S.O.S Bourse québécoise

Publié le 12/05/2014 à 10:14

S.O.S Bourse québécoise

Publié le 12/05/2014 à 10:14

En fin de semaine, Richard Morin, directeur général de l’Association canadienne du commerce des valeurs mobilières (ACCVM) a lancé un cri d’alarme concernant l’état de la Bourse québécoise, dans un texte publié dans le quotidien La Presse. Et c’est effectivement inquiétant.

On remarque que le marché québécois est en déclin et qu’il n’a pas vraiment participé à la reprise depuis cinq ans. En effet, moins de 7% des premiers appels publics à l’épargne des cinq dernières années provenaient du Québec. L’an dernier, il y a eu seulement deux entreprises québécoises qui se sont inscrites à la cote du TSX! Pas surprenant que les sociétés québécoises ne représentent plus que 11,9% des sociétés inscrites aux Bourses canadiennes.

Chose peu surprenante dans ce contexte, le nombre d’emplois au Québec dans cette industrie est également en déclin. Alors qu’en 1991 25% des emplois canadiens dans les valeurs mobilières étaient au Québec, cette proportion n’est plus que de 15% aujourd’hui.

Ce constat est dommage, voire douloureux pour l’économie québécoise, mais ses causes sont assez faciles à identifier. Au point qu’on peut lancer qu’on récolte ce qu’on a semé.

A mon avis, l’origine de ce déclin remonte au krach de 1987. Après l’euphorie RÉA, les lendemains de veille ont été douloureux pour les épargnants québécois qui ont demandé par le biais des médias que les coupables du désastre financier soient pendus publiquement. Comme on ne pouvait pas exécuter tout le monde, on s’est tourné vers la réglementation pour prévenir et calmer les esprits.

Ce fut le point de départ d’une explosion extraordinaire des lois et règlements touchant de près et de loin les valeurs mobilières. Et à chaque cycle boursier, devant les mouvements extrêmes des Bourses, les gouvernements n’ont trouvé d’autres moyens de panser les plaies des épargnants qu’en réglementant davantage.

Cela est vrai pour toute l’Amérique du Nord. Au Québec, il faut ajouter des facteurs culturels comme les préjugés tenaces face à la Bourse et des facteurs économiques comme la domination du cartel bancaire canadien. Lorsque vous avez six ou sept grandes institutions financières qui se partagent 90-95% de la tarte des valeurs mobilières, vous avez une quasi-disparition de la compétition, de l’innovation et de la prise de risque.

Par exemple, cela signifie concrètement qu’une banque comme la Banque Royale n’a rien à gagner et beaucoup à perdre à souscrire au premier appel public d’une micro entreprise. Les quelques milliers de dollars gagnés ne compensent pas les risques à sa réputation si le PAPE est un échec, voire un fiasco.

Avec la complicité de l’AMF, vous avez cette même situation dans la gestion de portefeuilles, secteur très rentable complètement dominé par les grandes banques. Encore là, l’impact est le même, les gestionnaires appartenant aux grandes institutions n’ayant aucun intérêt à acheter des actions de ces nouvelles sociétés admises en Bourse.

Le conformisme, la médiocrité et le manque de dynamisme sont devenus les éléments déterminants de notre industrie des valeurs mobilières. Dans ce sens, on récolte malheureusement ce qu’on a semé depuis plus de 25 ans.

Bernard Mooney

P.S. En fait, c'est toute l'industrie financière québécoise qui est menacée, pas seulement la Bourse.

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