malheureux, mais peu surprenant dans notre monde. Il faut d’ailleurs s’attendre à d’autres problèmes de ce genre dans le monde des affaires.

Est-ce que le président de Target aurait pu mieux gérer ce problème? Probablement, mais ce n’est pas en soi une raison de perdre confiance en lui.

Enfin, les résultats médiocres publiés ce matin sont à l’image de ce que toute l’industrie vit actuellement. Toutes les sociétés du commerce au détail ont des problèmes à faire croître leurs ventes. Dick’s Sporting Goods, Staples, Lowe’s et bien d’autres ont publié cette semaine des résultats qui ont déçu.

Je ne sais pas si Target réussira à s’affirmer au Canada, mais le manque de patience de la direction est loin de m’inspirer confiance.

Bernard Mooney

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.