Richelieu: le milliard silencieux

Publié le 05/03/2014 à 08:40

Richelieu: le milliard silencieux

Publié le 05/03/2014 à 08:40

Photo: Richelieu

Alors que les principaux indices boursiers reculaient lundi matin en raison des craintes de conflit en Europe, j’ai observé qu’un titre boudait la tendance générale. En effet, Quincaillerie Richelieu progressait d’un peu moins de 1% à 47,37$, près de son sommet des 52 dernières semaines et près de son sommet historique aussi.

Ce qui m’a fait penser au fait que la société québécoise active dans l’importation, la distribution et la fabrication de quincaillerie spécialisée atteindra prochainement la marque du milliard de dollars en valeur boursière sans tambour, ni trompette. Il n’y a pas meilleur exemple pour démontrer que les meilleures entreprises ne font pas nécessairement les manchettes.

En effet, vous voyez rarement de gros titres accrocheurs concernant Richelieu. Si c’est ce qui vous attire ou ce que vous recherchez, vous êtes à la mauvaise adresse. Par contre, si c’est de la performance que vous voulez et de la création de richesse, vous êtes à la bonne place. Le titre s’est apprécié d’environ 2000% en Bourse depuis son inscription en Bourse il y a 20 ans. Je suis bien placé pour le savoir car j’ai acheté mes actions en 1996 et le bénéfice par action réalisé en 2013 (2,22$) est supérieur au prix payé.

Et cette performance boursière s’explique entièrement par les réalisations économiques de la société. Plus précisément, ce sont les réalisations du président Richard Lord, qui dirige Richelieu depuis 25 ans. Pendant cette période, les revenus de l’entreprise sont passés de près de 30M$ à 586M$ en 2013. L’an dernier, ses profits ont été supérieurs à ses revenus d’il y a 25 ans.

Une grande partie de la croissance de Richelieu s’explique par une stratégie prudente et intelligente d’acquisitions. M. Lord a réalisé 49 acquisitions en Amérique du Nord au cours des 25 dernières années et je serais prêt à parier que vous ne vous souvenez d’aucune en particulier. Elles étaient toutes de taille moyenne ou petite, s’insérant bien dans son plan d’expansion géographique et d’augmentation de son offre de produits.

Le but n’a jamais été d’attirer l’attention, mais bien de toujours améliorer sa position compétitive, d’abord au Canada et maintenant de plus en plus aux États-Unis. L’entrée de Richelieu au sud de la frontière devrait être étudiée par les facultés de gestion un peu partout au Canada tellement elle a été systématique, réfléchie et réussie. Richard Lord a profité du boom immobilier canadien pour semer des graines aux États-Unis, graines qui ont commencé à germer de façon significative à partir de l’effondrement du marché immobilier américain.

Et les perspectives de Richelieu sont bonnes pour les prochaines années surtout en raison de sa présence et de son potentiel au sud de la frontière.

Enfin, la direction de Richelieu est maître aussi dans un domaine qui représente une faiblesse immense chez la grande majorité des sociétés ouvertes québécoises (et canadiennes en fait) : la gestion du capital. La société a par exemple racheté 20% de ses actions en 1996 à bas prix (c’est ce qui a attiré mon attention à l’époque). Je peux vous dire que les actionnaires, 17 ans plus tard, peuvent apprécier la richesse créée par cette décision, qui était encore plus rare à cette époque.

Richelieu, malgré sa valeur de près d’un milliard et ses réalisations, demeure une valeur méconnue. Cela démontre qu’il est possible de réussir de grandes choses loin des projecteurs.

Le Québec a besoin d’un grand nombre d’entreprises comme Quincaillerie Richelieu.

Bernard Mooney

 

 

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