Sears: quand un président prête de l'argent à sa société

Publié le 22/09/2014 à 10:03

Sears: quand un président prête de l'argent à sa société

Publié le 22/09/2014 à 10:03

[Photo : Bloomberg]

Lundi dernier, Sears Holdings a annoncé qu’elle avait emprunté 400M$US de ESL Investments, le hedge fund de son président, chef de la direction et président du conseil Edward Lampert et son principal actionnnaire.

La dette vient à échéance dans trois mois et servira à financer les achats de stocks pour la cruciale période des Fêtes.

Le titre a perdu près de 20% dans les jours qui ont suivi, car Wall Street a fait une lecture assez négative de cette annonce. Je dois dire que je suis bien d’accord.

Ce n’est pas la première fois que M. Lampert prête de l’argent à sa société. C’est toutefois la première fois que l’emprunt est garanti. En effet, le président s’est assuré d’appuyer son investissement d’une garantie de 25 propriétés de Sears, advenant que cette dernière ne soit pas capable de rembourser.

Cet élément multiplie l’inconfort, mesurons nos mots, chez les investisseurs. Il y a bien le fait que la situation financière de Sears se dégrade en même temps que sa performance économique empire. Le détaillant a perdu près d’un milliard de dollars (G$) US pour ses six mois clos le 2 août alors que ses revenus ont chuté de plus de 8%.

Depuis trois ans et demi, Sears a perdu environ 6,4G$US. Pendant tout ce temps, M. Lampert a promis à ses actionnaires qu’il réussirait à redresser la performance de ses magasins Kmart et Sears. La thèse de bien des investisseurs c’est que Sears Holdings n’a pas besoin d’être très rentable pour être un bon placement en raison de la valeur élevée de ses actifs immobiliers.

Or, les pertes ont forcé la direction à vendre de ses actifs juste pour empêcher de couler.

Et lorsqu’on voit le président ne plus vouloir prendre le risque de prêter de l’argent sans garantie, tous les intervenants réalisent que le niveau d’incertitude vient d’augmenter d’un cran. Pour un, les fournisseurs se posent des questions et sont inquiets.

«Pourquoi ESL se donne-t-elle le droit de passer en premier quand vient le temps de mettre la main sur des actifs immobiliers soi-disant précieux alors que bien des fournisseurs comptaient sur cette possibilité si la situation de Sears continue de se détériorer», a commenté l’analyste Gary Balter, de Credit Suisse.

C’est une question brûlante de pertinence.

Sears a généré plus d’un milliard jusqu’à maintenant cette année, entre autres en vendant des actifs. Et elle a encore une marge de manœuvre de ce côté. Par exemple, elle étudie la possibilité de vendre sa participation de 51% dans Sears Canada. Selon l’analyste Monica Aggarwal, de Fitch, elle pourrait générer entre 4 et 6G$US lui permettant de se rendre jusqu’en 2016. Mais après, c’est l’impasse financière.

La direction a donc seulement deux ans pour redresser ses activités. Si on se fie au travail fait depuis les dernières années, il est difficile d’être optimiste. Ce n’est pas pour rien que le titre a perdu 60% de sa valeur en un an!

Bernard Mooney

 

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