Sceptique concernant l'inflation

Publié le 26/11/2014 à 09:11

Sceptique concernant l'inflation

Publié le 26/11/2014 à 09:11

Photo: Shutterstock

«Nous ferons ce que nous devons faire pour augmenter l’inflation et les attentes inflationnistes aussi vite que possible.»

Cette citation ne provient pas d’une nouvelle espèce de terroriste économique. Elle sort de la bouche du grand patron de la banque centrale européenne, Mario Draghi. C’est en quelque sorte un revirement magistral depuis la politique massive anti-inflation de Paul Volcker de la Federal Reserve au début des années 1980.

Vaincre la spirale inflationniste des années 1970 a été fort difficile et douloureux. Il a fallu faire exploser les taux d’intérêt à des sommets historiques, avec les conséquences qu’on sait sur l’économie et le chômage.

Et comme j’ai grandi avec la crainte d’un retour de cette bête inflationniste, j’admets avoir de la misère avec cette politique, maintenant universelle, de vouloir raviver l’inflation. Ainsi, même si nos dirigeants des banques centrales craignent aussi une baisse du taux d’inflation, j’estime que la situation du Canada et des États-Unis est fort différente de celle de l’Europe.

Aux États-Unis en octobre, l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 1,7% sur une base annuelle. C’est inférieur à la cible visée par la Fed qui se situe à 2%, mais c’est encore loin de la déflation.

Au Canada, pour la même période, l’IPC a augmenté de 2,4%, ce qui représente un important rebond par rapport au 2,0% en septembre. Selon moi, c’est relativement élevé pour une économie dont la croissance n’est pas si forte. Il y a à peine quelques mois, le patron de la Banque du Canada s’inquiétait de la baisse de l’IPC, maintenant il devrait s’inquiéter de l’inverse.

Alors, je ne vois pas ces risques de déflation en Amérique du Nord.

Devise surévaluée

La situation est fort différente en Europe. Dans l’ensemble de l’Union européenne, l’inflation est nettement inférieure à 1%, avec par exemple un IPC de 0,8% en Allemagne et 0,5% en France sur une base annuelle en date d’octobre 2014. Et la tendance est à la baisse.

Ce qui explique la réaction du président de la Banque centrale Mario Draghi, qui a adopté le même genre de politique stimulatrice que la Federal Reserve américaine. L’absence d’inflation justifie des taux d’intérêt à zéro, ou presque.

On peut faire toutes les analyses qu’on veut, mais il est certain que la faiblesse des prix est le reflet de l’absence de croissance économique en Europe jumelée à une devise surévaluée. Plus l’économie est mal en point, plus l’inflation est faible, voire inexistante. Par exemple, des pays comme l’Espagne et la Grèce ont vu une baisse des prix depuis un an.

Sur ce plan, la politique de M. Draghi est sensée. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que l’objectif véritable est de redresser le rythme de croissance de l’économie. Ce qui aurait comme conséquence de la création d’emplois et, au moins, une stabilisation des prix.

Il ne faut pas se leurrer en croyant que la politique monétaire est une panacée. Ce n’est qu’une partie de la solution. L’autre partie est de moderniser l’économie européenne pour qu’elle puisse concurrencer les autres pays du monde.

Reste que si les craintes de déflation peuvent se justifier dans l’union européenne, j’ai peine à y croire ici en Amérique du Nord.

Bernard Mooney

 

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